L’or du Rhin ne constituait que le prologue du Ring : Le drame ne s’est pas encore joué et il va se nouer au premier acte de La Walkyrie, avec la « reconnaissance » des deux jumeaux Siegmund et Sieglinde. Cette vaste fresque qu’est la Tétralogie s’était ouverte sur le rapt de l’or du Rhin par Alberich et se dénouera au moment où Brünnhilde le restituera au fleuve, à la fin du Crépuscule. Mais entre ces deux moments cruciaux, que d’événements et de drames…
A la fin du prologue, Wotan et les dieux entrent en vainqueurs absolus dans le Walhalla ; du moins le croient-ils. Mais la malédiction d’Alberich a commencé à agir : le géant Fafner a tué son frère Fasolt sous les yeux des dieux pour la possession de l’anneau magique. Si ces derniers ne semblent pas y accorder une grande importance, Loge mis à part, Wotan, lui, a réalisé à quel point cette malédiction va peser sur leur destin. Et c’est lui-même qui, au cours de son long monologue du second acte, va nous apprendre ce qui s’est passé entre la fin du prologue et le début de la première journée. Les antiwagnériens ont toujours taxé ce passage de longueur : c’est pourtant lui qui révèle tout le drame intérieur de Wotan, ses déchirements qui font de ce dieu un être si singulièrement humain par ses erreurs, mais aussi par sa noblesse. En lui, « Wagner a incarné le nœud de contradictions où se trouve étreinte la nature humaine, ses faiblesses, ses conflits, ses errements et le dur chemin qui mène de l’orgueil au renoncement, de la volonté de puissance à l’acceptation sereine du destin. Aux yeux de son créateur, il n’est pas seulement un homme, il est « l’homme » dans toute sa tragique imperfection. » (1) Si l’entrée des dieux au Walhalla symbolise la réussite totale de Wotan, le couronne maître de son univers, il va cependant être prisonnier de sa volonté de puissance et des règles qu’il lui-même établies pour sauvegarder cette puissance. C’est ce qu’il va expliquer à Brünnhilde lors de ce long soliloque qui constitue « un des exemples les plus personnels du langage wagnérien et de la totale union du verbe et du chant qui est l’essence même de sa dramaturgie. » (1)
Cette confidence amère et faite à mi-voix est destinée à faire comprendre à Brünnhilde à quel point Wotan s’est pris dans le filet de ses propres actes et qu’il n’existe de par le monde nulle créature moins libre que lui, le dieu. Il commence son récit par le rappel des événements auxquels nous avons assisté dans L’Or du Rhin. Ayant obéi à l’ordre d’Erda, la déesse-mère, qui prophétisait la fin des dieux s’il gardait l’anneau maudit, Wotan a voulu en apprendre davantage. Aspirant au savoir absolu, il est descendu au cœur de l’univers, a soumis Erda à sa volonté et a conçu avec elle neuf filles, les Walkyries, dont Brünnhilde est l’aînée. De toutes les Walkyries, Brünnhilde est sa fille préférée, la seule qui puisse, pense-t-il, le comprendre –d’où sa colère et son désespoir lorsqu’il découvrira qu’elle l’a trahi. Les Walkyries ont pour mission de ramener au Walhalla les héros morts au combat afin qu’ils forment une armée capable de résister à tous les ennemis. C’est le seul moyen qu’a trouvé Wotan pour empêcher la prédiction d’Erda de se réaliser.
