« … Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre... » (Livre de la Genèse)
"Peut-on tolérer quelque part des animaux sauvages qui font ce qu'ils veulent, qui vont où ils veulent? Au lieu d'être soumis à notre volonté? La réponse est: NON. Sans équivoque. Partout ! "On ne va quand même pas laisser ça comme ça!" (...)
"Les diplodocus ont disparu, et dans la région, on les regrette pas spécialement". Voilà en substance ce que déclarait récemment un maire pyrénéen à qui l'on posait le problème de la survie de l'Ours. (...) Encore une fois, la nature, c'est ce qui n'est pas nous. Doit-on laisser exister dans l'univers des choses que nous ne savons ni diriger, ni produire? De l'AUTRE?" (François Terrasson)
Les défenseurs de la Nature font sourire certains, pour d’autres, ils les agassent. Alors ils dénigrent « les écologistes de salon », les « bobos parisiens » défenseurs des « petites fleurs » ou des « petits oiseaux » ou des « orchidées » ou des..., les objets d’attention sont interchangeables : grand hamster, ours, ou n’importe quelle espèce animale ou végétale. L’important n’est pas l’espèce, mais l’image qu’on se fait de la Nature, le rapport qu’on entretient avec elle.
La phrase : « Il y a des choses plus importantes que de s’occuper de... » est un véritable serpent de mer chez tous les adversaires profonds de la Nature et donc de l’écologie. Elle revient à la surface dans tous les débats entre les « écologistes hors sols » et les représentants politiques « responsables » des « gens sérieux » qui croient avoir les pieds « sur terre » :
- les économistes qui veulent de la croissance économique et plus d’ouverture des marchés pour diminuer les charges et augmenter la compétitivité des entreprises,
- les banquiers qui veulent plus de profits,
- les industriels pour satisfaire leurs actionnaires,
- les agriculteurs de la FNSEA pour obtenir de la PAC plus de subsides,
- la gauche (en général) et les syndicats en particulier qui désirent... plus de croissance économique pour plus d’emplois et une meilleure répartition des revenus.
Pour ces anthropocentriques, l’homme est en position centrale ou dominante et « à choisir entre l’homme et ... », ils choisissent toujours l’homme (ou eux), peu importe les conséquences pour les autres (hommes ou espèces). Ils n’hésitent pas à affronter ces « chevelus, barbus et farfelus » qui dans leur monde imaginairet utopique e s’intéressent à des futilités, à des choses « inutiles », des petites fleurs, des petits zoziaux ou autres bestiaux sans rentabilité (espèces non domestiques, non comestibles, non chassables, non commercialisables), voire sauvages, effrayantes, dangereuses ou nuisibles. Ils les présentent comme des adeptes du "retour au moyen-âge", des partisants de l'éclairage à la bougie, désireux de vivre dans des yourtes équipées de toilettes sèches.
Pour eux, les écologistes sont des empêcheurs de tourner en rond (remplacer tourner par produire, chasser, rentabiliser, exploiter, délocaliser etc.).
Derrière ces phrases se cache le mépris de la nature et des autres visions des rapports de l’homme à celle-çi. Autres visions, de toutes façon négligeables, dont bien souvent ils ignorent tout, confondant écologie politique et écologie scientifique, écologistes et naturalistes, militants biocentriques (« des groupuscules d’activistes délinquants, quasi terroristes, des zoolâtres! ») ou écocentristes (« des militants de la deep ecology! »), qu’on étiquette facilement de « citadins anti-humanistes » qui feraient bien de s’occuper des choses bien plus importantes que de défendre... (au choix).
Ils ne parlent pas de Nature, « ce qui existe en dehors de toute action de la part de l’homme, ce qui ne dépend pas de notre volonté » mais d’ « environnement ». Ce qui les place au centre du monde, alors qu’en fait ils placent l’homme au sommet de la hiérarchie des valeurs et des "créatures". Ils disent préférer à l’environnement des projets sociétaux plus globaux, bien souvent plus proche de leurs intérêts personnels que de l'intérêt général.
Bien sûr, eux sont les « vrais écologistes », ils font du « développement durable » depuis toujours puisqu’ils cherchent à se développer durablement. Alors il est inutile de promouvoir le changement, lui préférant toujours plus de la même chose. Ne changeons surtout rien à nos pratiques de consommation, de production, d'extraction, à nos comportements. L'emploi est bien préférable à un environnement de qualité. Respectons l’Homme et ses traditions, ses « activités associatives rurales ou traditionnelles, légales » ses traditions culinaires et ses loisirs classés au patrimoine mondial de « l’Humanité »...
Chacun a sa propre vision du monde, et pour bien comprendre les controverses liées à la protection de la nature (avant) ou de l’environnement (maintenant), la terre, la biodiversité, le climat, l’énergie, l’agriculture, l’alimentation, la pollution, il faut au moins savoir, et comprendre, que les rapports Humains à la Nature des tous les acteurs sont différents. Il y a toujours des choses plus importantes que d’autres, mais ce ne sont pas forcément les mêmes pour tous.
Lire « L'éthique environnementale ou la relation de l'Homme à la Nature »
« L’orsqu’entrent en conflit une réalisation au profit des citoyens et une protection au profit des espèces, le maire et ses élus ne peuvent s’empêcher de penser que les uns votent, les autres pas. (…)
Si je m’inquiète et si je doute, c’est parce que je ne cesse de voir, les politiques reprendre d’une main, sur le terrain local, ce qu’ils ont abandonné de l’autre, sur le terrain national. Obsédés par leur réélection, conditionnés par l’opinion et les sondages, engagés dans un processus d’échanges clientélistes où les intérêts personnels l’emportent souvent sur l’intérêt général, les élus locaux ne me semblent pas suffisamment conscients des priorités environnementales. Certes, ils font semblant, comme l’ont fait, avant eux, les élus nationaux. Mais à voir l’intensité du combat qu’ils mènent pour toujours repousser à plus tard la protection le la nature et pousser plus loin les réalisations à rentabilité financière et électorale immédiate, il m’a paru nécessaire de tirer mon petit signal d’alarme.
La seule différence, c'est qu'ici, même les politiciens nationaux ont toutes les caractéristiques des "élus locaux contre nature". Dans le cas du ministre de l'agriculture, on n'en est pas autrement surpris, mais la ministre de l'Ecologie aussi, se moque de la nature, toute occupée qu'elle est à préparer la suite de sa carrière politique, en réécrivant les discours du président. On se demande où elle cache sa "conscience des priorités environnementales". (Jean-Pierre Giran)
L'émotion, il faut la laisser aux utopistes : « On ne peut pas se sentir à l’écart : montagnes, plaine et ciel irradient la beauté que l’on ressent. On baigne dans ce rayonnement spirituel ; on s’y tourne en tous sens comme lorsqu’on se réchauffe à un feu de camp. On perd bientôt la conscience d’exister de façon autonome, on se fond dans le paysage et on devient une partie, un élément de la nature… » (John Muir)
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