Un agent des services-secrets travaillant en France se retrouve avec un agent américain peu scrupuleux dans ses pattes...
La critique "dézingage de force" de Borat
Tiens, cela faisait un petit moment qu'on n'avait pas parlé de Luc Besson, une éternité même. Je crois d'ailleurs que la dernière fois fut pour la critique de Colombiana. Dans le cinéma de Besson que ce soit en tant que réalisateur (donc Le grand bleu, Nikita...) ou scénariste (donc Taxi, Yamakasi...), on a toujours vu de tout et surtout de la merde. A vrai dire, la vidéo de Mozinor (qui finira probablement dans la Cave de Borat un de ces quatre) résume à elle seule tout son cinéma: vous prenez un acteur particulier que vous mettez en scène plusieurs fois (l'exemple le plus fréquent reste Jean Reno), des prostituées (un bon nombre des héroïnes de ses productions le sont comme dans Le baiser mortel du dragon ou alors font tout comme comme dans Colombiana), des clichés gros comme le monde (le rebeu deale de la drogue, le chauffard roule sans permis, les flics sont tous des cons), des mecs qui se foutent sur la gueule et évidemment des Audi (car un film Besson sans son Audi c'est comme Brad Pitt sans Pepsi!). Pourtant alors que ces facteurs ne font jamais dans la dentelle, From Paris with love commet l'irréparable: faire encore pire que d'habitude. On peut même dire qu'il n'y a aucune structure narrative. Même sur ses précédentes réalisations (à savoir les lamentables et réacs Banlieue 13 et Taken), Pierre Morel avait un minimum de structure à développer.
"Hé le chinois tu ferme ta gueule ou je te bute! Mais souris, en fait tu vas quand même crêver comme tes potes que je vais buter!"Le genre très carré (un flic part dans un New York 97 du pauvre en compagnie d'un banlieusard adepte du parkour pour l'un; un agent de la CIA à la retraite part en vendetta pour retrouver sa fille pour l'autre), complètement con mais très carré. Sauf que là, on pourrait qualifier le film de total roue libre. On pourrait dire la même chose des Taxi, mais au moins on savait à quoi s'attendre. Or, là les séquences semblent s'emboîter sans réel sens et surtout sont affreusement mauvaises. Le film commence un peu à la Mr and Mrs Smith. Ils s'aiment, ils sont beaux, lui est brillant, elle est coquine, mais c'est une sorte d'agent-secret qui plus est dans Paris. Et rien de plus romantique (et donc cliché) que Paris. Alors le début s'apparente ainsi et les besognes de Jonathan Rhys Meyer sont de mettre un vulgaire micro chez un ministre français et changer des plaques d'immatriculation! Puis arrive John Travolta et là on a droit au déluge de vulgarité dont semble devoir avoir tout le cinéma de Besson: prendre les gens pour des imbéciles en jouant avec eux sur les clichés de la société. Ainsi, son scénario attaque tout le monde: les ricains, les chinois, les français, les banlieusards et les pakistanais. A ça près et on avait un réquisitoire sur les albanais comme dans Taken!
"Il n'y a pas de problème mon loulou. Tes copains je vais leur démonter la gueule, les faire fumer sur un barbecue, donner le steak au chien avant qu'il ne te bouffe les couilles. Alors heureux?"En gros, je vais faire rapide quitte à résumer le nombre de raccourcis du film. Travolta se fait prendre à l'aéroport avec des canettes, ce qui est interdit par la loi, il finit par en sortir avec, tout en insultant les français de "bouffeurs de grenouilles" (et Luc Besson d'engrenger encore un cliché vieux comme le monde), qui contenait en fait un pistolet en petits morceaux (tout ça pour ça). Travolta va dans un restaurant chinois, il tue tout le monde, les chinois ayant des mitraillettes. Travolta est dans la rue, il croise des rebeus, il leur défonce la gueule. Travolta va dans un immeuble, se fait tirer une centaine de fois sans jamais se prendre une balle au contraire de Rhys Meyer et liquide tout un pan de trafiquants de drogue qui sont en liaison avec des terroristes pakistanais. A noter qu'à un moment, Travolta couche avec une prostituée incarnée par la chanteuse Melissa Mars (ça fait toujours plaisir de commencer sa carrière avec un rôle pareil!). Et là vous avez déjà une bonne partie du film. En fait, Travolta va quelque part et trucide tout sur son passage et si ce sont des étrangers tant mieux. Accessoirement, on fait passer ça pour un scénario qui plus est produit pour 38 millions d'euros (oui vous avez bien lu). Après certains se demandent comment le cinéma français fait pour s'endetter, on serait bien prêt à leur faire voir du côté de l'ami Besson, dont le Malavita a une nouvelle fois coûté très cher pour le peu qu'il a rapporté.
