Magazine Europe
J'ai pas pu résister de vous en parler. Depuis le mercredi 3 avril 2013, le drapeau de l'Union européenne flotte devant la porte de Matthias à l'entrée du Château de Prague. Et donc le dimanche suivant, j'ai pas pu résister non plus, je suis allé faire quelques photos pour la postérité. Je rappelle, pour les, qui n'auraient pas suivi l'affaire, que la République tchèque (comme 9 autres pays) est entrée dans l'Union européenne le 1er mai 2004, mais que cette infatuée tête de lard de Tatav avait toujours refusé de faire flotter le drapeau de l'Union partout où qu'il pouvait mettre son veto, en particulier au Château de Prague, siège de la présidence du pays. Alors je vous le dis de suite, on ne le voit pas bézef, et on ne le verra pas bézef souvent, parce qu'en dehors des jours de (très) grand vent, il est tombant tout mou comme une vielle biroute fripée. Ceci-dit, il n'est pas mieux loti que le drapeau tchèque, qui tombe tout mou pareil à côté. En fait, les 2 symboles sont perchés en bout de hampe dans la première cour du château, et sont de ce fait protégés du vent, qui, justement pour les drapeaux, serait le bienvenu. Ben oui mais non. Du coup il y est, le drapeau, mais clairement pas assez en valeur afin de boutonner le dargeot de ce couillon de Tatav (pauv' type) d'une urticaire ultra-irritante. Alors z'avez la vidéo là (notez que le drapeau ne flotte pas sur le château, mais à l'entrée du), et le commentaire officiel de l'UE là. Quelques jours auparavant, je m'étais demandé s'il ne serait pas souhaitable que je me rende personnellement, à l'inauguration de cet évènement, afin de prendre les photos qui vont bien. Finalement, j'y ai renoncé, et pour 2 raisons principales. La première, c'est que les imbéciles de l'administration allaient une fois de plus me refuser l'accréditation. La seconde, c'est que malgré que je sois fondamentalement pro-européen et que je souhaite sincèrement et au plus vite une Europe transnationale, avec un gouvernement unique et une politique unique (qu'elle soit économique, sociale ou militaire), l'Union européenne actuelle me déçoit de plus en plus, au point que j'en deviens bruxellophobe tellement les euro-imbéciles gouvernent à l'encontre de l'union (mais pour la désunion). Parenthèse. J'avais déjà fait une demande d'accréditation photographique pour le serment présidentiel de "suce-goulot" au château, en début mars. Elle me fut refusée, au motif qu'il n'y avait plus de place, et que les journaux à grand tirage avaient priorité, mais qu'on m'enverrait les photos officielles prisent par le photographe attitré. Ok, je respecte la décision, et je remercie tout du moins pour la réponse même négative, car nombreux PR (Public Relation officer, manager, sidekick, dickhead...) ne se donnent même pas la peine de me répondre (ordures mal recyclées). Ben croyez-le ou non, 2 jours plus tard, je reçus effectivement les photos officielles prisent par le photographe attitré. Délire. Une fois de plus, je suis persuadé que c'est un pote à un pote qui reçu le poste. Un pedzouille de "Vysočina" (région de provenance de l'appellation contrôlée "Miloš Zeman") remplaça la fourche à fumier par un appareil photo, et fut promu "photographe attitré de la chancellerie du château de Prague". Ça ressemble de très près à l'interprète en langage des signes de Johannesburg lors de la cérémonie en hommage à Nelson Mandela. Sans dec, et sans être un pro de la photo, le premier béotien constate: ISO poussé à l'extrême et totalement inadapté aux conditions lumineuses, composition catastrophique et sujet non cadré, flou de bougé inapproprié, cadrage et coupure des corps hors normes, profondeur de champ nulle... Si le type qui a pris ces photos a tenu dans ses mains un appareil, ne serait-ce que 5 min. avant de prendre ces clichés, alors je suis en mesure de conduire une messe en copte, assis cul-nu sur un cactus devant l'amicale salafiste de Peshawar, et ce jusqu'à l'apparition sur terre du prochain messie. Sans dec, me refuser l'accréditation pour en arriver à ça? Une fois de plus, les plus hautes instances politiques de la République tchèque seront la risée du monde