Chaque saison possède ses couleurs, ses bruits, ses odeurs qui sont autant de déclencheurs de souvenirs enfouis et de confirmations subjectives que nos perceptions sont en accord avec le calendrier officiel.
Ce même soir, nous prenions le frais sur le patio quand, du ciel, nous parvint un autre symbole de l’été, sous forme de bruit cette fois. L’engoulevent bois-pourri. « La voix nocturne de la forêt », comme l’appelle le célèbre naturaliste américain Roger Troy Peterson. Les anglophones le désignent sous le nom de Whip-Poor-Will. Si l’on récite cette phrase assez rapidement, en accentuant le Will, on a une idée approximative de son cri. Les oreilles francophones entendraient plutôt bois-pourri, bois-pourri, bois-pourri… De là son nom dans la langue de Molière et de Vigneault. Ce cri mélancolique, cet
insectivore à grande bouche gobeuse le pousse sans cesse lorsque, dans les crépuscules de l’été, il survole aussi bien les milieux urbains que la forêt de conifères ou de feuillus en pourchassant les moustiques. On le nommait jadis le chie-maringouins. Son cri, son vol rapide en cercle, que lui permettent des ailes robustes et arrondies, coïncident toujours avec l’arrivée des maringouins, brûlots et autres insectes assoiffés de sang humain, qui sont la terreur des amoureux du plein air en juin et juillet.Jargeau et bois-pourri ont crié « Présents ! ». L’été est là. Rangeons nos bottes et nos pelles, et sortons nos parasols… Pour quelques semaines !…
L’AUTEUR…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon
du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet). On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).