Vous avez pu voir cette photo, que j'ai retrouvé chez un ami sur Facebook.... C'est une intox totale.
C'est une mauvaise rumeur qui coure depuis un moment, au point que ça commence à intoxiquer des gens qui ne sont pas racistes et qui ne voteraient pas au FN: une simple question de bon sens, disent-ils. Alors qu'on aurait des gens en souffrance en France, nos compatriotes devraient être logés en priorité, on n'aurait pas de place pour les bons sentiments. En bref, quand la famille va mal, on va pas aider son voisin de passage.
Ce raisonnement très simple et logique en apparence ne tient pas debout.
En premier lieu, les SDF ne sont pas en majorité des Français. C'est pas moi ni un analyste lambda qui le dit, c'est l'INSEE. La composition de la population sans logis montre que seulement 47% des sans-logis sont Français.
"Parmi les 81 000 adultes sans domicile usagers de ces aides, 47 % sont de nationalité française, 18 % sont des étrangers non francophones (sources), 35 % sont des étrangers francophones. Un cinquième des sans-domicile étrangers sont nés en Europe (22 %). La part des étrangers parmi les sans-domicile est ainsi passée de 38 % en 2001 à 53 % en 2012. Elle est près de neuf fois plus élevée que dans la population de France métropolitaine. Cette hausse s’explique en partie par l’augmentation du nombre de demandeurs d’asile qui n’ont pas de place dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) et s’orientent donc vers les services d’aide aux sans-domicile."
On voit donc bien qu'on a appliqué la préférence nationale depuis une dizaine d'années, et ça, sans attendre Marine Le Pen et Jean-François Copé.
Les SDF, auxquels vous ne parlez pas, en général, par peur, par lâcheté ou habitude, sont d'ailleurs majoritairement de type européen, ce qui inclue les caucasiens de toute l'Europe et les maghrébins, les moyen-orientaux. Il est donc facile de se dire qu'il y aurait un nombre incalculable de Français dans les rues quand il existe une barrière invisible entre eux et vous, entre eux et nous, quand ils n'ouvrent pas la bouche.
D'ailleurs, dans la proportion des sans-domicile qui ont retrouvé un logement, on n'en trouve que 5 à 11 % qui sont d'origine étrangère ou apatrides, alors que nous sommes à 53% d'étrangers dans la rue dans la population SDF...c'est ça, loger des étrangers en désavantageant les Français? On ne compte pas ceux qui sont morts dans la rue, bien entendu...A moins que d'insinuer qu'un étranger serait plus résistant au froid?
Alors, la rumeur qui dit qu'on héberge plein d'étrangers dans les hôtels et associations au détriment des Français?
La réalité (issu du premier lien cité):
"Les hôtels accueillent principalement des étrangers (73 % des résidents francophones) ; ces derniers sont également nombreux parmi les sans-abri (45 % des sans-abri). Les femmes étrangères sont souvent hébergées en hôtel (33 %, contre 7 % de femmes françaises), particulièrement quand elles ont des enfants ; elles sont moins souvent en logement associatif (33 %, contre 55 % des femmes françaises). Les hommes étrangers vivant seuls connaissent des conditions de logement encore plus précaires (sans-abri ou dans un centre qu’il faut quitter le matin) que les femmes étrangères seules."
On récapitule : si les étrangers sont dans un hôtel, c'est qu'on ne leur réserve pas les centres associatifs stables et les structures adaptées pour sortir de leur situation. On voit bien que les femmes françaises sont privilégiées et que les hommes étrangers seuls sont abonnés aux centres précaires. On n'arrive pas à sortir de la rue et des dispositifs d'urgence quand on est d'origine étrangère, que très peu, ou alors les pieds devant.
On est loin du tableau idyllique ou apocalyptique selon, des étrangers logés nourris aux dépens des Français...
Qu'en est-il de l'accès au logement social?
Il est catastrophique, c'est clair mais il l'est encore plus quand il s'agit de ménages d'origine étrangère: Là-aussi, l'INSEE est catégorique:
"Les ménages étrangers vivent dans des logements plus petits que les ménages français. Disposant de moins de pièces pour plus de personnes, ils subissent un surpeuplement relatif. Obtenir un logement plus grand est alors la principale raison de leurs déménagements. Devenir propriétaires arrive en deuxième position. En effet, moins d'un tiers d'entre eux le sont contre plus de la moitié des ménages français. Du fait de leur concentration dans les grandes agglomérations et de leurs ressources plus faibles, ils habitent deux fois plus fréquemment dans une HLM. Même si le confort sanitaire s'est amélioré depuis une quinzaine d'années, la moitié seulement des ménages étrangers se déclarent satisfaits de leurs conditions de logement contre les trois quarts des ménages français."