pour peu que ces photos officielles franchissent le seuil de nos frontières. Fin de parenthèse. Alors pour ceux qui lisent mes newsletters, c'est clairement pas une surprise, mais pour ceux qui ne les liraient pas (et ils ont bien tort), je souhaite les informer que je n'ai pas voté "suce-goulot" aux dernières présidentielles. J'étais cependant enclin à lui céder mon amour... ma sympathie pour peu qu'il fasse ses preuves en cette période probatoire (pour accéder à ma sympathie). Malheureusement, en dehors du drapeau de l'Union européenne au château, cet arrogant foutre alcoolique n'a pas fait grand-chose de positif pour la République, bien au contraire. Et parti comme c'est parti depuis 9 mois, il nous reste encore 4,25 ans à tenir, 4,25 ans pendant lesquels cet infatué imbécile va se palucher l'ego nettement plus furieusement que son infatué prédécesseur, plutôt que d'assurer au pays un gouvernement stable, compètent, et digne d'un pays européen civilisé. Ça fout les boules moi j'dis. Du coup mes réticences étaient fondées. Et pour vous donner une idée de la température politique du pays, je vous mets encore quelques photos de l'artiste "David Černý", photos qui du reste se trouvent déjà sur Wikipédia: un majeur levé à la face du locataire du château de Prague, "suce-goulot". L'oeuvre fut transbahutée là quelques jours avant les élections législatives, les 25 et 26 octobre 2013. Notez que l'ordure alcoolique avait sciemment décidé de ce week-end (et non pas avant ou après), puisque le lundi 28 est férié (naissance de la Tchécoslovaquie en 1918), que nombreux électeurs partent forcément en congés, et que l'abstentionnisme profite systématiquement aux partis de gauche du fait que leurs électeurs n'ont pas de pognon pour partir en week-end prolongé (c'est le cas tout particulièrement du parti con-muniste, soutenu à 85% par les retraités-fumiers, qui ne manquent jamais d'aller voter pour les bolcheviques). Résultat: moins de 60% de votants, victoire du parti socialiste, et le parti con-muniste est le 3e parti du pays. Les boules moi j'dis. Juste pour info, je n'ai rien contre les retraités lorsqu'ils ne votent pas pour le parti con-muniste. Malheureusement 85% d'entres-eux pensent que sous les con-munistes, tout allait mieux. Pour eux sans doute, misérables égoïstes, mais pas pour les autres. Du coup j'ai arrêté de céder ma place assise aux vieux dans le tram, j'ai arrêté de laisser passer les vieux dans les files d'attente, j'ai arrêté de lire les étiquettes des produits en magasin lorsque les vieux ont oublié leurs lunettes à la maison, et j'ai arrêté de ramasser le fourbi que les vieux laissent tomber par terre à cause de monsieur Parkinson (à moins qu'il n'ait de la valeur, auquel cas je le ramasse et je pars en courant avec). Et encore juste pour info, je n'ai pas une estime débordante pour "David Černý", l'affaire Entropa ayant montré son vrai visage de faux-jeton. Je trouve globalement ses oeuvres faciles, parfois stupides, et sans grande recherche artistique encore moins intellectuelle. Tout n'est pas à jeter, non pas, mais globalement, je trouve qu'il joue facile et sans grande créativité. Et puisqu'on est dans le sujet, je me dois également de vous signaler l'affiche de Poutine au sommet de "Letná". Idem, elle fut transbahutée là quelques jours avant les élections législatives, afin de rappeler la statue de Staline qui se trouvait céans dans les années 50-60 (vous pouvez lire son histoire dans une précédente publie). L'initiative est à mettre au compte du collectif pour la dé-con-munistisation du pays. L'affaire devait mettre la population en garde contre les bolcheviques, contre la gauchisation du pays, et la trop grande sympathie de "suce-goulot" envers le grand frère soviétique. Au vu du résultat des élections, l'objectif ne fut clairement pas atteint. Et encore, tiens, élections... "Andrej Babiš", retenez ce nom, vous en entendrez souvent parler dans les prochains temps. Je vous laisse lire sa bio extraite du Monde, et je vous la mets en appendice derrière ma publie (tout en bas), parce que le monde a la fâcheuse habitude d'ablater ses articles après une certaine