"Tu préfère moi ou ta copine? Non pas que je sois prétentieux mais entre un connard xénophobe mais qui adore les cheeseburgers et une terroriste pakistanaise qui te fait grimper au rideau, moi j'ai fait mon choix."Quand on pense que Neuf mois ferme sans autant de promo, de sponsors et surtout de moyens fait dix fois mieux au box-office, il y a de quoi rigoler. Mais le film ne s'arrête pas en si bon chemin et va continuer dans le portnawak encore longtemps. Non il est même prodigieux dans sa suite. Conscient de son scénario pitoyable (tout du moins on le pense parce qu'à un tel niveau de bêtise), Besson tape dans le twist bien foireux et poussif. (attention spoilers mais je te connais cher lecteur, je sais que tu aime bien les lire surtout quand ce sont des navets!) Par twist, je veux bien sûr parler de revirement de situation, le genre qui change radicalement l'histoire. Or, sur From Paris with love, c'est tout le contraire. Ce twist confirme tout ce que l'on savait déjà: Besson comme son co-scénariste Adi Masak (appelons un chat un chat) n'ont rien à raconter et utilise à peu près tout et n'importe quoi pour pouvoir rendre leur film plus intéressant. Sauf que là cela le rend encore plus bête et méchant. Ainsi la copine du héros devient une terroriste pakistanaise d'une minute à l'autre, mais le plus drôle vient de la manière de faire. Travolta (encore lui!) parlote avec la gentille copine de la petite-amie de Rhys-Meyer, on sent qu'elle va passer par la case toilette avec lui, tout va bien... avant qu'il ne lui tire une balle dans la tête!
Tu es en train de rire cher lecteur? Sâche que tu n'es pas au bout de tes peines, puisque Travolta a des excuses pour tout. Pourquoi il l'a tué? Parce que c'est une terroriste pakistanaise! Comment il l'a su? Parce que son portable a vibré près d'un mur, donc il y a plein de micros dans la maison! Comble alors que Rhys Meyer dit avoir fait une enquête sur elle, l'appartement n'a pas été sécurisé par ses collègues mais en plus elle planque des flingues sous les tables alors que bon le premier venu qui se baisse aurait pu les voir! Même là ce n'est pas crédible. Alors après arrive la grande traque avec le chef terroriste qui envoie une voiture blindée d'explosifs vers la voiture d'une ministre américaine (qui en plus est complètement débile, puisqu'on a beau lui dire que son trajet est synonyme d'attaques, elle s'en fout; on voit que le 11/09 n'est pas arrivé et que le monde est beau et carré) et l'ex va carrément à l'Elysée (enfin ce n'est pas dit, mais où vont les représentants du gouvernement français quand débarquent des représentants internationaux?) en mode "bombe humaine". Encore une fois, tout cela n'est pas crédible une seconde et surtout quelles sont les revendications de ces fameux terroristes?
Encore une fois, nos chers scénaristes (et non le réalisateur puisque ce genre de conneries vient du script) ne savent pas quoi dire. On imagine bien le genre de discussions entre les deux larrons en train d'écrire:
"Dis-moi Luc, tu as tapé sur à peu près tout le monde: les asiatiques, les immigrés, les rebeus, les italiens, les albanais, les allemands, les flics, le Père Noël... Tu n'en as pas en stock pour From Paris with love?
-(Besson met la main sur ses yeux et fait tourner un globe du monde en le pointant du doigt et s'arrête) Ah ben tiens l'Albanie tu connais?
-Pas du tout.
-Moi non plus! Tiens j'ai une idée! Et si on les faisait passer pour des terroristes qui se sont expatriés pour dézinguer des américains -parce qu'ils sont gentils les ricains ils nous donnent des sous pour faire ce film.
-Mais pourquoi?
-Je ne sais pas, on s'en fout! De toutes manières, les gens iront voir le film pour Travolta, ils s'en foutent du scénar, du temps qu'on a des dialogues à la Pulp Fiction.
-Tu mets toujours la barre haut Luc c'est pas possible un don pareil.
-Je sais merci!"
Je t'imagine lecteur en train de jubiler en te disant "il part en total free-style avec un film pareil mais pour La soif du mal, il fait à peine trois-quatre paragraphes"! (fin des spoilers) Alors certes j'ai attaqué le script en long, en large et en travers, mais la réalisation ne fait pas tellement mieux. N'importe quel tâcheron aurait pu prendre la place de Pierre Morel, cela aurait été la même chose. Au niveau des faux-raccords, le panar vient des balles dans la tête où la plupart des protagonistes basculent déjà la tête en arrière avant même l'impact de la balle. Mais le meilleur est bien évidemment la scène de l'autoroute. Si vous avez un terroriste qui est prêt à faire sauter sa voiture sur celle d'une politique américaine, qu'un ahuri comme Travolta vous tire une roquette (qui plus est totalement numérisée et donc très moche), cela doit faire une énorme explosion, le genre que l'on voit dans Piège de cristal où John McClane saute du dernier étage. Et bien là non, ce n'est qu'une simple explosion, un petit pshitt totalement improbable et pas crédible une seconde. Alors à ceux qui disent sur Allociné, Besson essaye de faire quelque chose à l'américaine, il se donne les moyens en France, il essaye de changer les choses, je dis non. Quand on voit ce qu'il produit ou réalise, c'est tout simplement impossible de dire cela à moins d'oublier certains réalisateurs majeurs décédés aujourd'hui.
Une sombre purge, probablement dans les sommets des pires productions Besson, à la fois xénophobe, pas crédible une seconde et surtout pas structurée du tout.
Note:
Note naveteuse: 18/20