Pierre Huyghe, Zoodram 4, 2011. Ecosystème marin vivant, aquarium, masque en résine de La Muse endormie (1910) de Constantin Brancusi. Collection Ishikawa, Okayama, Japon. © Adagp, Paris 2013. Photo: CR.
Ce n'est pas que je n'ai pas compris la première fois que je l'ai vue mais, pour être tout à fait honnête, j'ai vu la rétrospective de Pierre Huyghe au Centre Pompidou trois fois, seulement... Et, chaque fois, j'ai vu une autre exposition, bluffant ! C'est sensiblement la même à chaque fois mais il y a des éléments en plus, d'autres qui diffèrent.
Vue de l'exposition Pierre Huyghe au Centre Pompidou. Courtesy Pierre Huyghe ; Galerie Marian Goodman, New York ; Esther Schipper. © Adagp, Paris 2013. Crédit photographique: Philippe Migeat, Centre Pompidou
Dans cette exposition, il n'y a pas de cartels mais un plan avec les légendes des œuvres présentées est remis à l'entrée. On n'y trouve pas non plus de murs blancs, ici, ils murs sont bruts pour ceux qui ont été ajoutés, on y voit encore les inscriptions du fabricant tandis que les autres sont des reliquats de l'exposition précédente et les anciens cartels y sont encore visibles : les titres des œuvres de Mike Kelley à côté des œuvres de Pierre Huyghe, étonnant...
À part cela, cette exposition part dans tous les sens et s'éclate. Comment vous décrire cela ? On peut y voir : des vidéos, des installations, des sculptures, des photographies... Ça a l'air classique dit comme cela mais en fait, on y croise surtout des fourmis qui sortent d'un mur, des abeilles qui volent autour de la sculpture d'une femme nue allongée (et oui, sa tête est remplacée par un essaim dont il faut éviter de s'approcher), il pleut, il neige, vous voulez du brouillard ? Il y en a aussi. On peut y observer aussi des aquariums avec des araignées de mer, d'autres avec des poissons aveugles et, dans l'un d'entre eux, un étrange Bernard L'Hermitte, crustacé squatteur, qui se promène et habite une sculpture de Brancusi La Muse endormie, fascinant que de l'observer se mouvoir avec cette grosse tête en guise de maison. Un plafond lumineux tout droit sorti des premiers jeux vidéos et digne du sol du film Satuday Night Fever (mais en noir et blanc) s'éclaire au gré des manipulations des visiteurs, les chaussures dorées de Singing in The Rain sont abandonnées dessous : la fête est finie ? Elle s'est (mal/ bien) passée ? C'est comme si Cendrillon avait perdu ses deux escarpins...
Vue de l'exposition Pierre Huyghe au Centre Pompidou. Courtesy Pierre Huyghe ; Galerie Marian Goodman, New York ; Esther Schipper. © Adagp, Paris 2013. Crédit photographique: Philippe Migeat, Centre Pompidou
Ce qui a différé d'une visite à l'autre ? Un homme élancé portant un masque piqueté de lumière déambulait dans l'espace, le lendemain non, une patineuse a pirouetté sur sa patinoire de glace noire, je ne l'y ai jamais revue... Par contre, les premières et troisièmes fois, je n'avais pas vu l'homme à tête de faucon, la seconde oui. Un chien blanc avec une patte rose se promène aussi, il prend la pose, fait la sieste sur une couverture, disparaît. Certaines vidéos sont projetées puis non, et il se passe tellement d'autres choses... l'exposition (d)étonne par sa complexité et la métamorphose de l'espace qu'elle propose. Tout cela se découvre dans un espace augmenté, ouvert : une excroissance a poussé à l'extérieur du Centre Pompidou, on entre dans l'exposition puis on sort, on continue à la parcourir et on pénètre à nouveau dans ce qui pourrait être considéré comme un labyrinthe tellement le lieu foisonne d’œuvres et de surprises.
Vue de l'exposition Pierre Huyghe au Centre Pompidou. Courtesy Pierre Huyghe ; Galerie Marian Goodman, New York ; Esther Schipper. © Adagp, Paris 2013. Crédit photographique: Philippe Migeat, Centre Pompidou
Pierre Huyghe est l'un des artistes majeurs de la scène artistique actuelle. Il a débuté sa carrière dans les années 1980-1990 en France et depuis s'expose internationalement. Il cherche à décloisonner l'art, à l'amener au-delà de lui-même, de ses codes et à rompre les frontières entre l'art et la vie. Ce qui est présenté ici s'inscrit dans cette problématique. Il s'agit d'une œuvre, d'une performance qui remet en question les codes de l'exposition, un joyeux bordel en somme, qui mêle les différents questionnements et œuvres qui jalonnent la carrière de Pierre Huyghe, atypique.
En outre, la particularité de cette exposition est qu'il s'agit d'une rétrospective donc d'une monstration et d'un état des lieux de tout son œuvre mais là, au Centre Pompidou, Pierre Huyghe sépare ce qui, par le passé, avait été montré ensemble et dissémine les différents éléments dans l'espace. Ce mélange permet une réinterprétation totale de ses œuvres, à nous de recomposer le puzzle proposé ou non !
Cécile.
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Rétrospective Pierre Huyghe jusqu'au 6 janvier 2014.
Centre Pompidou
75191 Paris cedex 04
Tél. : 00 33 (0)1 44 78 12 33
Horaires :
Ouvert de 11h à 21h tous les jours, sauf le mardi
www.centrepompidou.fr
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