Cette aventure nous entraînera vers les vastes horizons de ce véritable désert, fait de roche et de sables, à l'abris des arches naturelles impressionnantes ou à travers les étendues ensablées. Une certaine impatience se mêle à la petite crainte de l'inconnu pour moi comme je le pense pour tous les concurrents, avant de se mesurer à ce parcours, qui si est assez plat (1600 m de dénivelé tout de même), se développe dans un milieu extrême, en autonomie (des CP seront installés tous les 20 kilomètres environs) et en naviguant au GPS et au Road Book.
Une véritable aventure à laquelle m'a convié l'organisateur, Jean-Philippe Allaire, et son équipe. Un sacré défi pour eux aussi que d'organiser là, où personne n'a jamais initié d'événements sportifs, où seuls quelques tour opérateurs qui y croient proposent encore des treks. Pourtant la région semble sûre, les autorités locales bien impliquées et le terrain exceptionnel. Cette organisation est tout de même un sacré défi, naît comme toujours dans ces cas là d'une véritable passion.
Jean-Philippe est d'abords un coureur, sur route en premier lieu, qui trotte sur les marathons du monde entier. Tombé ensuite amoureux des grands défis du trail, il court l'UTMB, la Diagonale et bien d'autres. Par ailleurs, sa passion pour le désert et l'Afrique (il est par ailleurs aux commandes de l'association Africa Run, qui distribue des chaussures aux coureurs africains démunis), l'incite à se lancer dans le projet d'organiser un ultra-trail là où personne n'a jamais couru: les vastes étendues de l'Ennedi, une région exceptionnelle de beauté et de majesté qu'il découvre à l'occasion d'un trek.
Le pari est osé, mais bientôt Jean-Philippe réussi à convaincre des partenaires de se lancer avec lui dans l'aventure: une rencontre décisive avec les responsables de Point Afrique, très motivés pour désenclaver ces régions africaine délaissées par le tourisme et enthousiasmé par ce projet de course, puis une association avec des spécialistes de l'organisation des trails, aux manettes pour l'Eco-trail de Paris, une agence de communication pour faire connaître le projet et voilà le TREG lancé.
Aujourd'hui, après les dernières reconnaissance, le TREG semble être définitivement sur la bonne trace. Jean-Philippe et son équipe ont en effet réalisé un repérage précis du parcours, permettant de fixer définitivement le tracé. Jean-Philippe raconte ainsi ces dernières journées passées à repérer les plus beaux passages et préciser les points de CP, les lieux de bivouacs, les passages clés:
"Nous voici donc en route pour les reconnaissances de cette « première ». Nous sommes
tous excités à l’idée de décider mètre après mètre du parcours du TREG. C’est pas le tout
d’imaginer les choses, il faut maintenant les transformer en une réalité. Ce passage qui semble
facile vu de Google Earth sera-t-il tout aussi aisé une fois sur place ?. Trouverons-nous des
points de contrôle facile d’accès et à la bonne distance du précédent ?
Toutes les compétences sont rassemblées au départ de N’Djaména . Il y a dans l’équipe Hervé
et Laurent, qui n’ont pas l’habitude de l’Afrique mais qui au contraire maîtrisent la logistique
course car ils organisent déjà l’EcoTrail de Paris..Il y a aussi Marc et Guini qui gèrent toute
la logistique de la saison touristique de Point-Afrique au Tchad. Il y a aussi Eric, grand
professionnel des images aériennes et de la photo qui emporte avec lui un petit drone pour
nous faire quelques images de promotion. Enfin, bien sûr, il ya notre partenaire local, l’OTT
(Office Tchadien du Tourisme) sous la responsabilité d’Ahamadaï qui nous facilite toutes les
démarches locales et gère la sensibilisation des habitants des zones empruntées par le TREG.
Au total 3 4x4 remplis à ras bord, conduis par des chauffeurs aguerris et navigués par des
guides d’expérience. Ces chauffeurs et ces guides seront la « mémoire » du parcours qu’ils
transmettront (avec leurs repères bien à eux) à leurs homologues pendant le TREG pour une
bonne mise en place des PC’s et une bonne prise en charge des accompagnants.
