Après le premier bilan plein de chiffres des ventes nippons, revenons au plaisir de la lecture pour essayer de se souvenir des meilleurs moments de cette année 2013, mois par mois. Entre nouveautés marquantes et séries qui confirment ou infirment leur potentiel, 2013 a été une année bien chargée.
On comptait 1621 publications en 2012 et on devrait sans doute dépasser les 1700 cette année. En effectuant une sélection de plus en plus drastique – et en ratant certainement quelques bons titres – votre serviteur a réussi à lire 300 mangas, environ… Voici ce qu’il en a retenu !
Janvier
2013 a été l’année du zombie pour tous les éditeurs manga pour le meilleur et pour le pire, certains ayant déjà débuté la thématique dès 2012 comme I am a Hero chez Kana. En ce début d’année, c’est Pika qui propose en premier sa tentative originale avec Sankarea. Le zombie est UNE zombie, autrefois lycéenne bien comme il faut mais un peu prisonnière de sa famille. Elle va finalement s’ouvrir à la vie… à partir du jour de sa mort. Cette comédie loufoque n’a rien d’extraordinaire sur le long terme mais reste une lecture plutôt fun, récréative dirons-nous.Autre lecture originale en ce début d’année, nettement plus prenante et émouvante : Bye Bye my Brother chez Sakka, un one-shot qui raconte la vie d’un boxeur déchu et rongé par la culpabilité qui voit s’ouvrir une voie de la rédemption en entrainant un futur champion. Avec ses personnages-chats attachants et une histoire classique mais bien écrite, c’est un la petite séquence émotion de ce début d’année.
Ce mois de janvier sera aussi l’occasion de laisser tomber une série avant la fin, ce que je ne fais que très rarement : Sprite et son volume 7 achève de me lasser et de me décevoir. Le scénario de départ était bon (une sorte de thriller temporel où c’est le temps lui-même qui joue le chasseur), les personnages pas mauvais mais ça traine en longueur et ça multiplie les rebondissements qui sonnent creux… Donc après quelques tomes d’hésitation, on arrête et on revend le tout, pour faire de la place à une nouvelle série ou à d’autres qui continuent.
Le second tome de Gisèle Alain a l’effet inverse par exemple : il me rassure sur le potentiel de la série. Cette histoire de jeune femme à tout faire péchait par excès de légèreté (l’histoire hein, pas la jeune femme), mais elle accueille de nouveaux personnages secondaires qui apportent du fond à la trame principale et remettent les pieds sur terre à une héroïne aux accents british. C’était sympathique, ça devient intéressant !
Je finis janvier en avalant d’un coup les 3 tomes de Level E, histoire fantastico-humoristico-barrée de Yoshihiro Togashi (Yuyu Hakusho, Hunter X Hunter) qui a visiblement déçu pas mal de monde mais qui m’a personnellement bien amusé : c’est certes un gros n’importe quoi scénaristique mais c’est rempli d’humanité et d’humour un peu louf’, avec quelques personnages excentriques qui se moquent complétement des codes moraux. Le genre de cocktail qui me plait, que j’ai du mal à retrouver dans les derniers tomes de Hunter X Hunter d’ailleurs.
Février
Avec un peu de retard je commence Terra Formars, qui s’est avéré le lancement le plus réussi de l’année chez Kazé Manga, en terme de ventes. 100% action, ce seinen de SF est plutôt sympathique, mixant baston métamorphe et cocktail génétique alien sur la planète Mars. Malheureusement ma lecture est en pause sur cette série, pour les 3 sacro-saintes raisons qui font qu’on ne peut pas tout lire : le temps, l’argent… Et la place sur les étagères !Mais j’en entends beaucoup de bien, j’envisage une session de rattrapage en 2014 grâce au marché de l’occasion. Même son de cloche pour d’autres très bon titres mis en hiatus forcé cette année : l’excellent Ascension depuis le volume 11 ou le méconnu Monju au volume 8. Cette année, j’ai donc encore pris du retard…
Pour en revenir à ce mois de février 2013, je me fais surtout plaisir en lisant du Ki-oon : Barakamon me séduit petit à petit malgré un premier tome pas hyper convaincant. Le troisième opus trouve son rythme dans une narration où se côtoie tranches de vie, humour et promotion de la campagne japonaise. Les personnages s’étoffent et finissent par devenir attachants. Une amélioration qui se poursuit de volume en volume cette année et qui permet à la série d’avoir un cœur de lecteurs fidèles et enthousiastes, qui continue de grossir. Un manga positif qui fait du bien.
