Il nous est tous arrivé au moins une fois, d'être confronté à quelqu'un qui sous prétexte de faire de l'humour nous disait le fond de sa pensée. "Je blaguais", ou "c'est de l'humour", sont les justificatifs couramment évoqués dans de pareils cas. Il en est de même pour les puissants. Pourquoi lorsque le président fait une blague, n'y aurait-il pas une vérité profonde à aller chercher derrière ?
Ainsi, lorsque François Hollande dit que son ministre de l'Intérieur est revenu sain et sauf d'Algérie, cela fait rire son auditoire. Une raison simple à cela, parce qu'à l'évidence c'est une blague et que c'est prononcé sur le ton de la plaisanterie. Mais pourquoi cela fait-il rire ? En l'occurrence parce que cela renvoie à plusieurs préjugés courants dans la société française. Le premier serait que les populations originaires d'Afrique du Nord seraient naturellement violentes, le second que cette violence s'appliquerait essentiellement à l'encontre des Français, anciens colons comme chacun sait.
François Hollande plaisante certes, mais il le fait en manipulant des préjugés tendancieux et dangereux. Et il le sait, parce que sa blague vient à propos du ministre de l'Intérieur lequel est partisan d'une ligne dure en matière sécuritaire et a été à plusieurs reprises l'auteurs de propos sur les populations immigrées que n'auraient pas reniés les leaders de l'extrême-droite.
Ainsi, ce qu'il faut comprendre, c'est que Manuel Valls est heureusement rentré vivant d'Algérie, mais que ce n'était pas sûr parce que ses positions sécuritaires y sont contestées, forcément puisque cette population est en grande partie à l'origine de l'insécurité de notre pays.
François Hollande blague, mais il joue avec les stéréotypes. C'est tendancieux, c'est dangereux, et surtout, c'est indigne d'un président de la République.