Le bon Dieu du thermomètre nous a fait une fleur, hier, dimanche. Au lieu d’un blizzard habituel en cette saison à New York, le mercure a frôlé les 20°.
Rester dans l’atelier par une bénédiction pareille ? Vous n’y pensez pas ! Et moi non plus.
Aussi, j’attrapai ma merveilleuse femme par le bras, ma furie de chienne par la laisse et direction le quai de l’East River sur North 5th street.
La vue de Manhattan y est splendide et les touristes viennent s’y perdre et mitrailler la ville avec leur I Pod, I Pad et tout la gamme d’appareils photo du monde.
Et là, tout au bout du quai, qu’est-ce que je vois ? Un pêcheur ! En cette saison ! Alors qu’il est bien connu que les poissons migrateurs ont quitté les lieux depuis belle lurette pour des eaux plus chaudes. Je m’approche : « Et alors, des touches ? »fais- je, prétendant être un néophyte.Le gars tient négligemment sa canne à pêche et s’appuie sur la rambarde à la manière d’un vieil alcoolo dans un bar mal famé.
« Non, qu’il, me répond,… rien ! »
« Même pas un striped bass ? »
« Ah non, ceux là, se sont faits la jaquette depuis longtemps ! »
«Un bluefish au moins ? »
« Que dalle ! » me répond-t-il avec un accent polonais à couper au couteau.
« Au moins, la journée est agréable non ? »
« Ah oui, c’est super d’être là à regarder la ville en oubliant l’hiver. Quel luxe ! »
« Et qu’est-ce que vous avez mis comme appât ? »
Le gars rembobine le fils de son moulinet et me sourit avec des dents toutes jaunes du jus de tabac.
La raison en était qu’au bout de sa ligne, était attaché un gros plomb et …c’était tout. Pas d’hameçon. Et devant mon air ahuris, le type me balance…
« You know what ??? I DON’T CARE ! »
Merveilleux dimanche sur le quai à Brooklyn.