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Est-ce la maladie de sa grand-mère dont la mémoire s’efface avant de mourir qui emmène notre héroïne sur la vague du souvenir de ses propres racines pour aborder finalement sur les rives de son avenir ? On peut le supposer car tandis que l’aïeule ne veut plus se souvenir de sa fille morte prématurément, la petite fille (notre héroïne) décide de rechercher son père inconnu et à travers cette quête semble vouloir atteindre un point fixe d’elle-même.
Cette œuvre de questionnement cherche une réponse à la question suivante : qui sont nos parents, qu’y a-t-il derrière les visages qui nous ont engendrés ? Cela ne traduit-il pas le besoin inné de chaque enfant de vouloir ouvrir des yeux émerveillés sur quelque chose qu’il puisse admirer : l’amour de ses parents ? Et si chacun de nous a une histoire qui lui est propre, il est évident qu’elle plonge ses racines très loin. Mais cette plongée profonde, pour être positive et non destructrice, doit être le moyen de se rendre compte que la valise que l’on porte (celle qui contient des évènements clés qui nous ont construit et sur lesquels il faut prendre le temps de s’arrêter pour les analyser) n’est pas un poids mort que l’on doit traîner ad vitam æternam mais au contraire, une source de lumière naturelle qu’il faut atteindre au préalable de tout projet d’avenir.
En effet, comme l’exprime notre héroïne, « une plante privée de lumière rassemblera toutes ses forces pour trouver un soupirail, et une fois sont but atteint, elle sera plus robuste parce que, face à un obstacle, elle aura réussi à le surmonter ». Ce combat permanent entre la vérité de la lumière naturelle et le mensonge des lumières artificielles dont nous sommes prisonniers se termine en Israël où la jeune femme part à la rencontre de ses origines juives et de la Torah dont elle découvre la fonction d’aide : « elle est comme le tuteur de cet arbrisseau, elle nous aide à monter tout droit, à aller à la rencontre du ciel sans que nous soyons brisés par les tempêtes ». Pour conclure, le débat est ouvert sur l’option qui consiste pour l’homme de choisir de vivre une existence banale sans se poser de questions qui l’entraînera inexorablement vers le bas ou bien de laisser s’exprimer les doutes et les interrogations qui nous poussent à chercher toujours la lumière et donc à lever les yeux vers le ciel, vers le haut. Quand on opte pour cette deuxième solution, il ne reste plus qu’à ouvrir les portes et les fenêtres de la vieille bâtisse de son enfance pour chasser l’odeur de renfermé et laisser entrer la lumière estivale par flots, éclairant ainsi la pénombre des pièces. Cette sorte de pèlerinage intime à travers tout ce qui se réfère aux origines mènera finalement la jeune femme jusqu’à elle-même. Libération accomplie !
Auteur:Susanna Tamaro - Traduction: Marguerite Pozzoli - Editeur: Pocket - A acheter via notre partenaire