Ki-oon toujours avec The arms Peddler qui rattrape la parution japonaise avec son tome 6. Il se faudra se montrer très patient pour lire la suite car malgré tout ce que l’on dit sur le net, on ne sait en réalité pas grand chose hormis que la série est en pause. Les éditions Ki-oon interrogées à ce sujet préfèrent ne pas donner plus d’infos mais encouragent les lecteurs à ne pas croire tout ce est dit sur le net et à être patient, car ça devrait s’arranger. On vous tiendra informé dès qu’on en sait plus.
Après la looooongue pause d’Übel Blatt, Ki-oon semble avoir la poisse avec la dark fantasy. Et puisque j’évoque le fameux retour d’Übel Blatt, soyons honnête : il laisse ses lecteurs un peu dubitatif. Exemple : le retour du sexe un peu facile et un tome 14 à la couverture est … discutable dirons-nous. Plus généralement, Übel Blatt reste une bonne série, mais les nouveaux choix scénaristiques d’Etorouji Shiono semble vouloir nier ce qu’il a construit sur la première partie de son œuvre. On attend donc de comprendre où il veut en venir en espérant une bonne surprise.
Et enfin, pour en finir avec les séries longues, je savoure aussi le 4e tome de Wolfsmund de Mitsuhisa Kuji une série historique et médiévale sur les fondations de la Suisse et la tyrannie exercée par le gardien d’une forteresse, au Col du Loup. Le tome 4 sonne l’heure de la révolte après toute une série de tragédies des plus cruelles. Le retour de l’espoir après le désespoir, il n’y a rien de tel. Donc vivement le tome 5, prévu pour février.
Avec un tome par an, sautez le pas et essayez cette excellente série aux ventes bien trop modestes, à cause d’un graphisme vieillot et des couvertures pas forcément très sexy. Note à moi-même : le mangaka est un ancien assistant sur la série Berserk, faut vraiment que je me mette à cette série !
Mars
Aaaaaah … Mars. Le Salon du Livre 2013 fut cru très agréable : rencontre avec Takehiko Inoue, un des mangakas les plus cools du monde quand même, puis rencontre avec Kim Bedenne qui a donné un coup de fouet notable aux éditions Pika dans son éditorial, et enfin gros grooooos kiff sur le manga Cesare dont j’ai pu rencontrer les deux auteurs : Fuyumi Soryo et Motohaki Hara. Je dévore chaque nouveau tome de cette série qui peut postuler sans rougir au prix de meilleur nouveauté de l’année. Ce seinen sur la vie et le destin de Cesare Borgia est très bien écrit, éminemment documenté tout en étant novateur dans ses postulats historiques. Il met en avant des débats politico-idéologiques intéressants et expose avec justesse les contradictions des hommes de pouvoir. Le tout se fait dans des décors réalistes qui nous transportent avec plaisir dans l’Italie de la Renaissance. C’est juste génial.L’autre découverte notable du mois est Chihayafuru, un titre sur la passion de trois enfants puis trois adolescents pour le Karuta, un jeu de carte traditionnel nippon. L’histoire humaine et une romance sous-jacente prennent rapidement la main sur le jeu de carte lui-même et le lectuer se prend d’affection pour le trio principal, deux garçons et une fille, qui découvre la vie avec ses hauts et ses bas. J’étais bien emballé sur les 3-4 premiers tomes : les personnages sont bien castés et bien présentés, les histoires des protagonistes principaux possèdent pas mal de profondeur et de défis à relever pour le passage à l’âge adulte… Bref tout se met bien en place. Néanmoins mon engouement connait quelques petits doutes dernièrement, à la lecture du 5e tome, qui tourne un peu en rond par moment. Mais c’est juste une impression sur quelques passages d’un tome, à surveiller en 2014.
Sinon, en mars, je me permets d’évoquer une fin de série qui m’a laissé un goût amer d’arnaque dans la bouche : Shimbarada s’achève sur son 3e volume. Soyons direct : éditer une série pareille n’est pas un travail sérieux. Ce shônen d’aventure a été tué en plein vol, alors qu’on commence tout juste à découvrir une histoire intéressante autour de golem-méchas issus d’arbres qui évoluent dans un univers à la Waterwolrd, avec des dessins plus qu’honorables. Malheureusement cette série n’a pas rencontré ses lecteurs au Japon et elle a été contrainte de s’arrêter dès le volume 3, avec une fin minable. Bon c’est le système japonais qui veut ça, à eux de faire avec. Mais pourquoi Tonkam a voulu nous proposer ce titre avorté ? Trois tomes que je ne pourrais jamais revendre et qui prendra la poussière ad vitam (car jeter un manga à la poubelle, j’avoue que j’ai du mal).
