Aujourd’hui, retour sur le deuxième film de Martin Scorsese, Bertha Boxcar, un drame où le cinéaste tente de rendre sa liberté à l’Homme.
Qui a dit que les séries B étaient forcément et foncièrement mauvaises ? En 1972, Martin Scorsese s’y adonne, chapeauté par le producteur Roger Corman. Pour son deuxième long-métrage, on donne quelques libertés au réalisateur. Mais encore une fois, à une seule condition (voir notre article sur Who’s That Knockin at my Door) ! Il faut des scènes de la chair nue toutes les quinze pages du scénario. Qu’importe ! Scorsese s’exécute et planche sur l’histoire (vraie) de cette jeune femme, Bertha Boxcar Thomson, en quête d’amour et de liberté. Un scénario qui peut rappeler alors au spectateur le Bonnie and Clyde d’Arthur Penn, où les évènements de Woodstock. Scorsese semble vouloir éclater les us, briser les ailes de la religion, et diagnostiquer à l’Amérique une fâcheuse tendance à la discrimination et à la xénophobie. Bertha Boxcar est en réalité un acte de rébellion, une envie d’indépendance et d’émancipation, marqué par un paroxysme final de violence, qui permet au cinéaste de faire voler en éclat ce qui, pour lui, représente une atteinte aux libertés. Le message est clair. Net. Cinglant. Et Scorsese, se défait de toutes formes de tabous. Ses personnages deviennent, parfois contre leur gré, des hors-la-loi prétendument dangereux. Même s’il ne représente pas un film clé marquant et essentiel de la filmographie de Scorsese, Bertha Boxcar n’est pas pour autant mal fichu. De bons acteurs. Une bande-son millimétrée. Une mise en scène simple mais bien pensée. De quoi, au final, ravir Corman (à qui le film ne coûte que 600 000 dollars), si ce n’est cette sévère interdiction en salles aux moins de 16 ans.
★★★☆☆