Le petit scandale de la semaine, c'est la sortie sur 3 écrans de Loin de Sunset Boulevard. Quand on voit que des projets comme Tu peux garder un secret ? s'affichent dans plus de 200 salles , on se dit vraiment qu'il y a un problème quelque part...
La critique
Kitsch mais complètement assumée, une saga sentimentale et historique réjouissanteLa vie de Constantin Dalmatov (Serguei Tsiss) n'aura pas été de tout repos. Amant d'un cinéaste russe populaire, il a très tôt compris que s'il voulait percer dans le milieu cinématographique, il allait devoir accepter les règles du régime stalinien de l'époque. C'était ça ou devenir un paria. Sans le vouloir, Constantin va ainsi remplacer son amant et devenir le cinéaste le plus en vue du pays. Il va par la même occasion révéler au public une nouvelle égérie ,Lidia Poliakova (Youlia Svejakova), blonde aussi talentueuse qu'humainement généreuse. Leur succès les dépasse dans une industrie manipulée et censurée par les autorités gouvernementales. Loin des plateaux de cinéma où ils tournent des comédies musicales aseptisées, ils vont tenter avec plus ou moins de succès de trouver le bonheur, de donner un sens à une vie faite de mensonges et de faux semblants...
Igor Minaev nous livre avec Loin de Sunset Boulevard un grand spectacle. 2h10 de couleurs, de costumes, de décors en cartons, d'égéries blondes, de secrets et de trahisons. Les retournements de situation s'enchainent dans une certaine folie scénaristique. Mais ce qui frappe le plus le spectateur c'est le kitsch qui envahit l'écran. Si les comédies musicales que tourne le personnage Constantin Dalmatov sont jubilatoires de par la propagande ridicule qu'elles propagent mêlée à une beauté visuelle formelle, la vie en hors champ se fait encore plus aseptisée. En effet, les décors surréalistes du film dans le film ne diffèrent guère des décors sensés être ancrés dans la réalité. Une façon de mêler réel et fiction , de nous faire comprendre que le plus beau et intense des films c'est la vie ? Peut être est-ce là l'intention du cinéaste doué Igor Minaev. A l'image du Angel de François Ozon qui n'hésitait pas à déployer une foule d'effets autour d'une intrigue très appuyée, Loin de Sunset Boulevard ne se prive d'aucun artifice. Les sentiments sont poussés à l'extrême, les répliques frôlent parfois le soap, la surenchère gagne progressivement du terrain...et ça fonctionne !
Cela fait plaisir de voir une oeuvre kitsch et complètement assumée, toujours aux frontières de la parodie en ne perdant jamais une certaine virtuosité. Une grandeur émane des images, une force rare qui n'appartient qu'aux grands films. Les thèmes évoqués dans ce projet atypique ne manquent pas : cinéma, amour,amitié, pouvoir, histoire de la Russie, propagande, identité...Les acteurs sont remarquables et se fondent complètement dans leurs personnages , parvenant à rendre crédibles certains passages pourtant dignes des pires soap opéras télévisuels. Sur le fil mais curieusement maitrisé, Loin de Sunset Boulevard est une saga sentimentale et historique qui relève vite de l'ultime plaisir (pas si) coupable. A tester d'urgence.
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