Et je vais donc vous résumer Autumn Falls, organisé par ToutPartout pour la quatrième année consécutive.
Ça commence le 20 novembre, avec un concert au Botanique d’un groupe penché vers le rock et l’électronique, Baths. Le chanteur arrive en short et t-shirt. On croit vite à une blague, mais dès qu’il commence ses bidouillages électroniques, et que vient sa voix, c’est une toute autre chose. Oui, Will Wiesenfeld a beaucoup de coffre contrairement à ce que l’on pourrait croire. Il nous propose une pop futuriste agrémentée d’un grain sonore particulier, celui qui vous chatouille agréablement les esgourdes. C’est jamais vulgaire, toujours dans le ressenti et l’on passe un bon moment devant le duo. Il est en effet accompagné d’un musicien tout-terrain, capable de jouer de la guitare ou de bidouiller sa MPC. Le festival est parfaitement entamé.
Le dimanche 24, pause Autumn Falls, pour aller voir Youth Lagoon au Bota. La voix du chanteur ne fait que sublimer un live déjà très haut. Et malgré cette beauté musicale, le chanteur n’hésite pas à vanner 2-3 fois. Demandant même au public quelle chanson il voulait entendre. Moi je gueule Animals. Le chanteur demande qui a dit ça. J’avais zappé que le titre avait déjà été joué, mais je lève la main, car quand on est cons, autant aller jusqu’au bout.
Mis à part cette bourde, on se délectera de sonorités psychédéliques accordées avec la légèreté vocale de Trevor Powers, durant une bonne heure. Tranquille.
Ce n’est qu’une semaine plus tard qu’a lieu le concert suivant d’Autumn Falls, soit le 27 novembre. A l’Atelier 210, un ancien cinéma donc reconverti, se produisent Mambo (que je n’ai volontairement pas vu) et Electric Electric.
Les strasbourgeois ont déjà deux albums à leur actif et donnent dans un math-rock, même garage on peut dire.
Ils démarrent leur set d’une des plus belles façons, soit avec Material Boy. Une intro à la gratte qui s’étend, larsen, et tout à coup les drums qui arrivent. On ne peut pas résister à ça. Si sur album, c’est plutôt efficace, sur scène c’est encore pire. C’est sûrement l’un des plus beaux débuts de concerts que j’ai vu, une telle efficacité, brute qui plus est. Electric Electric déroulera une set list d’une heure, à la hauteur de leur son. Soit un concert totalement maîtrisé, qui ne laisse aucun répit. De la sueur et pis c’est tout.
Ce qui ne sera pas le cas le lendemain avec un groupe flamand, Madensuyu. Bon, je ne connaissais pas, mais le concert à l’Ancienne Belgique était complet depuis longtemps, et avec le combi pass, on pouvait quand même y accéder. Loin d’être dingue sur scène, Pieterjan et Stijn proposent pourtant des albums relativement convaincants, après écoute posée. Il faut dire qu’il s’agissait également d’un CD release, et que nous étions donc ici pour la pure découverte de leur dernier bébé.
On déplorera le peu d’ambiance dans l’AB Club malgré la concentration de fans venus pour Madensuyu..
Je file ensuite au Mme Moustache où se produit le DJ new-yorkais Jonathan Toubin. Bon bah, c’était comme à l’habitude. En plus d’être en B2B avec Nasty Bartender (le dj résident), on n’aurait pas su reconnaître qui était derrière les platines tellement les mecs ont les mêmes kifs, soit passer du son des 50’s 60’s, rock’n’roll. Je m’attendais vraiment à une prog’ qui collait avec le délire des organisateurs du festival Autumn Falls, l’association ToutPartout, soit une musique indie-rock plutôt récente. Mais bon, un DJ n’étant pas non plus là pour proposer ce que veulent les gens, je m’en suis allé tranquillement me coucher, ne loupant sûrement pas grand-chose.
Vendredi, rdv à la Maison des Musiques, géré par la Conseil de la Musique. Une minuscule salle qui accueille JoieJoiejoie (loupé bien évidemment), et Crystal Stilts. Ces américains font fortement penser aux anglais de The Horrors de par leur mise en scène esthète, mais aussi dans leur musique plutôt un rock sombre et efficace.
En live, ça n’est pas sublimé, mais ça reste efficace, même si on est serrés comme des sardines dans cette minuscule salle (avec la lumière qui s’allume lorsqu’on s’appuie trop contre l’interrupteur, ce qui s’avère un peu con en plein concert). C’est ce qui ajoutait clairement un charme à tout cet indie-rock sombre. Bien vu pour l’endroit et le groupe en tout cas.
Le samedi en compagnie d’un public en folie, direction l’Atelier 210, génial lieu pour du garage rock avec Cheap Time et The Wytches. Pas vus, comme d’hab’, mais je suis là pour J.C. Satàn. Le garage c’est bien, mais sur scène les J.C. ne sont pas vraiment convaincants. Déjà que sur album, je n’avais pas été emporté, sur scène, c’est vraiment trop brouillon pour nous transmettre qu’ils semblent avoir. Fort dommage pour un groupe dont la force est logiquement du côté de la scène.
