Vouloir ce que l’on n’a pas

Publié le 24 octobre 2013 par Thescientist @singlexperiment

Vouloir ce que l’on n’a pas … et ne plus vouloir ce que l’on finit par obtenir, pour compléter ce titre trop long.

Ami lecteur, si tu es concerné pas ce cliché d’enfant gâté, ne t’en fais pas, tu es humain. Alors d’ici à ce que ton esprit soit implanté dans un corps mi-robot mi-requin (oui, les requins c’est cool), tu devras composer avec ta nature profonde d’être humain indécis. Si tu n’es, au contraire, pas au fait de cet état psychologique, laisse-moi t’en faire la description.

C’est à dire ?

Imagine un jeune enfant en train de jouer. Dans sa main droite, un ours en peluche ; dans sa main gauche, une figurine ; devant lui, une balle en mousse.

Si tu saisis ostensiblement la balle en mousse et que tu lui fais bien remarquer combien cette balle est magnifique, géniale et spirituelle, l’enfant lâchera probablement l’un de ses jouets, voire les deux, pour s’emparer de cette superbe balle.

Récupère alors l’un des jouets gisant au sol, la peluche par exemple, et amuse-toi avec en faisant remarquer à l’enfant sa douceur, sa force et son intelligence. Ce petit con débile lâchera la balle pour l’ours !

Bien sûr, ami lecteur, nous sommes de grandes personnes (si ça n’est pas le cas, je t’invite à demander la permission d’un adulte -ton papa, ta maman, ou ton kidnappeur- pour consulter ce site). Les jouets de notre exemple à la métaphore subtile, sont des gens … comme dans notre vie d’adulte où les gens sont des jouets. L’enfant est, quant à lui, le sujet. Il peut s’agir de l’une de tes connaissances dont tu as été la balle ou l’ours en peluche, ou de toi-même. Laisse-moi te rassurer, ton cas n’est probablement pas isolé.

Jouer

Au stade initial, ami lecteur, tu es là, tranquille, en couple ou célibataire, qu’importe, tu es bien avec ce que tu as. La vie est belle.

Désirer le nouveau jouet

Puis, une balle over sexy que nous appellerons Cindy ou un ours en peluche beau et charismatique que nous appellerons John arrivent, satan-seul-sait-comment, dans ta vie. Te voilà tenté de choisir un nouveau jouet du sexe de ton choix. Alors, certes, dans la vie, on ne se sert (hélas !) pas comme dans un supermarché, mais tu mettras en œuvre ce qu’il faut pour obtenir ce que tu veux.

Vouloir ce que l’on n’a pas est naturel, que dis-je, c’est primitif ! Tu seras toujours poussé à acquérir de nouvelles choses et, concernant le sujet des relations humaines qui est le nôtre, de nouvelles personnes (et par « acquérir » j’entends pas mal de choses, mais on pourra simplifier tout ça en sous-entendant « pécho », « niquer », « sortir avec », « épouser » … à toi de voir ce que tu veux).

Ne plus vouloir du jouet nouvellement acquis

Rencontrer l’autre, le séduire, coucher avec, tomber amoureux (ou le faire tomber amoureux), sont parfois pour certains des phases plus stimulantes et intéressantes que le résultat qui en découle. Si bien qu’après vient l’ennui.

Il arrive, ami lecteur, que la quête soit bien plus importante que l’objet de la quête (qui a dit quéquette ?).

Désirer le jouet perdu

Vouloir récupérer ce que l’on t’a pris, ou ce que tu as perdu par manque d’attention est bien normal, me diras-tu, ami lecteur à la logique implacable. Il s’agit d’un manque immédiat et basic que tu souhaites combler.

Mais là où les choses sont plus difficiles à comprendre, c’est lorsque notre sujet souhaite récupérer ce dont il s’est volontairement débarrassé. Donc, dans notre cas, en tentant de reconquérir quelqu’un qu’il a plaqué un peu plus tôt comme une merde.

D’un point de vue extérieur, ami lecteur, tu verras peut-être cette personne comme indécise et seras peut-être tenté de l’insulter d’anus de diarrhéique. Tu auras probablement raison, cependant, il se trouve que dans le quotidien et la lassitude d’un couple, les choses sont un peu plus complexes.

La volonté de notre sujet de vouloir récupérer la moitié qu’il a plaquée est généralement induite par l’une, l’autre ou toutes raisons suivantes :

-Le manque (« ah, Cindy savait tellement bien plier les chaussettes, je ne peux me résoudre à porter des chaussettes toutes froissées » ; « John était si fort pour ouvrir les bocaux de cornichons, je ne peux imaginer ma vie sans en manger » ; « J’ai envie de niquer »)

-Le fait que, tout comme avec le bambin du début, quelqu’un d’autre constate les qualités évidentes de la balle et de l’ours en peluche. Comment ? Il suffit que John ou Cindy sortent avec quelqu’un d’autre. Ou qu’ils soient tout simplement courtisés. C’est un phénomène similaire à celui de « l’intérêt multiple » dont j’évoquais les détails dans cet article brillant.

-Enfin, le désir de se rassurer. Le sujet a une vie de merde et souhaite s’assurer qu’il a toujours une influence sentimentale sur un être simple, faible, et malléable, en l’occurrence, son ex, ou tout autre personnage bavant et hagard face à lui. Il pourra alors éventuellement souhaiter se (re)mettre en couple avec en cas de disette (qui a dit « bouche-trou-du-cul ? ») ; ou simplement s’assurer de la loyauté de son ex, ou de son ami(e) bavant, en poussant ce(/tte) dernier(/ère) à lui déclarer allégeance à coup de « toi et moi, ça ne sera jamais vraiment terminé/il y aura toujours quelque chose » et autres lignes de dialogues tirées de mauvais films romantiques.

Quelques fois, il faut avoir perdu quelque chose (ou quelqu’un, en l’occurrence) pour en apprécier la teneur. *smiley cœur qui fait une petite moue*

… Et d’autres fois, l’indécis est en fait un connard possessif ou une connasse caractérielle. Mais, eh, ça, tu n’en seras pas certain avant d’en avoir déjà trop vu.

En conclusion

Si tu as jeté ta moitié comme une merde un peu plus tôt, ne cherche pas à la récupérer, tu la jetteras à nouveau pour la même raison plus tard, un peu de respect quoi.

Si ton ex cherche à te récupérer après t’avoir plaqué comme une merde un peu plus tôt, n’accède pas à sa demande, tu te feras jeter à nouveau pour la même raison plus tard, un peu d’amour propre quoi.

Si tu as fait l’une ou l’autre de ces erreurs, ne t’en fais pas, tu es un être humain. Tu te flagelleras avec des nouilles trop cuites en marmonnant des pater noster et tu m’enverras un chèque pour expier.

Enfin, laisse-moi te rappeler ce proverbe super glauque existant dans 43284 langues et dialectes et déclamés par tout autant de philosophes frustrés sous prozac : Quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a.