LECTURES
Ça tombe bien : on vient de recevoir le dernier numéro (42) de la plus belle revue de vin au monde : The World of Fine Wine, éditée par Neil Beckett, un écossais de père et de mère perdu chez les anglo-saxons londoniens où il survit avec élégance et empathie.
Dans son édito, Neil souligne les délicatesses qui entourent la critique du vin, tant les facteurs pouvant influencer une opinion, un commentaire, sont légion. Du goût personnel du critique à la température du vin en passant par le verre, le contexte - à table ou en pure dégustation -, avec des convives "bof-bof" ou des amateurs passionnés, on peut lister par dizaines les éléments qui, fatalement, entrent dans l'expression de la critique.
Bref, c'est plus que délicat et Hugh Johnson, probablement un des noms les plus connus mondialement par les oenophiles, n'a pas peur de poser une question majeure :
"The skeptic in me says not one in 50 people who buy Château Lafite could spot it blind. How many of them, to be brutally realistic, even particularly like the taste ?"
Toujours ce discours entêtant sur le rôle du contenant sur le contenu. Mais j'aime aussi la comparaison suivante qui montre bien à quel point, dans l'appréciation d'un vin, il y a le rêve de l'étiquette de prestige qu'entretiennent savamment des propriétaires protégés par une histoire, un classement, une culture, ou plus trivialement un marketing intelligent.
"Driving an Aston Martin clearly gives a glow behind the mere figure on the speedometer. In rare cases, it could be comparison with older vintages."
Pro domo, j'avoue que ce type de commentaire par un nom aussi éminent justifie pleinement la nouvelle approche du GJE à déguster en deux phases : d'abord à l'aveugle, puis ensuite, en gardant les mêmes verres, dans le même contexte, au même moment, en sachant qui est où.
Si rien ne serait plus crétin que de vouloir obliger l'évaluation d'un vin sur le seul contenu, en ne portant aucun crédit à l'étiquette, il n'en demeure pas moins qu'une des tâches majeures de la critique est de dire avec force et constance que bien des vins moins connus, très souvent nettement moins chers, méritent des éloges qu'on donne parfois trop facilement à tel ou tel, histoire de rester dans le rang et de ne pas paraître iconoclaste-stupide.
Juste un exemple : bu hier soir un Clos de la Roilette 2009 : un exemple parfait d'un vin de pur plaisir, nickel-chrome, dégusté avec délectation le sourire aux lèvres. Mérite autant d'éloges que bien des crus que le marché a porté vers des sommets financiers plus que redoutables.
Et, cerise sur le gâteau, bien content de lire qu'un des rêves de Hugh Johnson est la cuvée Volnay Santenots Jehan de Massol 2009, une cuvée que le GJE a acquis en totalité aux Hospices de Beaune dans le millésime 2005 : bingo !
Un autre article pose de justes questions sur l'influence que peut avoir auprès des amateurs le Classement des Bourgeois où Rollan de By 2011 se distingue avec Haut-Bages Monpelou et La Tour de Bessan.
De belles pages de verticales dont Krug et Beychevelle (pages 60 et suivantes). Un article questionnant la position de l'INAO sur les AOC où il est rappelé qu'en 1950, seulement 53 % du vignoble bordelais bénéficiait d'AOC alors que maintenant on trouve des AOC en GD à € 3 la bouteille ! Difficile de faire mieux pour perdre une réputation de chien de garde des qualités !
Enfin, toujours en dernière page (216) Michel Bettane évoque les évolutions majeures du monde du vin. Je retiens de ses trois propositions la dernière qui m'est chère : "The third and final issue is the return to favor of young wines." Qu'on arrête de nous bassiner sur l'obligation de faire systématiquement vieillir tous les vins. Si pour certains, c'est une évidence (exemple : Gouges ou Haut-Brion), pour la vaste majorité des crus où le fruit est bien présent, on doit appliquer une règle simplissime : tant que c'est bon, tant que le vin plaît, et bien, buvons le ! Et, histoire de confirmer ces choix, mettre de côté une ou deux bouteilles du cru dans un coin de cave qui s'appelle : "à oublier pour dix ans". L'histoire dira si oui ou non ce vin avait besoin d'un si long sommeil.
Je sais, je sais : cette revue est en anglais (nobody is perfect) et coûte cher : mais regardez sur Apple Store : elle existe maintenant en format IPAD. Le cadeau de dernière minute ? Un abonnement (4 n° par an) vaut largement bien des livres de redites qui coûtent bien plus chers.
LIVRE
Lecture du moment : "La faim du tigre" de René Barjavel. En folio, n° 847. Ou comment cet auteur trop vite passé de mode, revient aux fondamentaux de notre planète où tout est orienté vers la reproduction : des arbres aux insectes jusqu'à l'homme : c'est, selon Barjavel, ce qui commande fondamentalement toute évolution. Passionnant.
CINEMA
On attend le dernier Scorsese : "Le Loup de Wall Street" en n'oubliant jamais que malgré les dernières crises, tout semble continuer comme avant. Navrant !
DEGUSTATION
Toujours passionnant de ranger une cave qu'on a laissé dans un désordre quasi honteux. Où on trouve des vins qu'il faut vite finir et d'autres qu'on avait oubliés. Comment ranger tout cela ? Garder les caisses fermées avec le risque de faciliter les vols qui semblent augmenter de façon inquiétante ? Filmer les bouteilles pour préserver les étiquettes ? S'assurer, mais sur quelles bases ?
Outre donc une Roilette 2009 rapicotante à souhait, toujours autant de bonheur avec le Passetoutgrain de Taupenot-Merme, et on va tester les premiers magnums de Burgaud et Bouland sans oublier les Borgeot, Marionnet, et autres Belluard.
Et sur Bordeaux, quelques 2003 pour voir où ils en sont.
GASTRONOMIE
Quand le vedettariat change l'homme. On apprend qu'Etchebest, le chef de l'Hostellerie de Plaisance (** michelin) à Saint-Emilion va créé sa propre maison. On le comprend vu la notoriété qu'il a pris lors de ces émissions TV où il remet en place des établissements qui cafouillaient comme pas possible. Ses qualités de rugbyman et d'ancien boxeur, associées à un langage militaire, ont plu à un public qui aime les grandes gueules sympas. On lui souhaite bon vent !
MUSIQUE
Toujours en admiration totale de la soprano Ainohoa Arteta qui joue Magda dans La Rondine de Puccini (DVD). C'est simplement rarissime qu'une soprano soit aussi belle, aussi douée et dans une mise en scène magnifique. On a en déjà parlé : j'insiste ! Si vous aimez Tosca ou La Bohême, vous aimerez aussi cet opéra dont la première a eu lieu à Monte-Carlo en 1917. En pleine guerre ! Comment une telle chose a été possible ?
Extrait sur Youtube : ICI
POLITIQUE
Désolé, je ne vais dire que des gros mots :-)
Donc, nada di nada pour cette trève des confiseurs.
QUELQUES IMAGES POUR FAIRE JOLI
Vignobles en Croatie
Ne pas s'arrêter ici si vous êtes en pays basque, c'est simplement criminel !
On attend février pour de belles truffes noires :-)
C'était chez Lameloise : "le" grand de la Bourgogne !
Les connaisseurs vont vite me dire où c'est… :-)
Du temps des grandes heures en Jura pour un séminaire GJE d'anthologie !
Grand Jacques : tu l'as connu. Chez Carrier à Chamonix, session GJE. Un moment rare.
René Desmaison