UBS Luxembourg, première victime du Mécanisme européen ?
Publié Par Thibault Doidy de Kerguelen, le 20 décembre 2013 dans Monnaie et financeC’est la taille d’UBS Luxembourg qui crée le risque systémique dont a peur l’Union européenne.
Par Thibault Doidy de Kerguelen.
Les procédures en vue de passer UBS Luxembourg au crible ont déjà commencé. C’est la Banque centrale européenne (BCE) qui s’en charge et les conclusions ne seront connues qu’à l’automne 2014. La filiale luxembourgeoise de la grande banque suisse est l’une des 130 institutions qui feront l’objet d’examens minutieux dans le cadre du Mécanisme de supervision unique (MSU) mis en place par l’Union européenne (UE). Avec le Mécanisme de résolution unique, le MSU est l’une des deux pierres angulaires de l’union bancaire, dont le but affiché est d’assurer la solidité et la stabilité financière en Europe.
UBS Luxembourg est un poids lourd
Il n’y a aucune communication de la part de la banque sur les détails de la procédure dont elle fait l’objet. Nous savons néanmoins que si elle fait partie de la liste de 130 banques à ausculter, c’est qu’elle pose un risque systémique à l’ensemble de la place financière luxembourgeoise et, par extension, à l’ensemble de l’UE. La valeur de ses actifs est supérieure à 30 milliards d’euros, le ratio entre ses actifs et le PIB du Luxembourg pèse lourdement, elle fait partie des trois plus grands établissements bancaires du pays. Autant de critère qui la place sans conteste dans la « fameuse » catégorie des banques « too big to fail ».
UBS Luxembourg compte actuellement 700 collaborateurs actifs dans la gestion de fortune, dans la conception et la distribution des fonds et dans la banque d’investissements. Sa clientèle est essentiellement européenne.
Les ministres de l’Écofin trouveront ils un accord viable?
Après que la BCE aura dressé un bilan concernant UBS-Luxembourg, il appartiendra au MSU de prendre le relais. Celui-ci aura trois options : conserver le statu quo si la banque s’avère solide, la liquider par crainte de contagion si elle apparaît fragile ou la sauver avec une recapitalisation si sa chute comporte plus de risques que d’avantages.
Le problème, c’est que tout cela est très théorique, car l’UE n’a en réalité pas encore finalisé le fonctionnement du MSU. Incroyable, non ?
La semaine passée, la rencontre des ministres européens des Finances (Écofin) qui avait ce sujet à l’ordre du jour s’est soldée par un échec. Mercredi se tenait à Bruxelles la cession de rattrapage. Finiront-ils par se mettre d’accord ? Il y a de fortes chances que oui. Pourquoi ? Parce que tant la Commission que les ministres souhaitent ardemment faire aboutir le dossier tout de suite afin que ce soit bien l’actuel Parlement européen qui l’entérine avant les prochaines élections de mai 2014 dont l’issue laisse à penser que la configuration sera beaucoup moins favorable à tous ces « zinzins ». Parmi les questions en suspens figure l’épineux fonds de résolution unique, qui viendrait au secours des banques en détresse mais qu’il faudra sauver. Qui l’alimentera, à quelle hauteur ? De manière constante ou sur appel ? Banques et États seront probablement sollicités. Reste à savoir comment… Une paille, comme problème à résoudre !
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