Mais Wotan, au fond de lui, sait que ses efforts sont inutiles : l’angoisse de la fin des dieux ne cesse de le ronger, à cause de la malédiction de l’anneau, cet anneau qu’il a tenu en main. Il ne craint pas l’armée des Nibelungen, dont ses héros viendraient facilement à bout ; ce qu’il craint par-dessus tout, c’est qu’Alberich parvienne à reprendre l’anneau à Fafner car alors, il détiendrait la puissance suprême. Fafner après son fratricide s’est réfugié au cœur de la forêt et, transformé en dragon par la vertu du heaume magique, veille jour et nuit sur son trésor. Mais Wotan ne peut rien contre lui, les traités passés avec les géants autrefois protègent Fafner. Seul un être entièrement libre pourrait venir à bout du dragon, récupérer l’anneau et le rendre aux filles du Rhin, libérant ainsi les dieux et l’humanité de la malédiction.
C’est dans ce but que Wotan, abandonnant le Walhalla, a parcouru le monde des humains et sous le nom de Wälse, a engendré avec une femme les jumeaux Siegmund et Sieglinde. Il a couru les bois avec son fils, poussant sans cesse son courage et a forgé pour lui le glaive Nothung, arme infaillible qui doit lui apporter la victoire. Mais la jalouse Fricka, au nom des traités, exige la perte de Siegmund : c’est une des conséquences de la malédiction de l’anneau : Wotan doit trahir et abandonner celui qui lui est le plus cher. Il pressent également la fin des dieux car une autre prophétie d’Erda est en train de se réaliser : « Si le sombre ennemi de l’amour / procrée un fils dans sa rage / la fin des dieux, / alors, ne tardera pas !... » (2) Et Alberich est parvenu à ses fins : il s’est rendu maître d’une femme grâce à de l’or et a engendré un fils ; ce fils, nommé Hagen, nous le découvrirons dans Le Crépuscule des dieux où il tramera la machination qui entraînera la perte de Siegfried et Brünnhilde.
Ainsi, le destin des principaux héros de l’œuvre est-il tracé d’avance. Lorsque le rideau s’ouvre sur le premier acte de La Walkyrie, nous ne le savons pas encore mais ce monologue de Wotan nous l’apprend et la volte-face de Brünnhilde, sa désobéissance seront inutiles, du moins pour sauver Siegmund. Mais la vierge guerrière aura eu le temps de mettre Sieglinde, mère du futur Siegfried, à l’abri de la colère de Wotan.
La trahison semble être l’un des thèmes essentiels de la Tétralogie : on le retrouve dans toutes les journées : trahison de Wotan envers les géants dans L’or du Rhin, de Wotan envers Siegmund et de Brünnhilde envers Wotan dans La Walkyrie, de Mime envers Siegfried dans la journée du même nom, de Hagen envers Siegfried et de Siegfried envers Brünnhilde dans Le Crépuscule des dieux. La première trahison, par ricochets, entraîne toutes les autres jusqu’à la catastrophe finale. Si dans L’or du Rhin, on ne peut guère plaindre Wotan, dans La Walkyrie, son douloureux conflit intérieur et sa terrible résolution ne peuvent qu’entraîner la compassion, et une réflexion amère sur le sens et le poids de nos actes dont nous devons subir et accepter les conséquences. Face à la loi que représente son épouse Fricka, Wotan ne peut que s’incliner et faire périr Siegmund ; de même, en tant que roi des dieux, il ne peut que punir la transgression de Brünnhilde qui a osé agir de sa propre volonté. Mais la pire trahison, c’est envers lui-même que la commet Wotan : il doit sacrifier ce qu’il y a de plus vrai et de plus pur en lui, ce profond désir de liberté, que représentent Siegmund et Brünnhilde. Dès lors, qu’importe ce qui peut arriver ? Il ne reste plus qu’à attendre la fin. Siegfried verra Wotan devenu Voyageur, assistant à l’action sans plus y participer : son ultime tentative pour barrer la route du rocher de Brünnhilde à Siegfried sera un échec ; Nothung reforgé par les soins de Siegfried fera voler en éclats la lance divine « Va ! Je ne puis te retenir » seront les derniers mots de Wotan avant qu’il disparaisse dans les ténèbres. Sa délivrance n’interviendra qu’à la fin du Crépuscule.
