La Grande-Bretagne a terminé son assainissement
Publié Par Thibault Doidy de Kerguelen, le 27 décembre 2013 dans EuropeAu moment où la situation française s’enlise, alors que les perspectives de croissance pour 2014 sont plates, l’économie britannique repart.
Par Thibault Doidy de Kerguelen.
Assurément, l’économie britannique repart
Après trois années de quasi-stagnation avec même des trimestres en récession, David Cameron, contrairement à d’autres, semble en passe de gagner son pari.
Ce sont aux deuxième et troisième trimestres de 2013 que l’économie s’est accélérée avec un rythme annuel de près de 3%. Les prévisions, jugées pessimistes, pour 2014 sont de 2,4% quand la France affiche 1% ou l’Allemagne 1,6%. Mais les statistiques ne sont rien par elles-mêmes, même si l’Office for Budget Responsibility (OBR) est totalement indépendant du pouvoir politique, folie dont un pays comme la France se garde bien avec son INSEE. Les statistiques de croissance ne valent que recoupées avec les indicateurs de conjoncture. Et là, effectivement, la Grande Bretagne semble bien aligner les bonnes nouvelles : le chômage recule à 7,6%, la consommation est solide et l’État va engranger un surcroît de recettes de 8,6 milliards de livres (11 milliards d’euros), presque exactement ce qui va, au contraire, manquer au gouvernement français par rapport à ses prévisions !
Une situation difficile après le passage des socialistes
Rappelons que lorsque David Cameron gagne les élections, en mai 2010, le déficit public atteint 10,9% du PIB. Le Labour, fidèle à sa logique socialiste, avait investi des milliards pour « refonder » les services publics et, selon la doxa keynésienne, avait voulu « relancer » par un surcroît de dépenses publiques… Le nouveau Premier Ministre, beaucoup plus pragmatique, décide de faire un demi-tour complet. Il coupe au contraire dans toutes les dépenses publiques sauf l’hôpital et l’éducation. Il sabre l’investissement public de 30%, supprime 500 000 postes de fonctionnaires sur cinq ans et augmente la TVA.
Si, pour le gouvernement, la victoire est belle et bien là, elle n’en demeure pas moins fragile
Les ménages ont retrouvé confiance et ont accepté de taper dans leurs économies ou dans le crédit (bon marché) pour assurer les dépenses ménagères. La consommation aura crû de 1,6% en 2013. Le marché de l’immobilier, véritable baromètre de la situation des ménages est reparti avec une augmentation de 23% du nombre de transactions et une augmentation de 3,8% des prix (à comparer avec l’atonie du marché français…). Pourtant, le revenu moyen est encore en baisse cette année, ce qui semble indiquer que la reprise a d’abord touché les catégories moyennes-supérieures et que les grandes couches basses de la population devront encore attendre avant de toucher, autrement que par l’emploi, les fruits de cette reprise.
Souhaitons que cette généralisation des bienfaits de la reprise se produise avant 18 mois, échéance des prochaines élections. Car un revirement de politique en plein décollage risquerait de planter la Grande-Bretagne pour longtemps.
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