Le Monde infiltre une journaliste dans un entrepôt d'Amazon. Elle en dit le pire « Les travailleurs chez Amazon ont des conditions de travail dignes du XIXe siècle ». J'étais convaincu d'avance. Mais, avais-je raison ? Elle parle de taylorisme et de fordisme. (En oubliant que leur principe était de donner des rémunérations relativement très élevées aux ouvriers.) Mais n'y a-t-il pas d'endroits où la vie est plus dure ? Qu'en est-il, par exemple, des entrepôts des concurrents d'Amazon ? D'autant qu'il s'agit de travaux saisonniers. Et une journaliste est-elle la personne la mieux placée pour juger des conditions du travail ouvrier ? Qu'aurait-elle dit si elle avait dû travailler dans une aciérie, sur un chantier, ou, simplement, vider les poubelles de la ville de Paris ? Ce qui demeure de l'enquête est surtout un sentiment de ridicule. Amazon se croit obligé d'asséner une morale risible à ses employés. Mais pourquoi devraient-ils l'écouter ? Ce que cela semble dire, c'est surtout que l'on ne fait pas carrière chez Amazon. Mais pourquoi devrait-on y rester ? Un petit boulot à un moment de gros chômage ne me semble pas un mal. Ce qui est plus désagréable, cependant, est qu'Amazon ne paie pas ses impôts. Paradoxe du hors la loi moralisateur ?
(Une question que me pose cet article : n'y a-t-il pas création d'emplois ? Je suis étonné du nombre de personnes dans l'entrepôt. D'après l'article, la force du modèle Amazon serait une question d'immobilier. Amazon a des entrepôts à des endroits où le prix du m2 est faible, alors que la librairie est en pleine ville. Cette économie serait-elle transformée en emplois ? D'autant qu'il faut compter ceux des transporteurs. Peut-être aussi la vente en ligne a-t-elle fait croître le marché du livre ? Un peu tiré par les cheveux ? En outre, Amazon ne serait-il pas un bouc émissaire commode ? Une des causes de malaise de la librairie paraît aussi être la grande surface, et, pire ?, l'éditeur qui publie de plus en plus de livres...)