Dans mon rétroviseur, j'ai plein de belles choses. Certes, un mois de janvier pas complètement gai, à finir de récupérer mes bras et à me poser bien des questions sur la suite de mes projets (je crains cela dit de me retrouver dans le même genre de problématique cet hiver, mais avec une forme morale meilleure), à tenter de repartir après mes déceptions sentimentales, aussi, de 2012. Je reviendrai plus tard sur le revers de la médaille de cette "vie d'aventure" que j'ai choisi ou qui m'a choisi.
Après ce mois de doute, où je n'ai pas renoncé non plus à tenir le cap, c'est à nouveau les voyages, qui vont s'enchaîner, qui me remettront dans la bonne dynamique et mon moral à flot. À partir de la mi-février, je ne garderai que de beaux souvenirs de cette année pleine et intense.
Une année de pérégrinations qui commence au Maroc, du côté de Tafraoute, par une course amicale à tous les niveaux, chez les frères Ahansal. Et puis tout ensuite va bien s'enchaîner: un détour dans l'intéressante mais étrange Jérusalem, l'organisation d'une épreuve amicale elle aussi à la Dominique, où les choses se passent plutôt bien, même si je me rends compte encore que les journées d'efforts qui me semblent banales ne le sont pas vraiment pour d'autres, pratiquants très réguliers, et que la fatigue peut générer certaines tensions. Mais l'ambiance reste agréable et l'île toujours aussi belle.
D'un soleil à l'autre, je passe des tropiques à la taïga pour la semaine suivante courir avec une vraie joie dans les grandes forêts de Finlande, un pays où je voulais venir depuis longtemps tant il est celui des grands coureurs du début. Là encore, je fais le plein de sensations auprès d'une équipe d'organisation vraiment sympathique qui ne mérite vraiment pas les plaintes absurdes de trop nombreux participants sur ce réveil du printemps. Le réveil du printemps, c'est aussi de belles vibrations qui s'annoncent sur mon année 2013.
Un peu plus tard, après un détour sur Toulouse là aussi amical, je m'envole vers le soleil levant pour un voyage vraiment marquant au Japon.
Ce pays, les rencontres que je vais y faire, le chemin parsemé de 88 temples que j'y parcours, va me transporter. J'en garde tant de beaux souvenirs, de beaux sourires, l'émotion aussi de retrouver Typhoon qui m'a tant aidé à me sortir d'un très mauvais pas en Himalaya l'an passé et qui m'aidera avec tanr de gentillesse et d'amitié pendant mon voyage ici. Je passe ainsi un printemps riche en découverte sous le soleil de l'archipel.
Ces bonnes ondes me permettent un retour en France presque serein, surtout que je ne vais pas m'ennuyer non plus cet été. Un bel été, passé essentiellement dans les Alpes mais où j'ai eu le sentiment de bien mieux maîtriser mon activité que lors des précédentes années où je m'étais quelque peu épuisé à courir de courses en événements. Là, entre une belle reco en Tarentaise et un reportage sur le trekking des géants, j'ai encore pu jouir de ces défis libres que j'aime tant. J'ai pu faire des images, écrire des textes et sentir mes pas fouler le sol. C'était vraiment bien. Quelques compétitions ont tout de même animé mon calendrier, mais à l'exception du joli trail des Salles je n'ai guère pu trouver du plaisir à mes participations, même si les moments de convivialité ne manquaient pas.
Enfin cet été bien négocié sur le plan professionnel et sportif m'a permis d'aborder en bonnes conditions spirituelle et physique un automne qui s'annonçait comme "challenging" et tellement existant: je repartais ainsi deux fois au Maroc en septembre (encadré par une belle épreuve sur le Saint Jacques), sur la première édition, exceptionnelle d'amitié, de rencontres et de beauté, du Trans Atlas Marathon, puis pour goûter à nouveau, en mode décontracté, à l'ambiance tout aussi excellente bien que plus peuplée de l'UTAT. Enfin, un bien sympathique voyage de presse en Catalogne achevait ce beau mois de vadrouille.
Encore le plein de bonnes vibrations qui m'ont permis d'aborder au mieux mon voyage sur la Via Francigena qui restera encore une étape supplémentaire sur le chemin de ma réalisation personnelle et un voyage vraiment exceptionnel. Je n'en suis pas encore revenu et c'est tant mieux, d'autant plus que ma dernière escapade en Thaïlande en a finalement prolongé la magie.
