Si le scénario du premier volet plongeait le lecteur dans l’horreur de la Première Guerre mondiale au sein des tranchées et des champs de bataille, et que le deuxième tome se déroulait en pleine révolution russe en compagnie de Gervasio et de ses camarades bolcheviques, cette troisième époque se veut beaucoup plus estivale.
Malheureusement, le bond temporel qui permet à Mattéo et ses amis de se retrouver subitement en août 1936 est particulièrement perturbant. Il faut donc quelques pages pour se situer et pleinement emboîter les pas de ces personnages qui décident de profiter des premiers congés payés instaurés par le gouvernement Blum en allant rejoindre Collioure. Ce retour au pays de son enfance permet non seulement à Mattéo de retrouver sa mère et Juliette, mais lui réserve également quelques belles surprises. Si l’ambiance est d’une légèreté estivale, le vécu des protagonistes reste cependant clairement gravé dans leur mémoire, tandis que les tensions qui menacent l’Espagne se font clairement ressentir jusque dans cette petite ville frontalière. Malgré ce fond historique moins dominant, le développement psychologique de Mattéo demeure intéressant et l’histoire sentimentale développée en avant-plan est également séduisante.
Au niveau du graphisme, cet album respire bon l’été. Des pique-niques aux robes fleuries, en passant par les balades le long de la plage, Jean-Pierre Gibrat livre de véritables cartes postales. Le trait fin de l’auteur, les superbes aquarelles et les jeux de lumière sont de toute beauté et font ressortir toute l’humanité qui se dégage de cette histoire.
Un troisième volet qui propose un moment de respiration, une sorte d’intermède bienvenue entre les différents conflits qui ont secoué l’Europe à cette époque.
Retrouvez ce bien bel album dans mon Top de l’année !
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