"Selon l’enquête Logement de fin 1996, le nombre de ménages étrangers était à cette date de 1,3 million, soit 5,7 % de l’ensemble des ménages. Cette part est légèrement en baisse par rapport aux enquêtes précédentes. Parmi les ménages étrangers, 44 % viennent de l’Union européenne et 35 % du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie)."
"Ils disposent en moyenne de 3,6 pièces pour 3,3 personnes, contre 4,0 pièces pour les ménages français avec 2,4 personnes."
"Dans le parc collectif par contre, quatre ménages étrangers sur dix vivent dans un appartement surpeuplé, soit deux fois plus souvent que les ménages français "
"L’accès aux logements HLM paraît cependant plus difficile pour les étrangers que pour les Français : 27 % de leurs demandes datent de plus de trois ans, contre 11 % pour les Français. 31 % des ménages étrangers ont été découragés de faire une demande HLM soit par une réponse négative, soit parce qu’ils estiment avoir peu de chances ou ont été dissuadés de le faire lors d’une démarche. Les ménages français se retrouvent deux fois moins souvent dans cette situation.Parmi les ménages étrangers habitant en HLM, 56 % ont une nationalité du Maghreb. À conditions de revenu, de logement et de type de famille égales,ces étrangers sont en effet plus fréquemment logés en HLM ; ils n’envisagent généralement pas de quitter le secteur social."
Une autre enquête de l'Insee, plus récente, de 2007, fait apparaître que 82 % environ des locataires HLM sont français de naissance, ou français par acquisition à environ 6%, dont la plupart des français de naissance ont le décile de revenu le plus haut. D'ailleurs, en aparté, un ménage sur 5 en HLM a des revenus aisés...qui nécessiteraient de les renvoyer dans un parc privé. On ne le fait pas...
Selon la même enquête, 15,1 % des locataires HLM ont un chef de famille, le locataire de référence étant né hors de France et d'Europe, ainsi que 6, 3% ont un référent né en Europe, le reste étant bien franchouillard.
Il existe un plafond de verre, encore pire que ce qu'on imagine, afin d'interdire aux "zétrangers" de venir squatter les HLM en masse.
Cela est bien décrit dans cet article des debunkers, qui s'appuie sur cette étude, dont ils soulignent la description du lent mécanisme qui décourage et interdit aux ménages d'origine étrangère d'accéder à un logement social.
"Ce délai pourrait s’expliquer par une offre faible de grands logements. Bien que les logements du parc HLM soient en moyenne de plus grande taille que ceux du parc privé, les grands appartements sont réputés se libérer moins vite que les autres, et les ménages immigrés demandeurs de logement HLM sont souvent de taille élevée : un sur trois comporte au moins six personnes, au lieu d’un sur six dans l’ensemble des ménages. Mais l’ancienneté de la
demande n’est pas seulement liée à la taille des familles, puisque les ménages d’une à quatre personnes sont proportionnellement aussi nombreux à attendre depuis au moins trois ans (graphique 4).
Les ménages immigrés sont plus souvent découragés que les autres face à une demande de logement HLM. En effet, certains ménages souhaitent changer de logement tout en envisageant
de rester ou de devenir locataires, mais n’ont pas déposé ou renouvelé une demande de HLM. Parmi eux, 15 % sont « découragés » : ils ont fait antérieurement une demande qui n’a pas abouti ;
ou bien ils ont fait une démarche auprès d’un organisme qui les a dissuadés de déposer un dossier ou a refusé leur dossier ; ou enfin ils pensent qu’ils n’ont aucune chance d’obtenir un logement HLM bien que leurs revenus ne soient pas supérieurs aux plafonds ; cette proportion
de 15 % passe à 27 % pour les ménages immigrés."
Mais l'universitaire cité par mes confrères dit aussi autre chose de terrible et qui fait franchement froid dans le dos, bien que lucide et sans fards: il n'y a aucune harmonisation des critères de logements, qui sont soumis à l'arbitraire d'une assistante sociale, d'un maire ou d'un fonctionnaire HLM, ainsi que des entreprises mises à contribution, un des aspects les plus dangereux, qui revendiquent leur part de logement HLM pour loger leurs employés, en profitant du système, quitte à soit les sous-payer, ou à loger leurs cadres dedans, sa vergogne, ce ne sont pas les politiques qui en profitent le plus:
"Tout organisme HLM doit avoir une commission d’attribution, qui examine les candidatures. Celles-ci émanent des réservataires, c’est-à-dire des préfectures, des mairies et d’organismes privés qui, en raison de leur participation financière à la construction, peuvent soumettre leurs candidats sur une fraction des logements du parc social."
le 1% logement se traduit en gros pourcentages réservés... Voir ce rapport en Ile de France, qui montre qu'environ 35 à 46 % sont des logements réservés à des contingents du 1% logement, se traduisant par 35 % environ d'attributions!!! Il est impossible de savoir quelles sont les entreprises et à quel niveau sont les bénéficiaires.
