Magazine Journal intime

La Nuit des Autres

Par Eric Mccomber
Noël. Mes plans étaient tracés. Je devais me soumettre aux fêtes dans la belle-famille. Ça va, ils étaient sympa. Ensuite, je devais passer quelques longues journées à faire la bête à deux dos. Dormir, lire, me marrer, quoi. Du coup, c'est pas comme ça que ça se goupille, mais alors, pas du tout.
J'en chie. 
La minette vient de sortir sur les toits. Elle est assise sur les tuiles à la pluie et quand je passe à la fenêtre, elle tourne la tête et me regarde d'un air incliné et inquiet. De temps en temps, quand elle est avec moi dans la chambre, je la vois frotter ses joues contre certains trucs qui ont longtemps séjourné à Paris, chez celle que je dois désormais appeler… mon ex petite perle. Ce sont souvent ces petits trucs de rien qui me déclenchent les crises. Je dois me lever, quand ça me prend. Ça m'a tant irrité les voies, tout ce sel, toute cette eau, que me voilà grippé sévère. C'est évidemment pas cette courte et bouillante histoire qui me broie ainsi tout le corps, l'âme et le cœur. Six mois jour pour jour. Qu'est-ce, dans une vie comme la mienne qui fait office de musée des ouragans ? Un petit vent. À peine un frémissement dans les feuilles mortes du temps, qui jonchent les parterres, qui se soulèvent et se déposent, qui se retournent et virevoltent. Qui sèchent lentement. Bref. Non, c'est tout qui remonte. De la tendre (pas tant) enfance à l'adolescence (hard) en passant par mes différentes tentatives de « carrière ». Chuis vraiment de guingois. Je l'ai sans doute toujours été. Je ne m'en rends vraiment compte qu'aujourd'hui. Que dire d'autre.
Que les pensées morbides m'attirent ce jours-ci, surtout le soir, surtout ce soir. Y a un cable XLR en particulier, vert comme l'espoir, et un madrier bien solide… en bois dormant. Enfin. Je veux faire de peine à personne, hein. Je n'ai, encore et encore, que moi-même à blâmer. Mais bon… Ressortir les outils pour rouvrir mon vieux coffre rouillé, tant de fois noyé sous les trombes cramoisies ou salées… Même repartir à l'assaut de l'illusoire bonheur rock'n'roll… Même recommencer à espérer l'intervention d'un business digne de ce nom qui saurait agir en adulte et traiter mon prochain tas de feuillets avec le minimum de tendresse, de soin et de planification que requiert une telle opération pour pouvoir devenir pérenne, durable, survivable… Non. Trop fatigué. Alors je cuisine des ptits blues. Je les enregistre. S'il m'arrive malheur, ils sont là… Venez les prendre. Faites-en ce que vous voudrez. La voix est pourrie, je tousse du sang.
Je disais tout à l'heure à la pote qui semble avoir été déléguée par le village des femmes pour me remonter le pendule : « toutes mes routes sont arrivées au bout en même temps ». Cul de sac. Cul tout court. Rien. Autrefois, j'aurais picolé. Ça aurait passé, sans doute. Mais bon, j'ai usé cet expédient à la corde. Y a plus. Plus de jus, plus de lendemains (même muets), plus de soleil, plus de lumière, plus de joie. C'est-à-dire que cette dernière avanie m'intoxique les batteries, pourrit jusqu'à mon désir de rencontrer, de m'ouvre-boîter, de laisser entrer le corps étranger, de montrer mes labours, surtout, de prendre en moi, de recevoir, d'accepter, d'accueillir, d'apprendre, tout ça. Tout ça qui fait partie du cadeau que je fais chaque fois et qui ne m'est (presque) jamais rendu. Eh oui. C'est ça, le truc. Le poison dans le pudding, petit.
Tiens, je te reparle, à toi. Je te croyais réincarné depuis belle luette.
Je sais, y manque un R. Un R oublié… Y a plus que ça pour faire une chanson.
Une chanson, tiens, j'en avais pas trop écrit sérieusement depuis les années 90.
7 depuis vendredi. 12 la semaine d'avant. 
On continue, allez. Comme prévu, en plus !
¡Y basta !
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