Des quatre drames de L’Anneau, La Walkyrie est sans doute celui qui est le plus souvent représenté et ce n’est pas un hasard. C’est l’œuvre la plus émouvante de cette vaste cosmogonie : L’Or du Rhin se jouait entre les dieux, les géants, les filles du Rhin et les Nibelungen, autour du fleuve primordial, dans des grottes, au sommet des montagnes, où les éléments comme le feu et l’eau ainsi que les forces de la nature tenaient une place prépondérante. Le grand absent était l’être humain. Il apparait enfin dans la Walkyrie, à travers le couple de jumeaux Sieglinde et Siegmund qui, tout en étant des demi-dieux (ils sont enfants de Wotan) sont présentés comme des hommes, avec des sentiments humains, un corps vulnérable, une vie menacée. Siegfried chantera l’insouciance et la victoire de la jeunesse héroïque et le Crépuscule nous plongera au cœur des sinistres machinations qui ont toutes pour but de récupérer l’anneau d’Alberich. Si dramatiques que soient les autres journées, seule La Walkyrie atteint, surtout lors de la sublime scène finale, cette dimension humaine qui fait vibrer notre sensibilité et nous pousse à aimer les personnages comme des frères. « Cette œuvre, que viennent élargir à tout moment des rappels de L’Or du Rhin et du mythe originel, culmine dans trois grandes scènes, une par acte : au premier, le duo d’amour de Siegmund et Sieglinde dans le clair de lune d’une nuit de printemps, au second, l’apparition de la walkyrie venant annoncer à Siegmund sa mort prochaine, au troisième, le déchirement du cœur paternel de Wotan et ses adieux à Brünnhilde. Moments essentiellement lyriques, où la musique, en remplissant sa mission essentielle, qui est d’exprimer des sentiments et de sublimer les passions, ne renonce pourtant pas à sa puissance évocatrice. » (3)
Si La Walkyrie est un opéra exemplaire, c’est aussi grâce à sa puissante progression dramatique : il s’ouvre par un prélude où les rafales de cordes suggèrent l’orage qui s’abat sur la forêt hercynienne ; déjà, rien qu’avec ce prélude, l’action est lancée, l’atmosphère est campée. Puis c’est l’affrontement oral entre Hunding et Siegmund, prologue à l’affrontement armé qui doit avoir lieu le lendemain. La tension retombe avec le merveilleux duo d’amour entre Siegmund et Sieglinde qui clôt l’acte mais est relancée au second acte avec la décision de Brünnhilde de désobéir aux ordres de Wotan. Dès lors, tout va très vite : c’est la mort de Siegmund, celle de Hunding, l’explosion de colère de Wotan. Et puis, c’est le troisième acte, acné de cette progression : il s’ouvre par le déchainement de la Chevauchée des Walkyries, suivie des imprécations de Wotan, de la sentence qui châtie la coupable ; puis, peu à peu, le climat s’allège, devient plus serein, plus humain, pour aboutir enfin à l’émotion des adieux de Wotan, à la sérénité du thème du sommeil. Des éclats extérieurs de la Chevauchée, on passe à l’expression de la vie intérieure des deux protagonistes principaux ; le drame se fait plus poignant, plus intense, mais dans l’âme même des personnages. Cette dernière scène s’élève à une intensité tragique rarement égalée dans l’art lyrique.
