Rafale : vol pour le Brésil annulé !

C’est l’ιpilogue de 10 annιes de suspens… Alors que les plus brillants analystes tablaient sur un match final entre le F/A-18 de Boeing et Rafale de Dassault, mercredi 18 dιcembre 2013, le verdict a ιtι rendu lorsque Brasilia a publiι les conditions de nιgociations dιterminιes exclusivement entre la Force Aιrienne Brιsilenne (FAB) et le constructeur suιdois, Saab.
Ainsi, le Brιsil aura portι son choix dιfinitif sur le Gripen NG, version destinιe ΰ l’export, dotιe d’une avionique refondue et remotorisιe par le rιacteur F414G, plus performant et moins gourmand. Ce contrat, dont le montant est estimι ΰ prθs de 3 milliards d’euros, porte sur l’acquisition de 36 appareils, destinιs ΰ renouveler une partie de la FAB.
Par ailleurs, la consιquence directe de ce choix est sans appel : ce matin, ΰ l’ouverture de la Bourse de Paris, Dassault accuse le coup avec une action en net recul de prθs de 7%.
Soulignons que Gripen et Rafale sont radicalement diffιrents : leurs seuls points communs se rιsument ΰ une aile delta et des plans canards… Au premier coup d’œil le nιophyte remarquera que Gripen est mono-rιacteur et plus petit que le birιacteur Rafale. Outre le fait que Gripen dispose d’une capacitι d’emport de carburant moindre et de ce fait, d’un rayon d’action infιrieur, sa puissance et son agilitι sont largement en retrait par rapport au fleuron de Dassault. Sans entrer dans les dιtails trop techniques, en terme d’avionique et d’armement, Gripen dispose d’ιquipements d’origine ιtrangθre (notamment amιricains) qui sont nettement moins modernes que Rafale, et ce, mκme si ses dιtracteurs considθrent que la furtivitι qui lui fait dιfaut, doit κtre l’atout majeur d’un avion de combat au 21e siθcle. Ce dernier point est, bien entendu, un non-argument.
Que Brasilia ait arrκtι son choix sur le Gripen n’est donc pas stratιgique, mais purement ιconomique. En effet, le prix d’achat, les coϋts de mise en œuvre et d’entretien de l’appareil de Saab, sont les rares avantages par rapport ΰ Rafale, auquel s’ajoutent de trθs juteux accords de transfert de technologie entre Brasilia et le constructeur Suιdois.
Toujours d’un point de vue financier, l’actualitι Brιsilienne aurait dϋ mettre la puce ΰ l’oreille : rappelons que de faramineuses dιpenses, liιes ΰ la construction de stades pour la coupe du monde de football 2014, avaient massivement fait descendre le contribuable Brιsilien dans la rue. Ainsi, la Prιsidente du Brιsil, Dilma Rousseff, justifie le choix de Gripen comme ιtant celui de la raison et, ainsi, flatte l’ιlecteur dans le bon sens du bulletin. Prιcisons ιgalement que, pour son nouveau chasseur de combat, la Prιsidente ιtait, dθs le dιpart, hostile ΰ l’achat de Rafale, ΰ l’inverse de son prιdιcesseur, Luiz Inαcio Lula da Silva. Et la visite au Brιsil de Franηois Hollande, la semaine derniθre, notamment pour appuyer la candidature de Rafale, n’y aura rien changι…
Alors ? Va-t-on enfin le vendre ce Rafale ? Oui, peut-κtre bien : ce jeudi 19 dιcembre, interrogι ΰ propos de cet ιchec Brιsilien par Thomas Sotto sur Europe 1, notre ministre de la Dιfense, Jean-Yves Le Drian se dιclarait trθs confiant quant ΰ l’avenir Indien du fleuron de Dassault. Rappelons que les nιgociations entre le constructeur Franηais et New Delhi avancent ΰ grandes enjambιes et qu’un accord dιfinitif pourrait κtre signι avant la fin du premier trimestre 2014. Cet accord porterait sur l’achat de 126 appareils (voire 189) et lancerait enfin le compteur des ventes de Rafale et ce, de la plus belle des maniθres… 
Pour finir sur une note plus lιgθre et toujours sur Europe 1, Jean-Yves Le Drian a dιclarι qu’il allait « dιcevoir les Brιsiliens » et a rιvιlι que leur pays n’ιtait « pas la cible prioritaire de Dassault ».
Merci monsieur le Ministre. Voici les Brιsiliens « dιηus »… 1 partout !
Bastien Otelli – AeroMorning