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Suzanne, de Katell Quillévéré

Par La Nuit Du Blogueur @NuitduBlogueur

Note : 4/5

Suzanne est le récit de vie de son personnage principal du même nom, entourée de son père et de sa petite sœur Maria. Le film suit ses péripéties depuis son enfance dans les années 80 jusqu’à sa condition d’adulte au début des années 2000. Un chemin jonché de nombreuses embûches plus ou moins tristes. 

Comme la bande annonce nous le faisait espérer, le destin narratif de la jeune femme est lié à l’enfant qu’elle met au monde adolescente. Malgré la précarité de cette situation, cette période s’avère cependant la plus joyeuse de celles qui nous sont contées.

Je ne m’aventurerais pas à vouloir résumer le récit davantage car j’ai bon espoir que cet écrit vous donne envie de voir ce film et je m’en voudrais d’atténuer l’effet dramatique de son déroulement. 

Cependant, les éléments narratifs ne sont pas la raison pour laquelle j’aimerais voir ce film à nouveau. Le récit se tient et traverse les années avec vraisemblance et justesse en attribuant toujours davantage de peines à Suzanne au fil de son existence. L’histoire étant fictive, nous sommes en droit de trouver que la réalisatrice et scénariste se soit laissée aller dans une cascade de mésaventures envers son personnage principal, mais à cette critique que j’ai moi-même été tentée de faire, je réponds que les actualités nous démontrent bien souvent à quel point le destin peut s’acharner sur certains êtres. Suzanne est de ceux dont les petits bonheurs sont toujours gâchés par une tragédie. 

Mars distribution

Mars distribution

L’intérêt principal du film est unanimement la qualité de ses comédiens. 

Depuis son meilleur espoir féminin en 2003 pour L’Esquive d’Abdellatif Kechiche, nous avons suivi Sara Forestier avec un réel plaisir. Dernièrement exquise dans des rôles plus légers, Télé Gaucho et le très bon Le Nom des Gens de Michel Leclerc ; elle affirme aujourd’hui son excellent talent dans l’interprétation parfaite de ce rôle dramatique. Nous rions et pleurons avec elle dans chaque scène, d’où notre identification idéale au personnage principal. 

Je me souviens d’avoir discuté de la cinégénie des comédiens en citant la sublime Anna Karina dont un simple plan muet sur son visage dans Vivre sa vie de Jean-Luc Godard suffisait à capturer le spectateur. J’ai désormais trouvé quelle jeune actrice actuelle possède également ce don magique. 

Deuxième rôle féminin, Adèle Haenel interprète la petite sœur de Suzanne ; une femme dynamique, joyeuse et courageuse qui apporte un brin de stabilité au quotidien de Suzanne. A nouveau une très bonne prestation d’actrice qui fait surgir la complicité touchante des deux sœurs. 

Mars distribution

Mars distribution

François Damiens complète ce trio de comédiens dans le rôle du père. Dans les salles la semaine dernière avec la comédie Je fais le mort de Jean Paul Salomé, ce comédien qui ne cesse de grimper (dans les rôles et dans notre estime) fait également état des nombreuses facettes de son art. 

Son rôle est l’occasion de pointer une très bonne conception du maquillage et des coiffures dans le film. En effet, François Damiens est rajeuni puis vieilli pour suivre l’évolution de ses filles et le passage des modes au fil de cette génération. La réalisation de ces effets spéciaux participe pleinement à la réussite du film dans la globalité et lui confère sa vraisemblance temporelle. 

Autre témoignage des modes et des styles, la musique est très présente dans le film et joue autant que les costumes et accessoires dans la création des différentes temporalités. Son utilisation permet également une cohésion supplémentaire avec l’état d’esprit de Suzanne. 

En définitive, Suzanne est aussi triste et beau qu’une chanson de Léonard Cohen à qui le film emprunte d’ailleurs un titre éponyme pour achever son récit. 

 Marianne Knecht

En salles depuis le 18 décembre


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