Une exposition très précoce puisqu’in utero à l’allergène augmente la tolérance et réduit le risque d’allergie alimentaire à l’enfance, conclut cette étude de la Northwestern University. Ses conclusions, publiées dans le Jama Pediatrics montrent en effet que si la maman a mangé des noix ou des cacahuètes durant la grossesse, alors le risque d’allergie chez l’enfant, est significativement réduit. De nouvelles données qui plaident aussi pour un régime alimentaire varié durant la grossesse.
Il faut rappeler qu’on a longtemps recommandé aux femmes d’éviter les aliments très allergènes comme les cacahuètes et les noix pendant la grossesse et pendant l’allaitement, et d’éviter également ces allergènes possibles aux enfants jusqu’à l’âge de 3 ans. L’objectif était, en l’absence de données scientifiques suffisantes, de minimiser au maximum l’exposition aux allergènes. Aux Etats-Unis, l’Academy of Pediatrics (AAP) avait approuvé ces recommandations en 2000, mais, face à la hausse spectaculaire des allergies alimentaires, les a annulées en 2008. En effet, la prévalence des allergies alimentaires infantiles et particulièrement à l’arachide, a triplé en moins de 15 ans, passant de 0,4% en 1997 à 1,4% en 2010 (aux Etats-Unis). Ces nouvelles données qui, a contrario, plaident pour une exposition précoce fournissent un moyen de prévention intéressant, voire l’opportunité de pouvoir inverser la tendance. Cependant, personne ne peut dire avec certitude si la recommandation d’évitement explique l’augmentation du nombre d’allergies.
L’étude a suivi 8.205 enfants nés de mères participant à la Nurses’ Health Study II qui avaient renseigné leur régime alimentaire peu de temps avant, pendant et après leur grossesse. 308 cas d’allergie alimentaire ont été recensés chez ces enfants, dont 140 cas à l’arachide ou aux noix.
L’analyse des données montre que les enfants dont les mères non allergiques ont consommé le plus (soit ici 5 fois ou plus par semaine) des noix ou des cacahuètes (ou du beurre de cacahuètes), ont le risque le plus faible d’allergie. Mais attention, ce résultat n‘est pas observé chez les mères déjà allergiques elles-mêmes.
Une tolérance accrue et une diminution du risque d’allergie alimentaire à l’enfance : Ces conclusions ne prouvent une relation de cause à effet mais confirment que l’exposition précoce aux allergènes est associée à des chances accrues de tolérance et de diminution du risque d’allergie alimentaire à l’enfance. Les mères non allergiques n’ont donc pas à éviter noix et arachide (cacahuètes) durant leur grossesse et l’allaitement. Dans un éditorial sur le même sujet et dans la même édition, un expert de la Northwestern University ajoute que ces nouvelles données confirment que la femme enceinte ne doit pas restreindre son alimentation pendant la grossesse et que si les femmes allergiques à certains allergènes doivent continuer à éviter leur consommation, leur alimentation doit rester la plus variée possible. Les noix et les cacahuètes sont une bonne source de protéines et fournissent également l’acide folique nécessaire en prévention des anomalies du tube neural.
Rappelons enfin qu’une étude de 2012, menée auprès de plus de 60.000 femmes et publiée dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology (JACI) montre aussi que la consommation de noix pendant la grossesse peut réduire le risque d’asthme chez l’enfant.
Source: Jama Pediatrics December 23, 2013. doi:10.1001/jamapediatrics.2013.4602 Children at Lower Risk for Peanut, Tree Nut Allergies if Moms Ate More Nuts While Pregnant (Visuel © Simone van den Berg – Fotolia.com)
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