Bien sûr, il y a autant de variations de la tradition provençale des 13 desserts que de régions en Provence et l’on peut trouver des différences que l’on soit à Nice, à Marseille ou à Arles. Mais dans ce méli-mélo il est pourtant des similitudes que nous allons essayer de regarder ensemble.
Tout d’abord sachez qu’il y a beaucoup de traditions provençales au moment des fêtes de Noël. Parlons tout d’abord du « gros souper », ce repas maigre qui se prend avant de se rendre, en famille, à la messe de minuit. Comme nous venons de le voir c’est un repas maigre, sans viande composé de 7 plats symbolisant les 7 douleurs de la Vierge Marie. Ce repas est servi sur une table avec une superposition de 3 nappes blanches, avec 3 bougies blanches, tout ceci pour symboliser la Sainte Trinité et sur laquelle sera placé le blé de la Sainte-Barbe planté le 4 décembre. En fin de repas, la table ne devait pas être desservie, on nouait juste les coins afin qu’ils ne traînent pas sur le sol et que de mauvais esprits ne puissent monter sur la table. On ne desservait pas la table car, ainsi, les ancêtres pouvaient durant la nuit venir participer au repas comme les vivants. On laisse également une place vide au cas où un pauvre se présenterait pour partager le repas, ou bien pour honorer les morts de la famille.
Dans « Les trois messes basses » d’Alphonse Daudet, l’auteur parle d’une autre tradition qui est celle du réveillon d’après la messe de minuit, composé, lui, d’un repas avec viandes et gibiers et des 13 desserts.
Parlons donc des 13 desserts. Pourquoi 13 ? Parce qu’ils symbolisent le Christ et ses 12 apôtres lors du dernier repas, la Cène. Mais l’on retrouve également dans les fêtes romaines, appelées les Saturnales cette célébration du solstice d’hiver qui marque le retour de l’abondance.
Que contient donc cette ronde des 13 desserts ? Là encore cela varie suivant les régions et les croyances mais l’on peut d’ores et déjà citer les incontournables comme l’assiette de dattes à laquelle est liée une bien jolie croyance puisque l’on dit que Marie, Joseph et l’enfant Jésus s’arrêtèrent lors de leur fuite d’Egypte sous un palmier dattier et lorsque Jésus leva les yeux et vit les fruits sur l’arbre, il s’écria « Oh » et l’on dit que c’est pour cette raison qu’il y a toujours un O gravé sur les noyaux des dattes. On retrouve également des fruits secs, noix, noisettes, amandes et figues rappelant les couleurs de la robe des religieux appartenant à l’ordre des mendiants.
Le nougat blanc représentant le bien et le nougat noir symbolisant le mal sont aussi toujours présents sur la table des 13 desserts ainsi que la fougasse ou pompe à huile, qui doit être rompue et représente le partage et la communion entre les convives. Les oreillettes et les fruits frais font également partie de cette ronde de desserts. On y ajoute, en fonction de ses goûts et de ses traditions des confiseries comme les calissons ou des fruits confits.
Il faut savoir que tout est religieux et pieux dans cette célébration des 13 desserts et plus généralement dans les traditions de Noël en Provence.
Et pour finir voici une délicieuse tradition appelée "cacho-fue" qui voulait que le plus âgé de la maison aidé du plus jeune choisisse la plus grosse bûche possible d’arbre fruitier parmi la provision de bois pour l’hiver et qu’ensemble, tenant la bûche chacun à un bout, ils fassent trois fois le tour de la table avant de la mettre dans la cheminée. Alors l’aïeul l’arrose d’un verre de vin cuit en prononçant les paroles suivantes : « Allégresse, allégresse ! Mes beaux enfants, que Dieu nous réjouisse ! Avec Noël tout bien vient, Dieu nous fasse la grâce de voir l’an qui vient, Et, si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins. ». Puis, une fois la bûche mise dans la cheminée et le feu allumé l’on pouvait alors se mettre à table. Au premier coup de cloche de la messe de minuit, on éteignait la bûche, la recouvrait de cendres, on rallumait le feu le jour de Noël et la bûche devait se consumer lentement jusqu'au jour de l'An. Les cendres servaient dans la préparation de remèdes pour les animaux, un morceau était gardé pour mettre dans l'âtre l'année suivante.
Voici donc l’origine et l’histoire des 13 desserts provençaux et nous ne pouvions pas ne pas parler des autres légendes provençales qui accompagnent cette tradition !