Savoir y retourner, apprendre à y revenir, nous sera d’un grand secours au long de parcours souvent difficiles.
Quels que soient nos errements, à partir de ce fonds de lumière inentamée - qu’on sait si bien obscurcir, obstruer, mais sans jamais l’altérer, jamais le détruire -, tout peut renaître, tout peut s’élancer à nouveau, parce qu'a cette profondeur de nous-mêmes notre être se révèle toujours neuf, toujours jeune, et chaque jour se vit alors comme un premier matin.
Au miroir de ce profond silence, qui est en nous mais qui ne vient pas de nous, où n’entre aucun parasite, aucun commentaire, aucun jugement, on perçoit dans le même temps notre petitesse et notre grandeur, notre indignité et notre incomparable valeur. Dans la même clarté nous sont donnés l’individuel et l’universel, le fini et l’infini, étroitement mêlés en notre cœur, qu’il nous appartient de garder ouvert comme le ciel de notre chair, sa profondeur, son jour, son rayonnement.
Tout remettre au silence se révèle véritablement libérateur : nos pesanteurs se dissolvent, nous nous y lavons, lui seul accomplit le travail de clarification, de dénouement dont nous avons tant besoin, mais que nous sommes incapables d’accomplir par nous-mêmes. Il apparaît alors dans une sorte de vérité première, de blancheur, une page lisse où tout s'unifie, se simplifie et se purifie.
Nous rompons un moment avec notre quotidien, avec la marche du monde, avec nos relations aussi, mais pour les retrouver sous d’autres cieux, dans la distance nécessaire à la respiration. Et notre quotidien - nous le savons tous, avec plus ou moins de pertinence - manque la plupart du temps de respiration. Il nous asphyxie parce que nous ne savons pas maintenir cette distance, ce léger recul de l'intériorité.
Philippe Mac Leod
(septembre 2013 - La Vie)