N’Djaména,
Abéché, Kalaït
Mais pourquoi les reconnaissances du TREG partent de N’Djaména alors que les coureurs du
TREG atterriront à Faya-Largeau ? Tout simplement parce que les vols directs Marseille Faya
Largeau ne démarreront qu’à Noël. La première difficulté de ces reconnaissances sera d’avaler
1500km dont 600 de pistes pour rejoindre l’Ennedi. Nous allons vitre comprendre tout l’intérêt
des ces vols directs pour découvrir l’Ennedi en 1 semaine. .
Nous voici donc à Fada pour rencontrer le délégué régional au tourisme qui nous reçoit
dans son petit bureau sans âge. D’emblée il nous explique à quel point le sujet de la sécurité
est pris au sérieux par les autorités et nous confirme que leurs équipes sont mobilisées pour
sensibiliser les habitants de l’Ennedi. Ces derniers sont les remparts les plus efficaces contre
une infiltration mal intentionnée.
C’est donc sans aucune inquiétude que nous prenons la route d’Archeï connu pour sa Guelta
(résurgence d’eau que l’on trouve souvent au fond de canyons) d’une beauté exceptionnelle.
Nous sommes accueillis par le chef de canton, vieux sage très respecté par ses administrés à
qui nous profitons de l’occasion pour lui montrer à quoi ressemble un trailer ! N’oublions pas
que l’Ennedi n’a jamais accueilli de coureurs, ni d’autres sportifs d’ailleurs à part quelques
grimpeurs attirés par les falaises de grès. Nous lui expliquons également notre souhait de
rejoindre le labyrinthe d’Oyo par l’arrière de la Guelta d’Archeï pour le tracé de la première
partie du tronçon en direction du PC n°1 de Nohi. Qu’à cela ne tienne, délaissant ses actions en
cours, il décide de nous guider et sous une chaleur accablante nous Après cet échange autour
du traditionnel thé, nous partons vers le plateau derrière la Guelta d’Archeï. Nous montons
sur le plateau rocailleux et admirons la vue à 360°avant de redescendre et remonter plusieurs
vallons successivement. Nous croisons quelques petites dunes dont la plupart sont stabilisées et
parsemées de « cram cram », petites boules piquantes qui s’accrochent partout sur la peau et
les vêtements. Heureusement en Février ce ne sera pas la saison et les coureurs seront moins
gênés que nous. Nous arrivons ensuite au labyrinthe d’Oyo où il ne fait pas bon s’aventurer au
risque de se perdre dans ses méandres. Une petite montée de dunes à sa sortie nous emmène
sur un autre plateau venté et nous suivons comme cap la montagne de Nohi en forme de doigt
pointé vers le ciel. Puis un changement de cap, nous fais suivre un wadi (rivière à sec et de
même racine sémantique que le mot oued) avec un terrain maintenant très sablonneux. Une
descente de plateau un peu abrupte à la suite d’un micro labyrinthe nous fait décider que
cette portion sera balisée et surveillée pour assurer la sécurité des concurrents. Nous arrivons
maintenant au 1er roche. Ce premier point de contrôle placé loin du départ nous fait penser qu’une recharge en eau sera nécessaire aux abords du kilomètre 25 !
Nous décidons de rebrousser chemin pour continuer nos reconnaissances du dernier segment
du TREG au sud d’Archeï et ceci pour optimiser nos déplacements à cause du faible temps
qui nous est imparti. Le PC n°6 sera situé au km 159 et les concurrents le trouveront au pied
de l’Arche de l’Eléphant à cause de sa ressemblance avec le pachyderme. Juste après avoir
quitté le PCn°6 , ils entreront dans « le Cirque »esplanade ainsi surnommée par l’équipe
de tournage de l’Ushuaïa Nature dédié à l’Ennedi et qui y avait élu villégiature pendant les
quelques semaines de tournage. 7 à 8 kilomètres plus loin, ce sera la sortie du massif de Tokou
et les coureurs prendront la direction de Manda Gueli connue pour ses peintures rupestres de
la période cameline. Pas sur qu’ils s’y attardent tellement l’arrivée sera proche et la fatigue
omniprésente. L’arrivée sera jugée au point de départ du TREG avec cette sensation, comme à
l’UTMB, d’avoir bouclé la boucle et réaliser ce que peu sont capables de faire !