La Walkyrie, c’est aussi l’histoire des rapports étranges entre un père omnipotent et sa fille, aimée, certes, mais qui n’est qu’un objet entre ses mains, qui n’est que l’expression de la volonté paternelle, sans une once d’indépendance d’esprit. C’est aussi, paradoxalement, l’histoire d’une libération. Le long monologue de Wotan va être un quelque sorte l’élément déclencheur d’une prise de conscience chez Brünnhilde : à celui qui trahit l’amour et se trahit lui-même, qui renonce à sa responsabilité personnelle, elle consent à obéir, mais à contre cœur ; c’est sans le moindre courage, sans joie aucune qu’elle se prépare au combat et s’apprête à donner la victoire à Hunding ; pour la première fois, ses armes de Walkyrie pèsent à son bras ; sans le savoir, elle a déjà cessé d’être une vierge guerrière pour laisser l’amour l’envahir. Dans la scène qui va l’opposer à Siegmund à qui elle va annoncer sa mort, elle gardera encore sa dignité de déesse mais sa force dominatrice s’est brisée : Siegmund la bouleverse lorsqu’elle l’entend renoncer par amour pour Sieglinde aux délices du Walhalla ; et quand il lève son glaive pour immoler celle qu’il aime, Brünnhilde sent se rompre en elle le dernier lien qui l’attachait encore à son père : elle décide seule de transgresser les ordres, de protéger Siegmund afin qu’il soit le vainqueur du combat qui va avoir lieu. Dans un autre sursaut de courage, elle décide seule de mettre en sûreté Sieglinde afin de préserver l’héritier de Siegmund. Elle est déjà passée dans le camp des humains et dès lors, les grandes tirades de Wotan, ses paroles grandiloquentes qui la condamnent à n’être qu’une « pauvre humaine » deviennent ridicules. Sa sentence n’en est plus une et s’il croit se séparer d’elle, il se trompe, car c’est elle qui s’est d’abord séparée de lui. Humaine, elle l’est jusqu’à croire que ses sœurs vont l’aider : cet espoir est bien la preuve de sa transformation. Mais les Walkyries ne sont qu’une horde de guerrières bien dressées qui tremblent devant l’autorité paternelle et d’elles, nul secours ne viendra.
Parlons un peu des Walkyries, tiens. Et de leur chevauchée, pièce symphonique grandiose et terrifiante mais qui n’est pas exempte de vulgarité. Les adversaires de Wagner ont eu beau jeu de s’en saisir pour crier au scandale et à l’horreur. Mais on peut légitimement se demander ce que Wagner éprouvait pour ces vierges guerrières : l’audition de la Chevauchée vaut toutes les confessions : fascination, sans aucun doute, admiration mêlée d’effroi, mais répulsion également. Elles se livrent, pendant toute la première scène du troisième acte, à des discours futiles et révoltants, à des actes barbares ; il nous les dépeint ivres de rage guerrière, grisées par les combats, débordantes de fureur virile et par là-même, poussées à tous les excès. « La scène entière se déroule sous le signe de cette « fureur Teutonne » que Tacite avait déjà reconnue pour un des traits caractéristiques des Germains. L’ivresse des vierges guerrières est une insulte à la dignité des morts qu’elles ramènent sur leurs chevaux, comme pour le noble courage de Siegmund immolé sans défense, et pour l’émouvante détresse à laquelle est condamnée son amante. » (4) La mise en scène de Chéreau lors de la Tétralogie du centenaire à Bayreuth était, sur ce plan, d’un réalisme terrible : on y voyait les walkyries traîner à tour de bras et malmener un nombre invraisemblable de cadavres… Autant dire que la sérénité confidentielle de la dernière scène est, par comparaison, d’une merveilleuse douceur…
(1) – Marcel Doisy, préface à la traduction de Jean d’Arriège de La Walkyrie, collection Aubier-Flammarion.
(2) – La Walkyrie, acte II scène 2, traduction de Jean d’Arriège.
(3) – Jean Mistler, livret présentation opéra La Walkyrie, direction Herbert von Karajan.
(4) – Lynn Snook, livret présentation opéra La Walkyrie, direction Karl Böhm, live Bayreuth 1967.
ARGUMENT : A l’époque légendaire.
Prélude orchestral : l’orage.
