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Comment l’école nous détourne des sciences

Publié le 24 décembre 2013 par Triton95

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J’ai relu Ivan Illich, dont je me souvenais comme d’une pensée plus simpliste que ce que m’en enseigne sa redécouverte. L’école est une institution plus destinée à formater qu’à instruire, instruction que l’on acquiert en réalité plus par soi-même que par l’école, auprès des autres, en lisant, et par ses expériences personnelles. L’école emplois la moitié de la société, et induit des blocages parce qu’il faut de plus en plus de diplômes pour accéder aux métiers, et qu’elle est une manière de renvoyer au néant tout ce qui n’est pas connaissance apportée par elle.

Je me souviens que l’école des années 70 avait poussé ce formalisme jusqu’à ne plus sélectionner que par les maths, à l’époque extrêmement désincarnées sous la formalisation qu’en avait fait le groupe Boubarski, et dénommées "maths modernes". A un point tel, que certains ne travaillaient que les maths au détriment de tout le reste, et étaient toutefois considérés comme des réussites par le système. Ce poids des maths sans aucune critique possible, sans remise, me semblait une forme de dictature d’où la véritable pensée était absente. Il m’a fallu m’y plier pour accéder à un bac scientifique, car je préférais de loin la biologie, et les sciences physiques, qui me semblaient receler une explication relationnelle du monde, bien plus que l’abstraction mathématique.

Même si je n’ai pas poursuivie dans le champ de la biologie, dont les débouchés étaient quasiment inexistants, je voulais approfondir cette matière, et l’école a failli m’en priver. Je l’ai perçue comme un système de centrifugation sociale et de contrôle des esprits, en imposant la pensée mathématique comme le critère objectif de sélection. Je me suis rendu compte, suite à la réflexion d’un copain, qui constatait que les matheux ne comprenaient pas vraiment ce qu’ils maniaient, ne possédaient aucune intelligence sur leur matière, mais étaient efficaces dans le maniement mécanique d’opérations dont le sens étaient hors de leur portée. Le secret du don en maths au lycée résidait dans ce constat, que l’on avait fondé tout le système sur une matière qui ne pouvait rien remettre en cause, du moins dans le champ de l’école, et à laquelle il fallait plier aveuglément pour y réussir.

La véritable science, avec ses imprécisions, ses bricolages, ses raisonnements, ses remises en cause ne figurait pas dans nos études. Tout avait été confié à une matière qui ne permettait aucun retour critique.



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