Il m’a fallu un peu de temps pour me remettre dans le bain de cet univers si particulier qu’a créé Jean Vigne. Mais une fois que je l’ai retrouvé, je l’ai encore une fois trouvé fascinant. Imaginez-vous: une terre où les grandes villes, défigurées, vivent désormais sous cloche protectrice, reliées par des trains qui permettent de passer de Paris à Londres (ou plutôt New London). De grandes sociétés qui s’enrichissent en tirant parti de ce nouveau monde. Des bas-fonds dans lesquels ceux qui ne sont pas assez riches pour être immortels viennent chercher leur drogue. J’ai tout de suite adhéré à ce monde et comme la science-fiction se nourrit de petits détails, j’ai aimé à les repérer, depuis le visiophone qui généralise Skype comme moyen de communication aux biopass qui remplacent nos clés.
Quant aux vampires, ils sont ici parias à souhait. On commence avec la démoniaque Virginie, prête à jouer de toutes ses armes pour parvenir à ses fins, à savoir intimider les responsables de sa société pour en obtenir le contrôle, et si besoin, les éliminer. Aurore elle-même est une véritable junkie au sang humain, qui ne peut s’empêcher de descendre dans les bas-fonds pour dénicher les quelques humains encore non transfusés. Et quand ils montrent les crocs, ça ne rigole pas: c’est sanglant, cruel, violent, et bien sûr, cela leur procure un tel plaisir qu’ils ne rechignent pas à mêler une bonne dose d’érotisme à leurs agressions. Poussés à leurs extrémités, ils n’en sont que plus glauques. Un vrai régal que ces personnages si durs. Seule Aurore se pose quelques questions sur sa part d’humanité, sur ce que peut représenter une famille pour un vampire comme elle.
Malgré ces excellentes bases, l’intrigue a eu un peu de mal à démarrer pour moi: au début, je me suis un peu perdue dans les personnages, notamment les employés de la société de production de bioplasma que je n’arrivais pas à identifier. Et comme l’on suit en parallèle leurs histoires, celle de Virginie, celle d’Aurore, je me suis un peu emmêlé les pinceaux. Tout allait mieux lorsque j’ai réussi à attraper le fil conducteur qui m’a tenu en haleine jusqu’à la fin: les humains sont sur le point de trouver le moyen de diffuser le bioplasma dans l’air, signant la mort de tous les vampires restant… qui sont eux-mêmes sur le point de découvrir le moyen d’y survivre. Qui sont les pions et qui sont les victimes dans ces nouvelles règles du jeu? Le rythme ne fait que s’accélérer jusqu’à une dernière partie en apothéose qui vous en met plein la vue !
La note de Mélu:
Difficile à mettre en place, mais une SF convaincante et un vrai sens du spectacle! Un très grand merci aux éditions du Petit Caveau pour cette belle lecture!
Un mot sur l’auteur: Jean Vigne est un auteur français qui s’est illustré dans d’autres registres comme le thriller. D’autres de ses titres sur Ma Bouquinerie:
catégorie “animal”