Acte I – Dans la cabane de Hunding, bâtie autour d’un immense frêne – Tandis que l’orage commence à se calmer, Siegmund entre dans la cabane, épuisé. Sieglinde apparait. Elle a entendu un bruit et pense que c’est son mari qui rentre. Elle vient l’accueillir, plus par peur que par amour car Hunding l’a enlevée pendant que son père et son frère étaient à la chasse, a dévasté leur habitation et l’a obligée à l’épouser. Elle se prend de pitié pour le fugitif et se penche sur lui. Puis, elle lui donne à boire ; tous deux se regardent. Il demande chez qui il a trouvé refuge ; Sieglinde répond qu’il est chez Hunding dont elle est la femme et que son mari ne va pas tarder à rentrer. Les blessures de Siegmund sont bénignes et ne demandent que peu de soin ; le trouble s’empare des deux jeunes gens et ne fait que croître pendant leur dialogue. Hunding arrive ; suspicieux, il demande à l’étranger qui il est. Siegmund raconte lentement son histoire. Il dit comment il a grandi dans la forêt, sans cesse obligé de se battre contre les ennemis de sa race. Un jour, en revenant de la chasse, lui et son père ont trouvé leur cabane dévastée, le cadavre de sa mère et aucune trace de sa sœur jumelle. Après avoir perdu son père, il a erré d’un endroit à l’autre et le jour même, il a pris la défense d’une jeune fille que ses frères voulaient marier contre son gré. Mais quand il a eu tué un de ses frères, elle l’a traité d’assassin et a appelé à l’aide ; les parents de la victime se sont jetés sur lui et pour se défendre, il a dû les tuer. Mais ceux qu’il vient d’assassiner ne sont autres que les parents de Hunding. Ainsi son destin l’a-t-il poussé à se réfugier chez celui-là même qui doit venger la mort des siens par le sang. Hunding se dresse, menaçant : pour la nuit, les lois de l’hospitalité sont sacrées : mais au matin, ils se battront à mort. Il sort en entrainant Sieglinde. Resté seul, Siegmund songe à son père puis s’apprête à dormir ; Sieglinde revient : elle a fait boire un breuvage soporifique à Hunding. Elle raconte son enlèvement et ses noces forcées à Siegmund et lui narre aussi l’histoire de l’épée. Alors que, seule, éperdue, parmi les hommes qui festoyaient en l’honneur du mariage forcé, elle a vu entrer un étranger dans la salle. Son regard a pétrifié les hommes tandis qu’il s’adoucissait pour elle seule. Il a planté dans le frêne une épée qui appartiendra à celui qui pourra la sortir de son fourreau. Jusqu’à ce jour, personne n’a pu y arriver. Elle sait à présent à qui cette arme va appartenir. Le vent se lève, la porte s’ouvre sur la nuit de printemps : commence alors le duo final au terme duquel Siegmund et Sieglinde se reconnaîtront comme frère et sœur puis s’uniront comme amant et amante ; Siegmund arrache le glaive du tronc du frêne et les deux amants fuient dans la nuit.
Acte II – Un site sauvage et rocheux - Wotan ordonne à Brünnhilde de donner la victoire à Siegmund dans le combat qui va l’opposer à Hunding. Mais Fricka approche : elle est la gardienne des lois sacrées du mariage, elle vient demander à Wotan de punir Siegmund de son rapt et de son inceste. Si les Wälsung demeurent impunis, elle, gardienne du mariage et reine des dieux, sera la risée des mortels. Le bouclier de Brünnhilde doit être la protection de son honneur de déesse. Désespéré, Wotan promet de changer les ordres qu’il a donnés à Brünnhilde. Satisfaite, Fricka s’éloigne. Revient Brünnhilde, toute joyeuse ; c’est alors le long soliloque de Wotan qui lui explique les raisons de sa douleur et de son inquiétude. Au terme de son récit, il lui ordonne de donner la victoire à Hunding et s’en va sans vouloir entendre la plaidoirie de sa fille. Brünnhilde, abattue, reprend tristement ses armes et sort à son tour.
