Et la Ville dans tout ça, suite…

Publié le 08 juin 2007 par Jean-Paul Chapon

Deux dossiers majeurs occupent la scène médiatique ces derniers jours, la carte scolaire, et le 93. La carte scolaire ou sa suppression à terme, c’est le domaine de Xavier Darcos, ministre de l’Education du gouvernement Sarkozy. C’est drôle on en oublierait presque qu’il s’agit du gouvernement Fillon, Premier ministre de Sarkozy…
Bref c’est aujourd’hui une affaire d’éducation, on va y aller doucement, 10% ou 20% d’abord, l’ouvrir aux boursiers, aux plus méritants, aux regroupements de fratrie, avant d’accélérer et à terme, d’ici 2 ou 3 ans, la suppression totale de cette carte scolaire dont tout un chacun à droite, et quelques un(e)s à gauche dénoncent l’échec, en particulier en termes de mixité sociale, ce qui à l’origine était la raison d’être de cette carte scolaire ou sectorisation pour être plus juste.

L’autre sujet, c’est le 93, le rapport caché de l’Institut National des Hautes Etudes de Sécurité (Inhes) dévoilé par l’AFP ce week-end. Violence et insécurité, jeunesse toujours plus grande des délinquances et divorce population-police au menu. Ce divorce population-police que l’on semble redécouvrir à chaque fois, et que l’on nie systématiquement, quitte à publier des sondages bidons, tout va bien, fermons les yeux. Du coup, après les déclarations aussi grotesques que honteuses de Devedjian, accusant les communistes d’avoir « ancré les gens dans la misère parce que c’était aussi une manière pour eux d’asseoir leur pouvoir politique », MAM, la ministre de l’intérieur du gouvernement Sarkozy Fillon, prend le sujet à bras le corps, et reconnaît à mots couverts en parlant de “l’âge très jeunes des policiers“, qu’il faut réagir et convoque les policiers de Seine-Saint-Denis, comme titre aujourd’hui 20 minutes.

Ce qui est le plus étonnant dans ces deux affaires, c’est une fois de plus la grande absente, la grande oubliée : la Ville. La Carte Scolaire, c’est un problème de Ville. Dans le monde rural, la question ne se pose pas. En revanche, en Ville, oui, et elle se pose de façon très crue dans les quartiers populaires, les « ghettos de banlieue », qui à terme verront leurs établissements se vider des meilleurs éléments, locomotives pour les autres, et perdre leur effectif, jusqu’à ce qu’ils soient tellement à l’abandon, qu’on finira par les fermer. L’effet boule de neige sur ces quartiers ne fera que s’accroître, avec une accélération de leur ghettoïsation. Soyons honnête, dans les arguments de vente ou de location d’une habitation, que trouve-t-on ? La desserte en transports et la proximité d’une bonne école sont les deux premiers arguments de vente… Cet effet pervers de la volonté du démantèlement de la carte scolaire devrait interpeler un ou une ministre de la Ville digne de ce nom. Et le 93, la violence, les rapports police-population, moins de deux ans après l’embrasement des quartiers populaires en France, cela n’intéresse pas le ministère de la Ville ? On parle pourtant de rapport police-population. Police, c’est bien Michèle Alliot-Marie qui a son mot à dire, mais qui pour la population ?

Deux sujets brûlants, sans jeu de mots, une absence froide, celle de la Ville pour un traitement global des problèmes qui se posent à la société française.

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