Dédié à Françoise Giroud qui portait les femmes en son coeur "bien qu'elles puissent être dures et froides comme des pierres avec des barbelés dans le coeur" l'essai de Christine Clerc trace le portrait de douze femmes de pouvoir , douze apôtres d'une Cène politique française singulièrement dépourvue de convivialité.
Si les portraits intimes de Simone Veil, pionnière, Ségolène Royal, souvent trahie, Cécile Duflot, mère de famille épanouie, Christine Lagarde et Valérie Pécresse rayonnent d'une lumière somme toute assez douce, il n'en va pas de même pour ceux de Martine Aubry, Rachida Dati, Marine Le Pen, Aurélie Fileppetti, Christiane Taubira dont la combativité rime avec sale caractère quand ce n'est pas mensonge ou opportunisme.
" Je me remets beaucoup en cause, déclare Aurélie Filippetti. Se forger une carapace, ce n'est pas devenir insensible. Mais il y a une violence inégalée du pouvoir. Quand on fait campagne, c'est violent, exaltant, mais on s'attend aux coups. Une fois ministre, ils viennent de partout, à tout moment. Entrer au gouvernement, c'est franchir le mur du son."
S'il est certain que l'exercice du pouvoir suppose reins et santé solides, il va sans dire que la société demande aux femmes d'afficher en plus une féminité et une maternité réussies. Rares sont les mariages qui résistent aux carrières au sommet, rares, les compagnons qui acceptent d'endosser un rôle encore résolument dévolu à la femme.
"Voilà pourquoi, peut-être, malgré tant de diplômes et de talent, leur ascension s'est arrêtée au pied des marches de Matignon et de l'Elysée."
De la course à la mairie de Paris ou à la présidence de la République - seules Nathalie Kosciusko- Morizet et Marine Le Pen " deux guerrières douées de charisme" semblent présidentiables - le chemin est rude pour les escarpins
AE
Les conquérantes, Christine Clerc, essai, Ed. Nil, novembre 2013, 382 p, 21.5 €