
Bienvenue chez les marginaux de l’Amérique profonde, ceux qu’Harry Crews savait mettre en scène comme personne. Publié en 1969, Nu dans le jardin d’Eden est son second roman et il était jusqu’alors inédit en France. L’auteur du cultissime « Chanteur de gospel » y déroule une partition déjantée dont personne ne sort grandi. Dans ce paradis perdu devenu un enfer pour tous, la méchanceté est une seconde nature et la cupidité une raison d’être. La narration alterne entre le passé des différents protagonistes et le présent de la communauté. Le retour sur le parcours de chacun éclaire leurs attitudes et leurs actes. ll faut sans doute aimer cette ambiance crépusculaire peuplée d’affreux, sales et méchants pour apprécier toute la modernité d’un texte sans concession dont la fin d’une insoutenable cruauté laisse sans voix. Perso, je suis fan, totalement fan !
Nu dans le jardin d’Éden d’Harry Crews. Sonatine, 2013. 235 pages. 19 euros.