Il y a bien longtemps, si longtemps qu’il me semble que cette époque appartient à une autre vie, j’évoquais non sans poésie, la beauté de l’amour à l’heure d’internet dans cet article brillant. Je reviens aujourd’hui, force d’âge et de sagesse, sur ce sujet superbe.
C’est au cours d’une conversation épistolaire numérique avec mon ami lecteur Georges Ou Pas que nous abordâmes le sujet passionnant des sites de rencontres. A sa demande, je livrais mon analyse, au demeurant interminable remarquable, à ce propos. Nous échangeâmes maintes missives entre érudits éclairés. Et puisque tu en es également, ami lecteur, je partage avec toi mes conclusions dans leur version enrichie.
Je te propose donc, ami lecteur, une série d’articles (même s’il n’y en a que 2, ça reste une série, n’est-ce pas ?) au sujet des sites de rencontre.
N’hésite pas à témoigner ou compléter mes propos dans les commentaires, sur la page facebook du blog, ou sur la porte ou le mur des toilettes public/de bar/chez mémé (je n’encourage pas à la dégradation de lieu et d’objets, j’adore seulement lire les graffitis de WC).
Dans ce premier billet, nous allons étudier le succès des sites de rencontre. Pour ce faire, nous allons nous appesantir sur des notions que tout le monde a. Oui, ami lecteur, je vais (comme toujours) énoncer des évidences et des lieux communs, sauf que moi, contrairement à ta boulangère, à ton chauffeur de taxi, ou à ton avocat, je vais le faire (comme toujours) avec classe.
La demande
Ami lecteur, tu travailles 12h par jour, tu voyages entre Viennes et Bruxelles, et quand tu retrouves ton charmant 50m² de banlieue ouest au parquet de pin, tu nourris tes chats, tu finis ta près’ pour demain sur un coin de ton canapé, avant d’imprimer à ton matelas à mémoire de forme la silhouette de ton corps las.
Bien sûr, lors de tes conventions internationales, tu feras des rencontres et auras le luxe de souiller la langue de Shakespeare, de Goethe, de Cervantes ou de Mussolini par quelques sextos échangés avec nombre de canons et autres beautés exotiques d’Europe. Hélas, la distance avorte n’importe quelle relation.
Tu feras des rencontres le jeudi soir au club d’impro, de sport, ou d’initiation aux forces du mal, auquel tu as adhéré en septembre, c’est après tout pour ça aussi que tu t’es inscrit. Hélas, aucune ne te fera vibrer pour autant.
Tes rares coups de cœur rencontrés au hasard de vos connaissances mutuelles ne te rappelleront pas nécessairement.
Il arrivera qu’à tes moments perdus, tu retrouves tes bons amis et que tu t’immerges gaiement dans une marmite sociale que tu dilueras de quelques pintes à 8 euros bien mérités dans ton bar préféré du centre-ville. Mais aussi bonne que soit la soirée, les opportunités de chopper restent minces. Tu étais avec tes bons amis, tu n’étais pas nécessairement en chasse et mine de rien, même pour toi qui a une vie sociale dense et qui sors régulièrement, les opportunités de nouvelles rencontres sont plutôt rares.
L’offre
S’il n’est pas évident de rencontrer de nouvelles personnes avec une vie sociale riche, bien des gens n’ont carrément plus le temps de sortir et de rencontrer d’autres gens. Quand bien même l’occasion se présente de rencontrer de nouvelles têtes, le choix sera somme toute plutôt restreint.
Par ailleurs, le mode de vie de l’humain moderne a été chamboulé par l’informatique et internet. Sa vie sociale, sentimentale et sexuelle ne fait pas exception, et non, je ne parle pas uniquement de l’offre fantastique de matériel à caractère pornographique que tu peux trouver en ligne !
Ces échanges entre êtres humains peuvent aujourd’hui être rationalisés, optimisés, comme ils ne l’ont jamais été. Aussi pourquoi ne pas confier à quelques savants algorithmes, le soin de te dégotter le partenaire optimal … ou à défaut, de te permettre de te dégager du temps afin de multiplier les rencontres !
La recette est simple. Une photo, un profil. Tu complètes tes infos, tu consultes celles des autres. Tu prends ou tu passes ton chemin. Le site a idéalement fait un tri sommaire des faux profils ou des tarés par une modération redoutable, pour que l’utilisateur ait en main des produits à priori correctes parmi lesquels il pourra choisir, et qu’il pourra éventuellement rencontrer / goûter / essayer / user / jeter. Les sites de rencontre c’est le taylorisme de l’amour.
Les raisons principales qui font s’inscrire les gens
-l’espoir de trouver sa moitié idéale (normal !)
-la solitude ou la peur de finir seul (un classique !)
-l’envie de copuler (rien de plus naturel !)
-pour faire de nouvelles rencontres (un peu faux-cul, ce prétexte regroupe, en fait, les trois points précédents)
Finalement ce sont les même raisons qui font qu’on a envie de rencontrer quelqu’un également dans la vraie vie !
C’est parce que les sites de rencontre répondent à ces besoins simples et connus qu’ils marchent si bien !
Ajoutons à cela un brin de pression sociale :
-ton ami(e) qui t’a encouragé à le faire
-ton ami(e) qui a rencontré sa moitié en ligne
-ton ami(e) y est, s’y amuse et rencontre pleins de gens sympas et baisables
Mais sacrebleu ! C’est merveilleux ! Je signe où ?!?
Je me souviens d’un temps pas si lointain où trainer sur les sites de rencontre était un truc de loser asocial passablement laid incapable de séduire dans la vraie vie. Certes, c’est toujours vrai. Cependant, de nos jours, les sites de rencontre sont aussi une offre complémentaire à la vie normale des gens normaux qui rend simplement la quête d’une proie plus facile. Comme ça, ami lecteur, si tu n’en as pas assez de te prendre des râteaux en soirée, tu peux aussi en prendre chez toi, au chaud derrière ton écran ! Hourra !
Aujourd’hui, plus que jamais, le célibataire est client, autant qu’il est matière première, c’est l’élément clé d’un business-plan bien rodé. Les sites de rencontres regorgent de techniques et de stratagèmes pour les faire venir, les faire rester et leur faire, idéalement, cracher quelques euros. Et pour ça, il y en a pour tous les goûts ! Tu trouveras forcément un supermarché où aller faire tes courses, et ça, ami lecteur, c’est exactement le sujet du prochain article.