Le 1er décembre fut un de mes pires moments. En effet, rendez-vous à l’Ancienne Belgique pour voir tout un tas de performances, plutôt que concerts. J’arrive, et suis obligé d’aller aux balcons, la salle étant reconvertie en salle de specacle avec siège et tout le toutim.
Je verrais donc Esmerine, sorte de violoncelliste (pas ma came à la base mais bon). Une voix et une magie, certes, mais on se demande ce que ça fout vraiment là. Quel est le projet de ToutPartout de programmer de tels artistes.
Pour le concert suivant, j’arrive à trouver une place assise. Grosse faute puisque je m’endormirai sur mon fauteuil lors du concert de Teho Teardo et Buxa Bargeld, deux performers, venus avec une guitare, un violon, alliés pour l’occasion de plusieurs concerts. Au début on est indulgents on essaie de se prendre au jeu. Mais bon, force est de constater qu’un mec qui chante/parle, avec le si peu d’instruments, et le côté théâtral me font dire qu’une chose. De la branlette intellectuelle.
Je me barre au bout de trente minutes, et c’était mieux ainsi.
Le lundi, retour au Bota, pour s’infliger deux champions. Scout Niblett, tout d’abord, une meuf qui a une voix puissante et sur le fil, et qui envoie du pâté. Mais loin d’être dingue. C’est vite oublié surtout lorsqu’on voit débarquer le père Kurt Vile et ses Violators. Avec son charisme, il arrive sur scène, fait tomber un truc et le ramasse. Déjà je me marre. Je me marrerais plus par la suite grâce à ses folks-songs interminables et similaires. En gros prenez toujours le même accompagnement de batterie, les mêmes accords de gratte, et rajoutez une voix qui chante « yeahiyeahiyeahiyeahyeahyeah », et vous avez Kurt Vile & The Violators. C’est surfait, et pas à la hauteur du prix que les nombreux innocents ont payé ce soir (pas moi, pour une fois).
Après toutes ces non-émotions, on se repose le mardi, pour reprendre le mercredi 4 décembre avec du lourd, Ty Segall, dans la salle tout en longueur du vK*.
L’américain ultra productif, sera précédé des White Fence, anciens compagnons de Ty Segall. Un garage rock assez énergique qui fera mouche en première partie du poto Ty.
Place à ce dernier et ses musiciens ensuite. Ils entrent sur scène, et s’assoient tous. Et là, je me dis que l’américain va nous jouer les titres acoustiques ultra chiants de son dernier album. Faute.
Ty Segall a largement fait le job. Il démarre en effet progressivement le set par des ballades. Et c’est sur 1h10 que tout va se jouer. Au bout de 20 minutes c’est parti, Ty balance la sauce avec ses titres qui n’excèdent souvent pas plus d’1min30 (à la manière de Wire sur Pink Flag). Les gens leur gueulent de se lever. Les américains ne bougeront pas, resteront assis tout du long, et ça n’a rien changé, puisque ça balance vraiment en live. Ce mec a clairement fait le job, et m’a mis une claque. Il mérite son statut de petit génie.
Le jeudi je voulais voir les Girls Against Boys, mais j’abandonne l’idée, dûs au mauvais temps et à la fatigue.
Car le vendredi, dernier jour du festival, il fallait pouvoir garder ses forces. Je viens à l’A210 pour Catholic Spray et The Feeling Of Love.
Ayant bien sué sur l’album des Catholic Spray, j’en attendais que du bon en live. Force est de constater que la mise en scène n’est pas leur fort. Ils jouent un garage énergique, un peu bancal parfois, mais ne bougent jamais. Dans le public ça bouge, mais sans plus.
Clairement, ce sont les Feeling Of Love attendus ce soir.
Et ce ne sera que logique puisqu’ils proposent un rock garage aux teintes clairement psychés. Si sur galette ça prend, en live c’est encore mieux. Les messins jouent une musique un peu planante, et redonnent un coup de fouet dès qu’il le faut.
Dans le public, on pogote, mais toujours gentiment, je manque de tomber et on me rattrape (mon côté sportif, j’imagine).
On ressort de là trempés, le sourire béat aux lèvres, comme l’impression d’avoir donné de son corps pour la bonne cause, celle du GARAGE ROCK.
Le samedi, le festival Autumn Falls étant terminé, j’irai voir pour la troisième fois les amis américaines de Jacuzzi Boys. Ça ne bouge pas forcément sur scène, mais bon dans le pogo, on est toujours au taquet.
En résumé, le festival Autumn Falls peut se targuer de faire découvrir beaucoup de choses au bruxellois, à une période de l’année pas forcément attendue pour un festival. De nombreuses confirmations, fakes, mais on sera toujours là pour soutenir l’audace de ToutPartout l’année prochaine.
Sylvain Piaut