Silvio Casagrande est né à Vérone en 1884. Il a donc reçu une éducation typique de la région vénète de l’époque, aux côtés d’autres artistes prometteurs, comme Guido Trentini, Zamboni, Felice Casorati, Ettore Beraldini, etc.
Dans sa première période, sa peinture est marquée par la sécession viennoise et par l’impressionnisme.
Ce jeune peintre ne se contente pas de participer activement au monde des beaux-arts, mais fréquente également des hommes de lettres, comme Berto Barbacani et Giaccomo Muraro. Il suit avec attention tout se qui se passe dans le monde de l’art.
Parallèlement, il mène une carrière au sein d’une institution bancaire, ce qui l’amènera à quitter Vérone en 1922, et vivre dans diverses villes : Trento, Rovereto, Bergamo, Bolzano et Udine, pour finalement s’installer à Venise en 1934. Après avoir abandonné son travail à la banque, il vivra à Mestre, depuis 1965 jusqu’à sa mort.
Il rejette l’intransigeance idéologique de Mussolini, et, en dépit des pressions qu’il subit, rejette la carte fasciste. Un choix qui va contribuer à l’isolement de l’artiste et à son impopularité auprès du régime.
Le peintre continue sa voie, alors que ses contemporains parcourent de nouveaux itinéraires artistiques, qu’ils défrichent avec talent et créativité. Alors que le cubisme, le surréalisme apparaissent, il semble relégué dans un passéisme figuratif prudent et marginal. Mais sa représentation traditionnelle de la réalité n’est pas sans être empreinte d’un certain romantisme et d’une veine poétique.
Ce lyrisme atteint son apogée, grâce à l’influence de la lumière vénitienne, intense et chaleureuses dans les vues qui représentent les gondoles à la pescheria, le Rio dei Mendicanti, les églises de Cannaregio, S. Barnaba, S. Marco et le Bacino. Les Bragozzi in laguna, del 1924, montre une analyse minutieuse des détails, au premier plan le reflet des péniches dur l’eau, jusqu’aux arbres coupés qui donnent un fort sentiment de respiration vers le haut.
Il ne réapparaîtra à la lumière, seulement un an avant sa mort, en 1971, avec une exposition personnelle à Vérone qui connaîtra un vif succès.
Il est mort en 1972, à Mestre.
Les curieux noteront l’aspect avant-gardiste de sa signature : regardez bien, il signait avec l’arobase (une invention vénitienne).