Je suis tombée amoureuse de cet essai féministe de Laure Adler et de Stefan Bollman, "Les femmes qui écrivent vivent dangereusement". Et tout au long, je n’ai cessé de me demander…Ecrit-on vraiment avec son sexe ?
Le sous-sexe féminin. On me dit souvent que j’ai une écriture féminine. Le sens de cette assertion m’échappe totalement. Je suis femme, certes, mais l’écriture a-t-elle vraiment un sexe ou plutôt un sous-sexe ? A-t-on jamais entendu parler d’écriture masculine ?
La lâcheté féminine. "Il n’y a aucune femme qui soit un bon écrivain". J’avais envie de lui balancer mon verre de vin à la figure. J’ai détourné la tête. J’avais trop bu pour réagir. T’es juste un con, j’ai dit. Et je me suis barrée. Je l’ai laissé tout seul au bar boire ses bières. A quoi bon rentrer dans les délires de chacun ? J’en ai assez des miens.
L’hystérie féminine. Je suis rentrée écrire. Il était trois heures du matin et c’est toujours au milieu de la nuit que les mots se pressent. Vite, mon ordi. Vite, vite. C’est un besoin impérieux qui ne se discute pas. Une boulimie intelligente, c’est toujours ça de pris.
Le bordel féminin. Cette nuit-là, j’ai écrit donc. Pour moi seule car à cette époque je n’étais pas encore prête à me déshabiller sur la place publique. La pudeur féminine que voulez-vous. J’ai écrit. Sur cet exil, encore. Sur mes manques, mes pleins. Sur tout ce que j’avais sous la dent pour vomir mes mots. J’étais restée des mois sans écrire et puis, avant mon départ, je m’y suis remise. Mais il n’y avait pas de sonorités, pas de mélodies. Peut-être même que cela n’avait aucune signification. Des mots accolés les uns aux autres.
L’entêtement féminin. Le temps a fait son œuvre. Peu à peu, pendant mes nuits d’insomnie, je remettais du sens. Retrouvais cette adrénaline impérieuse et cette musique qui berce.
La futilité féminine. Ce soir-là, je me suis redemandée pour la dixième fois pourquoi, pourquoi… A toutes ces mille questions qui ne laissent jamais ces femmes sensibles en paix. N’ai pas trouvé de réponse. Alors j’ai écrit dans le vide, comme ça, pour combler un vide.
Le sexe faible, me direz-vous.