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Le Géant égoïste, de Clio Barnard

Par La Nuit Du Blogueur @NuitduBlogueur

Note : 4/5

Arbor et Swifty sont copains de classe. Arbor est du genre à défendre son copain contre les moqueries de leurs camarades. Ils le traitent de gitan du fait des interminables dettes de son père et de ses nombreux frères et sœurs. Arbor vit avec sa mère et son frère, dépendant aux drogues. Swifty est régulièrement chez eux pour éviter les colères vaines de son père et la cuillère de ragoût froid. 

Arbor et Swifty sont bien plus que des copains de classe. 

Après une bagarre où Arbor défendait une fois de plus Swifty, les deux garçons sont exclus de l’école. Alors que Swifty, poussé par sa mère, tente de se racheter auprès de l’administration, Arbor ne pense plus qu’à gagner de l’argent en récupérant des câbles et de la ferraille. 

Ce qui ne devait être qu’un moyen facile d’aider leur mère financièrement devient un piège dangereux pour ces deux enfants. 

Pyramide distribution

Pyramide distribution

Ce film adapté de l’oeuvre éponyme d’Oscar Wilde a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes cette année où le talent des jeunes interprètes a été immédiatement reconnu. Alors qu’aucun d’eux n’est comédien, ils font preuve d’une grande aisance devant la caméra et interprètent leur rôle avec beaucoup de naturel. La complicité des deux enfants est palpable et joue un rôle crucial dans l’émotion du dénouement du film. 

En plus d’être une première expérience réussie de cinéma pour les deux enfants, leur mérite tient aussi de la complexité de leur rôle très grave. 

Le climat dans lequel se développe le film est digne des belles heures du cinéma social anglais (Raining Stones, Looking for Eric de Ken Loach, This is England de Shane Meadows…). L’environnement est pauvre, lié à la drogue et au marchandage, la police a peu d’influence concrète ; cette société est construite et dirigée par les individus entre eux. 

Le récit se déroule dans une petite ville grise de la province anglaise. Grise par ses bâtiments, grise comme le ciel pluvieux d’un début d’hiver, grise comme le moral de ses habitants. Ainsi, l’image du film pourrait décrire à elle seule l’état d’esprit des personnages adultes désenchantés. 

Toutefois, le film débute sur un très beau plan sur une nuit étoilée dans laquelle se dessinent en ombre chinoise un troupeau de chevaux. Ce plan est plus bleu que toutes les images du film et c’est le seul dans lequel apparaissent les nombreuses étoiles. Cette ouverture où figure le titre ressemble à un prologue de conte ; cette image est gorgée de tous les rêves et des espoirs des enfants. Les chevaux sont la passion de Swifty qui croira son rêve de jockey se réaliser par le moyen de Kitten le ferrailleur. Mais l’emplacement du troupeau est aussi le lieu où tout dégénérera et plongera les enfants dans un cauchemar périlleux.

Le Géant Egoïste est un sublime film d’une sensibilité à fleur de peau pour lequel la réalisatrice a su puiser dans la tendresse de ses comédiens plutôt que dans des frasques scéniques. Un concentré d’émotions qui affirme à nouveau le talent des auteurs anglais pour les contes sociaux. 

Marianne Knecht

Film en salles depuis le 18 décembre


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