Une découverte par hasard, en feuilletant un magazine : quoi ? U auteur de polars, napolitain, que je ne connais pas ? Un peu piquée au vif, je vole jusqu'à la librairie pour acquérir L'hiver du commissaire Ricciardi. Et la magie opère.
Le grand Vezzo, dieu des ténors, proche du Duce, vient d'être sauvagement assassiné un soir de première au San Carlo. Coup de tonnerre à Naples et même au-delà. L'enquête est confiée à Ricciardi, un étrange commissaire, mélancolique et doué. Il apparaît rapidement qu'Arnaldo Vezzi était un odieux personnage, et que les mobiles et les meurtriers potentiels ne manquent pas, dans ce monde chatoyant de l'opéra où les rivalités et les passions confondent bien souvent la scène et la vie. Pour Ricciardi, la faim et l'amour seuls expliquent les crimes : est-ce ici le cas ?
"La frontière : via Toledo. Immeubles anciens, muets sur la rue, mais déjà bruyants sur l'arrière, les fenêtres ouvertes sur les ruelles, les premiers chants des ménagères. Les portes des églises, aux façades coincées entre d'autres bâtiments, s'ouvraient aux fidèles qui venaient recommander leur journée à Dieu. Sur les larges dalles qui pavaient la rue roulaient les premiers omnibus."
Et quel bonheur de retrouver et de redécouvrir ces lieux aimés : le café Gambrinus, la via Toledo, les Quartieri Spagnoli, le quartier du Vomero en construction, la galleria Umberto I. Surtout, j'aime la Naples de de Giovanni, qui n'est ni une Naples de carte postale, ni une Naples de pacotille, mais une Naples humaine et sensible, avec son indécrottable nostalgie, qui trouve un écho particulier sous sa plume, en ces jours de tempête hivernale où le vent, entêtant, ne cesse de ballotter les personnages de ses bourrasques.
Une seule envie, me jeter dans le train pour Naples (pourquoi pas en lisant le deuxième volet des enquêtes de Ricciardi, La méthode du crocodile).