Nous décidons de bivouaquer à l’Arche de l’Eléphant en se disant que demain serait une
journée très intense au vu de ce qu’il nous reste à reconnaitre. D’autant plus qu’à ce moment
là, nous n’avons plus de nouvelles d’Eric et tous les passagers de son 4x4 ! Nous ne les revirent
qu’à 23h, juste avant de partir à leur recherche, la faute à une incompréhension de rendez-
vous : ils nous attendaient à l’esplanade de Nicolas Hulot !
Le lendemain, tout le monde est levé à 5h pour partir en direction du PCn°5 au km140. Nous
indiquons à notre chauffeur et notre guide que nous allons vers un site nommé « les Oreilles
d’Eléphant » mais surprise, ni l’un ni l’autre ne le connaisse. Il faudra donc se fier aux
indications du GPS. Les distances entre les points de contrôles ont été raccourcies et il n’y a
que 19km entre ces 2 points. Les organismes auront souffert et retrouver l’équipe médicale
plus fréquemment peut s’avérer utile pour les organismes et réconfortant pour le moral des
coureurs fatigués. Cette portion du parcours sera assez homogène avec une alternance de dunes
stabilisées, de plaines et d’herbes hautes. Les oreilles d’Elephant, deux grandes percées dans
un rocher devraient ne pas échapper aux coureurs qui trouveront à leur pied les contrôleur du
point n°5.
Nous faisons route maintenant vers le PCn°4 du nom de Anoko (toujours en sens inverse de
la course). Ahamadaï , responsable de l’OTT nous apprend la signification de son nom en
langue Zagawa, le dialecte parlé localement. Cela vient de Hanako, décomposé en « Ha » qui
signifie « Rocher » et « Naka » qui signifie « témoin ». Il s’agit en effet d’un rocher isolé dans
la plaine et qui fait office de « témoin visuel »pour tous les voyageurs se situant dans l’immense
point de contrôle au kilomètre 36 à l’endroit d’un petit tunnel creusé dans la
plaine environnante. Dès qu’ils quitteront le PCn°4, Anoko, les concurrents continueront cette
longue plaine entamée après le PCn°3, jusqu’à atteindre 6 km plus loin une sorte d’arc de
triomphe majestueux rajoutant un site magnifique à ceux déjà aperçus. Ils sillonneront ensuite
dans le massif local à proximité pour rejoindre les Oreilles d’Eléphant.
Entre la PC n°3 (Bachikélé) et le PCn°4 (Anoko) , ce rocher isolé sera le point de mire des
coureurs et le cap à suivre. Cette portion sera de 30km aura 2 parties : la première sera encore
une belle plaine plutôt plate, puis la seconde longera quelques rochers du massif voisin.
A l’ombre d’Anoko, toute l’équipe s’arrête pour statuer la suite de la journée. Force est de
constater que nous n’aurons pas le temps de faire la suite de la reconnaissance tous ensemble.
Il nous faut nous séparer en 2 groupes car nous reprenons la route du Sud vers N’Djaména.
Laurent et Ahamadaï iront au PC n °3 (Bachikélé) puis remonteront vers l’arche Djoulia (dite
de la Lyre)"
Tout sera donc en place pour nous accueillir en février prochain sur le TREG!
A propos, les inscriptions restent possibles. Pour l'instant, nous sommes 18 coureurs engagés (pas de femme parmi ces 18 concurrents! Il en faudrait au moins une pour inaugurer le palmarès!), alors si la grande aventure du désert vous tente...
www.le-treg.com/