Il me restera des tonnes d'images de cette Via Francigena. Des grandes plaines de Champagne où j'ai du livrer bataille pour avancer seul, des belles surprises de cette traversée d'une France discrète et des étapes partagée dans l'amitié. De la Suisse aussi, un peu, et surtout, surtout de ma si belle traversée italienne. Une Via Francigena italienne où je me suis senti pousser des ailes et j'ai eu le sentiment de me retrouver en tant que coureur. C'était si bon.
Et puis ce fut aussi de grands moments de partage, car j'ai eu des partenaires vraiment exceptionnels et présent en Italie, avec le sentiment de voir mon projet vraiment relayé et du coup plus efficace dans la communication. C'est bien mieux quand on est pas seul, même lorsque l'effort demeure solitaire. Et puis c'est si beau l'Italie. ..
Mais oui, il me faut revenir. Et ça ne sera peut être pas si facile. J'evoquais tout à l'heure le revers de la médaille il sera sans doute à m'attendre. 2013, ça restera aussi pour moi l'année de la sortie de mon premier livre. La première fois que je réalise vraiment un rêve d'enfant. Mais ce n'est pas un achèvement. J'espère que ce livre en appellera d'autres. Je ferai tout pour ça, en essayant de ne pas céder au découragement, surtout là, de retour dans l'hiver que je n'aime guère. Le revers de la médaille. Dans ma vie "d'aventurier", même si je ne l'évoque pas trop, il est aussi présent, et amère. Mon livre, Pèlerin Express, est le récit de mon beau voyage vers Saint-Jacques, réalisé en 2012. Si 2013 m'a fait sentir avec moins de dureté les aspects négatifs de ma vie en mouvement, ils demeurent et c'est vrai que j'ai souvent pensé à 2012. Une année si dure pour moi, sentimentalement, physiquement. Quelques traumatismes demeurent, et pas seulement des cicatrices sur les bras. Le revers de la médaille, le côté pile de ma belle vie de voyageur, c'est bien sûr la cage à lapin qui me sert vaguement de chez moi, le compte en banque incertain dû à une situation professionnelle objectivement assez précaire. Mais j'assume et si je ne sais pas de quoi l'avenir matériel sera fait, c'est le prix à payer pour ma liberté, sans doute, et ça peut peut-être s'améliorer. Mais à tous ceux qui, très gentiment, me disent de rêver d'une vie comme la mienne, je ne peux que leur signaler aussi cet inconfort en rebours. Et puis bien sûr il y a pire que l'incertitude du porte-monnaie (qui décide cela dit de la réalisation possible de mes projets, et à l'heure actuelle, à ce niveau là, je n'ai aucune certitude pour la suite de mon Trail World Tour en 2014). La solitude, pas que celle du coureur de fond, est aussi mon lot. On ne s'attache sans doute pas à une pierre qui roule, me dis je parfois, mais cette explication ne vaut pas tripette. Non, j'y vois souvent autre chose, de pire et de plus désespérant. Je n'ai pas encore la sagesse du moine et je ne veux pas de ce renoncement, je veux rester dans la vie, même en m'y sentant décalé, comme un voyageur de passage dans un pays inconnu.
D'un oeil un peu distrait, car la qualité de l'écran et du son sont terribles (question confort et qualité du service " entairtenment", la Turkish Airlines qui me ramène à Paris est la pire que j'ai expérimenté depuis l'aeroflot), je regarde Forrest Gump, un film que je regarde souvent quand il n'y a rien d'autre de proposé de correct dans un long courrier...j'aime bien ce film, un des meilleurs à mon sens du cinéma américain. Il y décrit le destin d'un coureur, d'un vrai. Forcément, d'un garçon décalé. Je suis certes très différent de ce personnage. Loin d'être débile mental. Mais "différent" tout de même. Car si la course à pied est aujourd'hui si populaire, si "tendance", je pense que les coureurs, les vrais, ceux qui ont ça dans le sang et qui se sont déplacés ainsi depuis leur plus jeune âge, sans jamais s'arrêter, seront toujours des hommes décalés, pas au même rythme que la foule. Pas le même rapport aux hommes, et encore moins aux femmes, que les autres. Pas le même rapport au monde. Je suis ainsi et je le sais, c'est la différence et ça me tourmente... Gump dit "je courais et je ne savais pas que ça m'amener ai quelque part". Moi si, mais je ne sais pas encore exactement où. 2014 m'apportera encore j'espère quelques indications sur la direction à suivre.
A tous, je vous souhaite de belles fêtes de fin d'année.