Je finis sur une note plus positive : Peace Maker de Ryouji Minagawa est un excellent manga de western qui entame un deuxième arc des plus prenants : un bon dessin, de bons personnages et surtout de bons choix dans le scénario et la mise en scène. Comme je le dis depuis quelques temps déjà, trop peu de mangaka se décident à tuer leurs personnages secondaires, ou alors ils les font revenir comme par magie dès que le besoin s’en fait sentir. Alors que pour la dramaturgie, une mort amenée par un cliffhanger ou assenée violemment par un rebondissement, ça vous transcende une histoire comme un héros (j’ai Gurren Lagann qui me vient en tête tiens, special dédicace !). De toute façon c’est quand même la moindre des choses lorsque des protagonistes se tirent ou se frappent dessus à plein temps, que l’un d’entre eux finissent par manger des pissenlits par la racine !
Avril
Peu de nouveauté marquante dans ce 4e mois de l’année, une seule même : Pil de Mari Yamazaki (Thermae Romae). En fait je pense que cette mangaka est faite pour des histoires plutôt courtes (j’ai toujours pensé qu’on aurait pu enlever un tome sur les 6 de Thermae Romae). L’histoire est en partie autobiographique et nous raconte la vie d’une jeune adolescente japonaise qui vit avec son grand-père : choc des générations, problèmes de communication, souvenirs de musique punk et beaucoup de tendresse envers des personnages toujours justes et attachants. Pil est d’ailleurs a rajouter dans la liste des mangas qui font de bons ambassadeurs de la BD nippone : un peu hybride dans ses thématiques et son dessin, un seul volume, une belle histoire assez universelle. J’ai pu faire le test avec quelques néophytes : les retours ont été très positifs.A défaut d’autres nouveautés j’ai, en revanche, pris un plaisir fou sur la série Dream Team depuis l’arrivée du volume 10 en ce mois d’avril : il y a une suite de rebondissements prenants et émouvants, les personnages secondaires sont de vraies grande gueules avec un bon fond, possédant des psychologies complexes comme on en fait plus, avec une gestion des émotions très spontanée, sans jamais prendre le chemin facile des séquences trop calculées ou téléphonées. Voici un excellent mélange de furyo (un peu) et de compétition sportive (beaucoup), qui commence à frôler les sommets qu’on a pu atteindre avec Slam Dunk. Le mangaka Takeshi Hinata n’est pas aussi fort en humour que Takehiko Inoue, mais ses personnages ont en plus un petit quelque chose dans l’âme qui me fait penser aux protagonistes de Masanori Morita (Rookies, Racailles blues). Le cocktail est vraiment plaisant. La série compte 38 volumes au Japon et j’ai hate de lire la suite.
A propos de dévorer les nouveaux tomes je finis sur ce mois avec Ippo, que je lis avec plaisir depuis maintenant 19 tomes et le début de la saison 3. J’aime tellement les aventures de Makunouchi le boxeur et son ascension vers les sommets que j’ai commencé à m’acheter la première saison, par coup de 2-3 volumes quand je les trouve d’occasion. J’ai commencé la série alors qu’il est champion du Japon et qu’il tente de conserver son titre, et j’ai autant envie de la voir partir à la conquête du monde que de comprendre comment il en est arrivé là. Je reste aussi admiratif de George Morikawa qui parvient à multiplier les combats de boxe sans qu’on n’ait jamais l’impression de lire deux fois le même combat. Respect.
Mai
Je lis assez peu de shôjo mais en ce mois de mai je m’en suis trouvé un qui me plait beaucoup : Parapal. Ce titre fait pas mal parler de lui, à cause de sa façon de traiter la sexualité mais aussi le viol. J’avoue avoir laisser la polémique à ceux qui la font (Akata-Delcourt et Animeland) et ne pas bien la comprendre. Car, in fine, le titre est plutôt bon et surtout original : des extraterrestres s’installent dans le cerveau de quelques adolescent(e)s, entrainant une augmentation de leur faculté sensorielle : l’héroïne devient hyper sensible aux odeurs, un autre personnage aux sons et ainsi de suite. Forcément quand on est adolescent et que les rapports garçons-filles sont assez compliqués, ces capacités ont des conséquences en tous genre. Les rapports humains sont assez justement présentés, les histoires d’amitiés et d’amours se développent sur un bon tempo, il y a ce qu’il faut de quiproquos et d’humour… Et les personnages sont aussi maladroits qu’attachants sans pour autant être des bisounours… C’est même plutôt le contraire.En ce mois de mai j’avale aussi un paquet de séries que je lis depuis longtemps : je mets à jour ma lecture des Bakuman par exemple, ce manga sur les mangakas que je trouve toujours aussi chouette, notamment la séquence du personnage qui cherche le succès à tout prix, sans aucun scrupule ni aucune morale. Il faut toujours une bonne heure pour lire chaque tome, et c’est tant mieux… En plus je me suis aperçu que, depuis le temps que je suis les aventures de Mashiro et Takagi, j’ai fini par bien les apprécier et ils me manqueront lorsqu’on arrivera au tome 20 et la fin de la série. Des personnages réussis donc. Cela dit ce sera aussi l’heure de découvrir une nouvelle série de Ôba et Obata ce qui est, en soi, une bonne nouvelle.