Arrivent Siegmund et Sieglinde, poursuivis dans leur fuite éperdue par la meute de Hunding. Epuisée par cette longue course, la jeune femme s’évanouit. C’est le moment que choisit Brünnhilde pour apparaitre et annoncer à Siegmund sa mort au combat. Cette perspective ne trouble guère Siegmund qui n’a qu’une idée en tête : Sieglinde le suivra-t-elle au Walhalla ? La réponse négative de Brünnhilde entraine un refus net et catégorique de Siegmund : les splendeurs du Walhalla ne l’intéressent pas et les Walkyries encore moins si Sieglinde ne l’accompagne pas. Brünnhilde a beau lui démontrer qu’il n’a pas le choix, il s’entête et menace de tuer sa compagne. C’est alors que Brünnhilde, saisie de pitié, décide de désobéir et de lui donner la victoire. Elle disparait après lui avoir promis de l’aider et Siegmund se prépare au combat. Hunding se rapproche ; Sieglinde revient à elle, entend les voix de Hunding et de Siegmund ; elle voit le combat commencer. Brünnhilde, fidèle à sa promesse, protège Siegmund. Au moment où il va porter un coup mortel à son ennemi, Wotan apparait et brandit sa lance. Le glaive de Siegmund se brise sur la lance et Hunding le tue. Sieglinde s’effondre mais Brünnhilde a le temps de ramasser les tronçons du glaive avant de s’enfuir avec la jeune femme. Sur un geste méprisant de Wotan, Hunding tombe mort ; Wotan se lance à la poursuite de Brünnhilde.
Acte III – Le rocher des Walkyries - Il s’ouvre par la célèbre Chevauchée au cours de laquelle les walkyries ramènent les corps des héros morts au combat. Arrive Brünnhilde, hors d’haleine ; elle soutient avec peine Sieglinde, épuisée. Elle demande de l’aide à ses sœurs qui la lui refusent. La walkyrie décide alors de se livrer à la vengeance du dieu afin de détourner la colère de ce dernier de Sieglinde : sur le conseil de ses sœurs, elle dit à Sieglinde de se réfugier au cœur de la forêt où se terre Fafner et lui apprend qu’elle porte en elle le futur Siegfried. Sieglinde la bénit et s’enfuit. Arrive Wotan, ivre de colère : les walkyries tentent en vain de plaider la cause de leur sœur ; cette dernière subira le châtiment des traîtres : il va la plonger dans un sommeil profond sur ce rocher et lui enlever tous ses dons divins ; elle appartiendra au premier homme qui s’emparera d’elle. Elle ne sera plus alors une walkyrie, mais une simple femme. Epouvantées, les walkyries s’enfuient et commence alors la longue scène entre le père et la fille, où Brünnhilde tente d’expliquer à son père pourquoi elle lui a désobéi. Les sentiments de Wotan ont changé : la tristesse des adieux a succédé à la colère, la tendresse au ressentiment. Il acquiesce au dernier vœu de Brünnhilde : que son sommeil soit protégé par un rempart de flammes que seul un homme qui ne connaîtra pas la peur pourra traverser. Ce sont alors les émouvants adieux de Wotan à sa fille préférée, l’endormissement puis l’embrasement du rocher. La voix de Wotan s’élève une dernière fois, pour une dernière mise en garde : « que celui qui craint la pointe de ma lance ne traverse jamais le feu ! ». Puis il disparait derrière l’écran des flammes.
Vidéos :
1 – Acte I – Récit de Sieglinde – Gundula Janowitz
2 – Acte II – L’annonce de la mort, Bayreuth 1981, mise en scène P. Chéreau.
3 – Acte III, scène 1 : La Chevauchée des Walkyries, Bayreuth, mise en scène P. Chéreau.
4 – Acte III, scène finale, les adieux de Wotan : James Morris, Met New York.