Comme
beaucoup sans doute, suite à la venue de Stephen King en France et à
la parution de la suite de ce titre connu de tous, je me suis lancé dans la
lecture de Shining – histoire de faire les choses dans l'ordre même
si, nous dit-on, les deux ouvrages peuvent se lire indépendamment.
Non, je ne l'avais pas lu. Je n'ai pas vu le film non plus d'ailleurs,
et ce fut une expérience pour le moins étrange et
surprenante de le dire - l'avouer ? - autour de moi. D'un coup
d'un seul, j'ai été à l'origine de transformations faciales qui
auraient fait passer Freddy les griffes de la nuit, voire Saw –
faut bien coller un peu à l'époque - pour un conte doux et
sucré à l'usage des enfants sages. « Qwwwwâââââââ ?
Tu n'as pas vu Shiniiiiinnng ? » En réalité, je n'ai
fait que deviner la phrase parce qu'avec la déformation si prononcée du visage, ça
ressemblait plutôt à du chewing-gum. M'étonnerait de toute façon
qu'on m'ait demandé : «quoi, t'as pas du darjeeliiiiing ?»,
tout le monde sait que je ne bois pas de thé...
En
gros, je connaissais quand même l'histoire. 36 15 ma vie (pour la
circonstance, imaginez une musique nostalgique et si vous n'en avez
rien à fiche, sautez le pragraphe... ) : c'était il y a
vingt-deux ans. Mon pote Pascal m'avait raconté l'histoire. Durant
toute une soirée, il avait passé son temps à la lire tandis qu'on
l'attendait pour un tournoi enfiévré à Sensible soccer. Je le
revois, assis dans le salon en train de tourner fiévreusement les
pages du j'ai lu de l'époque... Il s'est contenté de ce seul
Stephen King, prétextant qu'il
voulait se faire une idée de ses
livres, c'était fait on ne l'y reprendrait plus. Tu parles !
T'as eu les chocottes, Pascal, avoue !
Parce
que oui, Shining tient en haleine et... fait peur. Délicieusement
peur. La gradation dans la folie de Jack Torrance est subtile et
redoutable à la fois. La tension est palpable, tenace. A ce titre,
toute personne avide de sensations fortes sera servie. Mais si on
gratte un peu, au regard de tout ce qu'a pu dire récemment Stephen
King lors de sa venue, l'éclairage est tout autre, la part
autobiographique du livre se révèle : celle relative à
l'écriture et à son processus, bien sûr, mais aussi celle ayant
trait à l'alcoolisme et à la dépendance, sur les ravages
engendrés par cette addiction, sur l'impact qu'elle ne manque pas
d'avoir sur la personne qui la subit ainsi que sur son entourage. Et étant donné que Carole en parle très bien sur son
site, je vous invite vivement à aller la lire, et n'hésitez pas à vous laisser tenter par ses autres suggestions au passage.
Pour
ma part, je m'en vais sous peu consulter un certain docteur... Sleep.