Je continue aussi de lire Blood Lad, qui développe ses personnages, en ajoute quelques uns, multipliant les mystères et secrets de sa trame de fond. Il a fallu 8-9 tomes pour que Blue Exorcist développe un réel arc, on verra donc l’an prochain où va vraiment nous emmener Blood Lad En attendant je savoure ce titre d’action bourré d’humour qui est vraiment bien gratté. Ah, j’allais oublier, j’ai aussi lu Woodstock, le titre musical de Yukai Asada sur la genèse d’un groupe de rock. L’univers est une mine de références sur la musique punk et rock du siècle dernier, l’histoire et les personnages sont plutôt bons, la mise en scène sympa et il s’en dégage une vraie passion pour le rock et ceux qui le font… Mais qu’est-ce que c’est moche ! Je suis désolé pour le titre qui aurait mérité mieux mais il y a un moment un visuel raté (surtout au niveau du chara-design) finit par me couper l’envie s’il perdure, même avec un bon feeling sur les premiers volumes et sur le fond. Pour ceux que ça ne dérange pas par contre, faites vous plaisir !
Juin
Fin mai début juin je m’attaque à Sket Dance, ce shônen humoristique lancé par Kazé Manga en tout début d’année. Le titre ne paie pas de mine comme ça, avec trois persos lambdas, un chara desing bateau et des chapitres sous forme de petit sketch assez simple. Mais au bout de 2-3 tomes la magie opère. L’humour fait mouche en s’appuyant sur des quiproquos, de situation absurdes et de bonnes parodies. Autre détail qui donne un vrai plus: l’auteur laisse un petit message à chaque fin de chapitre et nous en dit plus sur la construction de ses histoires. Il s’établit ainsi un lien appréciable entre auteur et lecteur. Les titres humoristiques ont toujours du mal à trouver leur place en France mais je n’avais rien lu de loufoque et drôle dans ce genre là depuis Yakitate Japan, donc je me fais plaisir de temps à autre je me procure un volume pour lire quelque chose qui change un peu. C’est fun.En juin je vois aussi passer un nouveau tome de Billy Bat. Je me dis que je suis vraiment très en retard (je n’ai pas encore dépassé le tome 2) mais que ça va me prendre un jour et que je vais tout m’enfiler d’un coup car ils sont déjà à la maison. Je l’avais fait pour Pluto, histoire de pondre un papier un peu original et d’avoir une expérience de lecture plus immersive.
En ce mois de juin, je lis aussi un tome de Naruto. Je sais que ce manga hyper populaire est mal aimé des connaisseurs de manga, que c’est presque un truc honteux / inavouable pour celui qui se veut expert en la matière mais voilàn ça me plait toujours autant de le lire. Autant j’ai eu du mal avec le ninja orange pendant près de 25-30 tomes car il me tapait sur les nerfs, autant je trouve que depuis qu’il a entamé un vrai dialogue avec Kyubi, il possède un certain charisme. Bon ok la technique de manipulation des âmes qui permet de ressortir n’importe qui de la tombe m’horripile par principe mais, sinon, le grand combat qui se déroule depuis quelques volumes est bien mis en scène. Je trouvais Naruto sympa à lire il y a 10 ans sans pour autant sauter au plafond, et c’est toujours ce que je pense.
Tiens, pour rester chez Kana, je débute ma lecture de Gamaran et j’avale les trois premiers volumes. Oh ! Tiens ! Des personnages qui meurent dans chaque volume ! Bon ok, ce sont des méchants qui passent de vie à trépas, mais c’est un bon début. J’aime aussi ce titre pour son autre parti pris : se dévouer entièrement à l’action, avec une suite de combats sans aucun répit. Il y aura certainement une pause à un moment mais au moins le manga va droit au but et son auteur Yôsuke Nakamaru est plutôt adroit avec la mise en scène et le graphisme des combats. Du bon travail qui me rappelle l’époque ou je lisais Kenshin, et j’ai hâte d’aller acheter les 3 tomes qui me manquent pour creuser ça plus avant !
Voilà, c’est ainsi que s’achève cette première partie consacrée à mes lectures du premier semestre. Je m’aperçois que j’ai beaucoup de retard à rattraper durant les vacances qui arrive, et j’ai déjà commencé en lisant tous les jours un tome de Samidare. Billy Bat will be next.
En tout cas dans ce que j’ai lu, si je ne devais garder que 5 titres, je dirais assez facilement : Barakamon, Cesare, Parapal, Dream Team et Pil.
Et vous ?