période de temps, et paf, ils ne sont plus accessibles, ce qui est dommage. Donc l'André, milliardaire, dorénavant acteur politique incontournable, et selon les rumeurs, ancien collaborateur actif d'avec la StB sous les con-munistes... Alors quand je dis des rumeurs, c'est, selon les Slovaques (Institut slovaque de la mémoire nationale), un fait avéré. Des documents le prouvent. Ben oui, mais l'André fufute leur a mis un procès au cul, procès qui va prendre des années, et sans verdict, pas de conclusion. Et ça fait bien son affaire, parce que voilà, si aujourd'hui il veut occuper des fonctions d'Etat (ministre) en République tchèque, il doit se soumettre à la "loi de lustration", qui évite (un tant soit peu) aux anciens con-munistes (d'avant révolution, parce que les fumiers d'après révolution, malheureusement il y en a, de trop) de cancériser l'appareil d'Etat. Mais s'il est sous-fifre (sous-ministre), la "loi de lustration" ne s'applique pas, et compte tenu de son pognon comme de son influence, il a tout le temps pour intriguer afin que cette loi soit supprimée (du reste les con-munistes comme les socialos sont déjà en discussion afin de supprimer cette loi. Coïncidence?). Bref ministre ou pas ministre, il a suffisamment de pouvoir (propriétaire de media, nombreuses connexions...) comme de pognon (il pèse 1,5 milliards d'Euro en fortune personnelle selon Forbes, rien que ça), pour faire ce qu'il veut dans ce gouvernement de peigne-culs. Comme pour "Miloš Zeman", j'aurais tendance à lui octroyer d'entrée ma sympathie comme ma confiance en sa bonne foi (qu'il défend à corps et à cri), mais compte tenu des expériences précédentes d'avec des ordures dont je ne vous rappelle pas les noms à nouveau, un minimum de retenue, d'appréhension et incrédulité sceptique s'impose. A voir au fil du temps. LE MONDE GEO ET POLITIQUE, 22.10.2013 à 16h05 Andrej Babis, le milliardaire slovaque qui séduit les Tchèques"Nous ne sommes pas des politiciens. Nous trimons." En s'affichant, en chemise blanche aux manches retroussées, sous ce slogan avec les têtes de liste de son parti aux élections législatives des 25 et 26 octobre, le milliardaire tchèque d'origine slovaque Andrej Babis a séduit nombre de ses concitoyens. Son Action des citoyens mécontents (ANO), fondée dix-huit mois plus tôt, pourrait devenir la deuxième force politique du pays. Elle est créditée, selon les sondages, d'environ 15 % des suffrages, derrière le Parti social-démocrate (CSSD, 29 %). Un tel résultat signifierait l'entrée d'une trentaine de députés d'ANO au Parlement (200 sièges), dont M. Babis, un comble pour celui qui ne voulait pas devenir "politicien". Andrej Babis a constitué en vingt ans un empire industriel, Agrofert, comprenant quelque trois cents entreprises dans les filières de la chimie, de l'agroalimentaire et du bois et a tout récemment acquis un groupe de presse. Son anabase politique a débuté en 2011, sur un coup de tête. "En suivant à la télévision un entretien avec le président tchèque d'alors, Vaclav Klaus, s'autoglorifiant et niant les plaies qui démoralisent la société , je faisais des bonds dans mon fauteuil. Aussi je me suis dit que je ne pouvais plus rester les bras croisés", se souvient M. Babis. "Je veux que mes enfants et moi-même puissions vivre dans un pays correctement géré", explique-t-il, lui qui, à 59 ans et fortune faite, "aurait pu penser à profiter de la vie". Le jour même, il rédige une lettre ouverte autour de laquelle des personnalités du monde des affaires et des intellectuels, mais aussi des citoyens ordinaires vont se retrouver. DE L'INITIATIVE CIVIQUE AU PARTI POLITIQUE Il crée alors ANO, une initiative civique qui a pour objectif de dénoncer la corruption omniprésente mais aussi d'imaginer des solutions pour sortir le pays du marasme et de la "sinistrose". Très vite, les nouveaux amis de M. Babis estiment qu'ANO doit devenir un parti politique. M. Babis, qui pensait rester au second plan, est, faute d'autre leader charismatique, propulsé à la tête de cette nouvelle formation. Avant même que des élections législatives anticipées ne soient convoquées après l'autodissolution de la Chambre