Chaque dimanche, je publie un billet sur ce que j’ai retenu de The
Economist de la semaine. Pourquoi lire The Economist ?
Pour moi The Economist est une sorte de mal absolu. Pas
vraiment parce qu’il est ultralibéral. Surtout parce que c’est un fondamentaliste.
Il affirme que Dieu a voulu le libre échange. Non seulement c’est une insulte à
la rigueur intellectuelle. Mais, surtout, croire que l'idéal du boutiquier est une loi de la nature est d’un ridicule achevé. Cela conduit The Economist à la manipulation de son prochain et à un biais d’analyse systématique.
Sans économie, l’homme n’a pas le droit de vivre. Donc croissance, croissance. Quand
quoi que ce soit ne va pas, il faut déréglementer. Concurrence parfaite. (Ce
qui ne s’applique pas au journaliste de The Economist, bureaucrate pépère, et grand profiteur du régime.) Et la démocratie ? C’est le mal quand elle signifie
que la volonté du peuple doit être première. Mais pas lorsqu’elle est entendue
comme la libre circulation des biens. Et surtout quand elle utilisée comme une
arme contre l’ennemi, Chine, France ou autre Poutine.
Mais The Economist a aussi des qualités. Particulièrement en comparaison de la presse française, qui a sombré dans la pire des
abjections : la pensée unique. Une pensé si paresseuse qu’elle se nourrit de celle des
d’autres (en particulier de celle de The Economist et de ses copains). Car The Economist n’applique son
idéologie qu’après une analyse qu’il veut rigoureuse.
Ainsi dans un article sur l’Inde, qui ne peut que triompher de la Chine
« puisque l’Inde est une démocratie », il décrit une désorganisation
indienne invraisemblable, qui fait mentir sa conclusion. En outre The Economist
est un des rares journaux qui aient les moyens de mener, semaine après semaine,
une veille mondiale. Il a aussi une maîtrise des mécanismes économiques et une compréhension de ses petites magouilles, qui ridiculisent nos économistes, grands collabo de la pensée unique, comme nos journalistes. Finalement, plus important pour moi, il utilise des techniques d’analyse qui sont
quasiment anthropologiques. Il cherche à faire émerger les logiques qui
expliquent le mouvement des événements. Par exemple, l’Ukraine est à feu et à
sang, parce qu’elle a été prise en otage par des oligarques qui l’ont vidée de
sa substance, au lieu de la reconstruire. Terrible critique. Car ces oligarques
sont le résultat du « Consensus du Washington » et des réformes mises
en œuvre par les amis de The Economist, dans les
années 90. (Et maintenant, c'est à l'UE, méprisable technicien de surface du libéralisme, de ramasser les déchets radioactifs.)
Des bénéfices de la schizophrénie ?