L'universitaire décrit bien ensuite comment on expurge les "indésirables", les étrangers, au nom de la mixité sociale et dans l'intérêt, la bienveillance des candidatures" amies":
"Or, depuis plusieurs années, les organismes HLM ont progressivement « confisqué » ce contingent, de même que celui des communes, afin d’y loger les candidats de leur choix. Quant aux communes, la maîtrise des attributions devient pour elles un levier d’action décisif, dans un contexte financier difficile pour beaucoup d’entre elles [6]. Au sein de ce jeu de concurrences, dans lequel nul n’est en mesure d’imposer son autorité, un système de négociation et d’arrangements « au coup par coup » se met en place [7]. Ainsi, de nombreuses préfectures ont intégré, en amont, les critères de sélection des organismes HLM, et évitent d’envoyer « trop », ou « trop fréquemment », des candidatures étrangères ou originaires de certains pays. Ou encore certaines proposent aux organismes plusieurs candidats sur le logement qui leur est réservé : le bailleur peut choisir parmi ces candidatures, mais à condition d’accepter, de temps en temps, une candidature considérée comme « difficile ». "
"Et c’est au niveau de cette appréciation que les préjugés en direction des étrangers ou des individus considérés comme tels sont susceptibles d’intervenir. Ainsi, un nom à consonance étrangère (ou plus exactement traduisant des origines maghrébines ou d’Afrique noire) jouera, de manière plus ou moins consciente et rationalisée, comme un indice d’une candidature « difficile » ou « à risque », car associée à une famille nombreuse, au bruit, aux problèmes financiers et/ou aux conflits de voisinage. Le traitement individuel des dossiers ne conduit pas forcément à la discrimination. Ce traitement individuel peut même être nécessaire et utile aux candidats, souvent peu informés de leurs droits.
Mais l’absence de règles n’en a pas moins un effet considérable car elle conduit à laisser fonctionner d’autres grilles d’analyse, notamment les grilles d’analyse racistes, extrêmement prégnantes dans la société française. C’est de cette manière-là, en effet, qu’il faut comprendre le lien entre racisme et discrimination. Les pratiques discriminatoires ne sont pas nécessairement des comportements motivés par des convictions racistes conscientes. Pour autant, la discrimination n'est pas non plus la simple conséquence d'un « système », c'est-à-dire de contraintes structurelles qui conduiraient des acteurs dénués de tout préjugé raciste à mettre en œuvre ou à relayer à leur insu des pratiques discriminatoires. En réalité, ces pratiques se développent quand, dans certains contextes, des catégorisations ethniques produites socialement sont intériorisées et mobilisées par des individus, avec intention ou non de discriminer, et qu'elles fonctionnent au détriment des étrangers ou présumés tels. L’émergence du principe de mixité sociale a, de ce point de vue, joué un rôle considérable."
Alors, les immigrés, sans-papiers, étrangers logés au détriment des Français?
Une belle intox et une belle connerie, un fantasme qui ne résiste pas à la réalité d'une France qui reproduit consciemment ou inconsciemment des mécanismes d'exclusion et de discrimination qui aboutissent à des comportements racistes, qui font qu'un étranger ne sort que difficilement de la rue, qu'un étranger a des chances minimales d'obtenir un logement social, en fait, en conclusion, la préférence nationale, contraire à nos règles républicaines, cela fait longtemps qu'on l'applique, et la situation globale des gens pauvres français ne cessent de se détériorer...tout en restant plus "facile" que celle des gens pauvres d'origine étrangère ou étrangers.
D'ailleurs, si vous êtes un jour dans la rue, vous aurez bien plus de chance d'en sortir si vous êtes d'origine française, de sexe féminin, avec enfant ,qu' homme célibataire... et encore pire si, à votre handicap de situation et de sexe masculin, vous rajouter votre qualité d'"immigré" ou d'étranger.
Alors, c'est qui qui crache à la gueule de notre démocratie et de ses principes d'égalité et de fraternité ? Le pauvre SDF noir, celui qu'on remarque le plus, lui, il est trop occupé à ne pas crever de froid pour penser à ça, faut dire.
Merci à mon Amie Rosaelle
Avant 2002, on montrait de rares photos et reportages de ces ombres sans visages qu' étaient devenues les Afghanes, sous le joug des talibans, de ces esclaves, interdites de travailler, obligées de
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