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C’est un nouveau succčs qu’a remporté Arianespace le 19 décembre lorsqu’elle a procédé avec succčs au lancement de Soyouz emportant sous sa coiffe le satellite Gaia qu’il a mis en orbite avant d’ętre acheminé d’ici au 5 janvier 2014 ŕ sa position Ť d’amarrage ť, le point de Lagrange L2.
Point stratégique s’il en est, car L2 est situé ŕ environ 1,6 million de kilomčtres de la Terre dans une direction opposée ŕ celle du Soleil ce qui lui permet d’évoluer dans un environnement thermiquement trčs stable avec une efficacité d’observation trčs élevée. Car le Soleil, la Terre et la Lune sont derričre le champ de vision de l’instrument Gaia. Ce point est trčs prisé. Il avait été choisi pour le télescope Planck qui y est resté jusqu’au 23 octobre, date ŕ laquelle il a été mis fin ŕ sa mission. C’est aussi L2 qui a été retenu pour le futur télescope américain James Webb Space Telescope (JWST) qui succčdera ŕ Hubble. Et ce n’est donc pas un hasard que d’apprendre que le positionnement du JWST au point L2 ne se fera qu’en 2018 date officielle de la fin de mission de Gaia … ŕ moins que sa durée de vie soit un peu prolongée comme c’est parfois le cas avec objectif de rentabiliser un investissement ŕ la taille du travail Ť astronomique ť ŕ effectuer. Le budget initial de la mission Gaia, comportant la conception, réalisation, lancement et traitement des données, est évalué ŕ 740 millions d’euros.
C’est aussi un succčs de toute l’Europe spatiale, męme s’il n’est pas question ici de lister tous les intervenants tant ils sont nombreux. Alors pourquoi une fierté européenne et française. En dernier lieu, le lancement de Gaia s’est fait ŕ partir du port spatial européen qu’est le CSG (centre spatial guyanais) ŕ Kourou en Guyane française. Mais c’est aussi un programme européen lancé par l’ESA, qui utilise comme partenaire la partie française d’Astrium ŕ Toulouse mais qui implique des centaines d’Européens. Et bien évidemment parce que des technologies bien françaises ont été utilisées et non des moindres. Car si Gaia a adopté une technologie bien rôdée avec un concept identique ŕ celui qui a permis ŕ la mission Hipparcos de faire la cartographie de plus de 100 000 étoiles vers la fin des années 1980, cette fois, Gaia utilise deux télescopes constitués de trois miroirs rectangulaires chacun dont le plus grand mesure 1,5 m par 0,5 m. Ces miroirs sont en carbure de silicium (SiC) utilisé aussi sur le télescope ŕ infrarouge Herschel de l’ESA, et qui a été élaboré par la PME Boostec ŕ Bazet dans les Hautes Pyrénées. Son profil final a été réalisé par Reosc une filiale de Sagem dans l’Essonne, avec une précision inférieure ŕ 10 nanomčtres (dix millioničmes de millimčtre) pour permettre au télescope de fournir des images de qualité inégalée. Car cette fois, il s’agit d’aller encore plus loin que ce qu’a fourni Hipparcos. Gaia a pour mission de cartographier en trois dimensions une partie de notre galaxie en localisant et caractérisant un milliard d’étoiles ou autres astres. En outre, précisait le CNES lorsqu’il s’est engagé auprčs de la communauté scientifique et de l'ESA pour prendre en charge une partie des traitements scientifiques, Gaia a des objectifs de précision de localisation tout aussi ambitieux que le nombre Ť astronomique ť d’étoiles ŕ cartographier. Il s’agit de les positionner ŕ 300 μas (micro arc-seconde) pour les étoiles les moins brillantes et ŕ 7 μas pour les plus brillantes. Quant on sait que 24 μas correspondent ŕ l’épaisseur d’un cheveu vu ŕ 1 000 km, on réalise le défi que doit relever le télescope spatial Gaia. Et grâce ŕ la précision de ses mesures photométriques et astrométriques, les scientifiques européens s’attendent ŕ la découverte par Gaia de 10 ŕ 20 000 exoplančtes.
Alors bravo ŕ toutes les équipes qui ont travaillé sur Gaia. Certaines on achevé leur mission, il s’agit des industriels comme Boostec en France, Astrium en France, Amos en Belgique, Thales Alenia Space Belgium, Spacebel, etc. Mais il s’agit plus largement des 30 laboratoires et 450 personnes mobilisées en Europe, dont plus de 100 en France. Maintenant ŕ tous nos centres spatiaux, le CNES, le centre de contrôle de la mission Gaia, ŕ l'ESOC ŕ Darmstadt (Allemagne), ou encore des autres membres de l’ESA de suivre la mission et d’interpręter les données si précieuses qui nous seront retransmises.
Pourvu qu’en cette veille de Noël, les coordonnées de l’étoile du Berger ne soient pas trop chamboulées. Bonnes fętes.
Nicole B.