des députés en août, le milliardaire n'osait imaginer être candidat, élu député et encore moins devenir ministre. Sous la pression de ses partenaires et de ses conseillers, ainsi que du soutien croissant de ses concitoyens – ses meetings ont connu les plus fortes participations de la campagne –, non seulement il compte siéger au Parlement mais aussi s'imaginerait-il bien ministre des finances. M. Babis assume aujourd'hui son "pedigree", qu'il pensait être un obstacle insurmontable à tout engagement politique. Slovaque d'origine, né à Bratislava en 1954 – il en a gardé l'accent et des expressions lorsqu'il s'exprime en tchèque –, il est issu, sinon de la nomenklatura communiste, de l'aristocratie rouge que constituaient les cadres travaillant dans les entreprises de commerce extérieur – PZO –, seuls autorisés à voyager et à vivre à l'étranger. C'est ainsi que le jeune Andrej passa une partie de son enfance à Paris, où son père avait été envoyé à la représentation commerciale tchécoslovaque, puis à Genève. M. Babis marchera dans les pas de son père : il étudiera le commerce extérieur à Prague et entrera au Parti communiste, condition sine qua non pour travailler dans une PZO. "Je n'ai jamais été un communiste convaincu, mais dans ma famille ce n'était pas un problème, c'était un moyen pour réaliser nos désirs professionnels et de vie, explique-t-il. Je n'en suis pas fier mais nous étions 1,7 million de membres du PC (sur 15 millions d'habitants), bien peu avaient la force et le courage d'être dissidents." LOIN DE LA RÉVOLUTION DE VELOURS Travailleur et efficace, il est envoyé en 1985 au Maroc pour représenter quinze PZO sectorielles tchécoslovaques. Il y restera jusqu'en 1991, suivant de loin la "révolution de velours" qui lui permet de jeter aux orties sa carte rouge dès décembre 1989. Rentré au pays au moment où Tchèques et Slovaques se déchirent, M. Babis s'installe à Prague et prend la direction de la filiale tchèque de la PZO Petrimex, encore entreprise d'Etat, pour laquelle il travaille depuis 1980. En 1993, après la partition de la Tchécoslovaquie, il crée avec quelques partenaires Agrofert, d'abord comme une filiale de la PZO. En 1995, M. Babis est débarqué de Petrimex par la direction slovaque proche du leader populiste Vladimir Meciar : il part avec Agrofert qui commence à acheter des sociétés de chimie pour l'agriculture. D'achats en réorganisation, concentration et acquisitions, Andrej Babis est devenu le premier employeur privé du pays (80 000 salariés) et le premier contributeur fiscal individuel car il est l'unique actionnaire de sa holding non cotée en Bourse. PATRON DE PRESSE Tout semble donc lui réussir et il dispose de moyens financiers importants pour mener à bien encore quelques achats pour venir couronner son empire agroalimentaire. On lui prête l'intention d'acquérir l'un des grands distributeurs étrangers afin de croiser le fer avec les mastodontes britanniques, hollandais ou allemands qui inondent le marché de produits alimentaires étrangers concurrents des siens, mais aussi et surtout de s'offrir une chaîne de télévision. Après avoir lancé un hebdomadaire régional et acheté le groupe de presse Mafra (deux quotidiens, un groupe multimédia et des radios), M. Babis, dont le modèle est l'investisseur américain Warren Buffett, se voit accusé par les journalistes tchèques d'être "un Berlusconi tchèque". S'il s'en défend et si les personnalités des deux hommes sont opposées, ils partagent néanmoins un messianisme et une approche entrepreneuriale de la politique. Dépourvu de l'exubérance du chef déchu de la droite italienne, M. Babis n'en est pas moins charismatique. Il a su s'entourer de la fine fleur des élites tchèques – des universitaires reconnus, de hauts fonctionnaires compétents, de brillants entrepreneurs, des journalistes respectés. Confiant dans leur succès, Martin Komarek, ancien rédacteur en chef du premier quotidien du pays, est convaincu qu'Andrej Babis "sera premier ministre", alors que d'autres le voient déjà succéder au Château de Prague au président Milos Zeman, élu en janvier. Martin Plichta (Prague, correspondant), Journaliste au Monde.