- Des célibataires épanouis
- Le couple reste la norme
- Célibataire et heureux ?
- Témoignage : « Je me suis découverte d'assez bonne compagnie »
Des célibataires épanouis
Parmi les solos, ils sont nombreux à prouver qu’il est possible d’exister et de s’épanouir en dehors de la vie de couple, qui est souvent loin d’être un long fleuve tranquille. Lui préférant, un temps au moins, le célibat. Pour Léa, 41 ans, vivre seule est un choix. « Je ne me marierai pas, j'ai vu trop de désastres autour de moi. En revanche, je ne dis pas que je ne craque pas de temps en temps. Avoir un compagnon de route est appréciable, mais pas à temps plein. » D’autant que les femmes, qui ont acquis leur indépendance financière, ont maintenant ce choix.Exit l’image du célibataire malheureux et laissé pour compte. Place à celle d’un célibat qui peut être source d’épanouissement. La clé ? « Se fréquenter soi-même, être davantage à son écoute, répond Dominique Contardo-Jacquelin, psychothérapeute. S’interroger sur ce qui me ferait plaisir, sur les personnes que je pourrais rencontrer… » Et aussi, trouver d’autres domaines de réalisation de soi que le couple : professionnel, artistique, associatif, sportif… Mais les célibataires ont beau prouver qu’exister autrement qu’à deux est possible et jouir d’une image plus positive qu’avant, ils continuent de déranger.Le couple reste la norme
Isabelle a 37 ans. Elle est aujourd’hui seule et sans enfant. « Lors des réunions familiales, je génère de l’indifférence ou de la gêne. Au travail, j’essuie toutes sortes de remarques. Auparavant, cela me faisait bondir. Maintenant, j’essaye de me détacher de ce miroir qu'ils projettent sur moi et qui n'est en rien mon reflet. » Aujourd’hui encore, on continue d’attendre du célibataire qu’il trouve un jour sa moitié. Si possible avant d’avoir atteint la trentaine, décennie fatidique pour tous ceux qui ne sont pas encore « casés ». Quant aux quadras et quinquagénaires séparés, il leur revient de tourner rapidement la page et de retrouver quelqu’un sans tarder. « La pression est en fait beaucoup plus insidieuse, explique Florence Maillochon, sociologue et chargée de recherche à l’Ined. Nous sommes élevés dans une idéologie très libre, régie par le culte de l’individualisme. Il n’y a plus d’obligation à former une famille traditionnelle. Mais l’incitation à être en couple demeure très lourde. »Médias, publicités, sites de rencontre… Partout, c’est l’apologie du couple, qui, dans notre société soi-disant décomplexée, reste la règle. C’est un signe de socialisation et, il faut l’avouer, une façon de se rendre l’existence plus confortable : pour affronter la vie et ses épreuves, pour acheter une maison, partir en voyage, ou tout simplement, aller à l’hôtel, mieux vaut être deux. Dans un monde où tout est conçu pour les couples, « il est difficile d’être seul, ajoute Jean-Michel Hirt, psychanalyste. Beaucoup de gens sont convaincus, et je crois, à juste titre, que la grande aventure d’une vie est une histoire d’amour. C’est ce qui est le plus exaltant. »Célibataire et heureux ?
En couple, se dit-on, il y a cette joie de pouvoir échanger, partager ensemble. « Le jour où je me suis mariée, je me suis sentie soulagée, raconte plumedepaon, notre psychonaute. Je ne m’imaginais pas pouvoir être heureuse autrement. » La vie à deux, une condition au bonheur ? Pour Jean-Michel Hirt, « cette aspiration au couple vient de l’enfance. Si ses parents ne s’entendaient pas, on rêve d’avoir une compensation à l’âge adulte. Sinon, on cherche à revivre quelque chose de bon. » Même si nous passons par des périodes de célibat, notre idéal serait donc de trouver quelqu’un avec qui avancer, se construire…« Mais le diktat du couple n’existe plus, analyse Dominique Contardo-Jacquelin. Le couple est l’une des facettes de la construction de l’identité. Aujourd’hui, chaque individu est autorisé à devenir lui-même, sans pour autant être en adaptation avec quelqu’un d’autre. Pendant longtemps, les femmes se sont définies par rapport à leur mari. Aujourd’hui, c’est terminé. Chez de plus en plus de personnes, on retrouve une exigence fondamentale : devenir soi, définir ses goûts, faire des choix… Soi-même. Et non en fonction d’un autre ». Et si bien vivre son célibat, cette occasion privilégiée de se réaliser en se retrouvant en tête à tête avec soi-même, était le meilleur moyen de retrouver, par la suite, plus facilement l’amour ?Le célibat, une période transitoire ?Novembre 2009. « Nouveau départ », le Salon du divorce, de la séparation et du veuvage se tient pour la première fois à Paris. Objectif : permettre aux futurs et actuels divorcés de réussir leur séparation. Et surtout, de refaire leur vie. Clubs de rencontres, coaching en tout genre -relooking, déco-, agence proposant des voyages en solo… Après la séparation, un nouveau mariage ? Tout semble inviter ces célibataires à ne surtout pas le rester trop longtemps.