Le Pape à Tucumán en 2016 ou la Coupe à Rome en 2013, c'est selon [Actu]

Publié le 19 décembre 2013 par Jyj9icx6

La délégation au grand complet et sur son 31 hier matin dans l'aube romaine

Comme on pouvait s'y attendre, toute la presse s'y est mise ce matin : San Lorenzo à toutes les sauces sur toutes les unes - sauf celle de Página/12 qui, en ces derniers jours avant Noël et sous la canicule, préfère mettre le paquet sur un projet de loi que le Gouvernement vient de déposer devant le Congrès pour une session extraordinaire cet été sur la pénalisation de la grève par les forces de l'ordre (voir mon article du 12 décembre 2013 sur les récents désordres entraînés par des mutineries policières dans plusieurs provinces).

Les Fiestas Negras (fêtes noires), c'est pour les coupures de courant.
La canicule génère trop de pression sur le réseau électrique et de nombreux foyers sont sans électricité.


Les trois autres titres nationaux, La Prensa, La Nación et Clarín, font sur leur première page une large place, en gros titres et en images, à l'audience accordée hier matin, avant et après l'audience générale place Saint-Pierre, par le Pape François à la délégation du Club Sportif San Lorenzo de Almagro qui a remporté un tournoi argentino-argentin et qui est venu offrir au Saint Père l'original de la coupe (eux en gardent une copie), trophée qui sera exposé dans un recoin des musées du Vatican avec tous les cadeaux offerts au Souverain Pontife. En plus de la coupe, les footeux ont offert à leur supporter favori les gants du gardien de but et un maillot, re-relooké. Le maillot avait déjà subi un relookage papal après le Conclave. Cette fois-ci, sous le nom du Pape, ils ont fait flocké un Campeon Torneo Inicial... Ils sont fous, ces saints ! (1). C'est d'ailleurs ce que, en les recevant hier matin et dans son habituel et savoureux lunfardo de gamin grandi à Flores, l'Evêque de Rome leur aurait dit : Ustedes están chiflados (vous êtes complètement cinglés, vous !).

En gros titre, la pénurie énergétique...


Il faut dire que, non contents de rappliquer à Rome au surlendemain de leur victoire, au lieu de partir en vacances ou de se contenter d'aller, à 70 km à l'ouest de Buenos Aires, rendre grâce à la Vierge de Luján, selon une habitude séculaire après chaque titre, nos amis les Cuervos ont fait fort avec la conférence de presse qu'ils ont tenue après l'audience générale, dans les locaux de l'Académie Pontificale des Sciences. Ils ont en effet annoncé que le Pape se rendrait en Argentine en 2016. Il ira présider le Congrès Eucharistique national à l'invitation de l'archevêque de Tucumán, Monseigneur Alfredo Zecca... Cela ne vous dit rien, le Congrès de Tucumán ?
On est nul en histoire de l'Argentine, nous, en Europe !
Je vous explique : le 9 juillet 1816, le Congrès de Tucumán (Congreso de Tucumán) a déclaré -rien que ça!- l'indépendance des Provinces Unies du Sud, qui allaient, plus de trente ans après, prendre le nom qu'on leur connaît aujourd'hui : République argentine... Après les grandes festivités de 2010, le Bicentenaire se clôturera donc en 2016 sur une autre grande programmation festive et patriotique autour du 9 de Julio (comme l'avenue, oui, oui, et à Buenos Aires ce sera en plus sur l'avenue !). Regardez toutes ces unes de quotidien : les journalistes s'amusent comme des petits fous et s'excitent tous seuls comme des grands...

Le photo du Pape est encadré par deux titres.
En haut un scandale de corruption autour des Kirchner
En bas, les problèmes d'électricité dus à la vague de chaleur sur le pays


Pour le moment, l'annonce n'a en effet pas été réellement confirmée par le Vatican. Elle l'a été en revanche par un message Twitter de l'Académie Pontificale qui est elle-même dirigée par un évêque de nationalité argentine. Toutefois cette date de 2016 a bien été prononcée il y a déjà plusieurs mois par le Pape lui-même comme la plus vraisemblable pour un nouveau voyage en Amérique du Sud, après Rio. La référence historique est trop belle pour que les journaux n'en fassent pas leurs choux gras, d'autant qu'il est vraiment peu probable qu'un prélat romain en parle à la légère et que Marcelo Tinelli, qui a pris en main la relation avec ses confrères de la presse pendant tout ce déplacement (qui n'a pas l'air trop improvisé), y soit allé de sa fantaisie sur le sujet. On voit mal comment ce bonhomme-là, avec son profil de Vice-président du San Lorenzo et de vedette du petit écran (façon "gendre idéal"), s'amuserait à raconter des bobards de cet acabit (il risque sa crédibilité et sa popularité personnelles et celles du Club dont il est le dirigeant le plus en vue). Donc la presse peut tenir l'info pour officielle... Página/12 va plus loin dans l'exploitation du filon en insinuant que Monseigneur Zecca lui-même aurait appris la nouvelle à travers la fuite organisée à l'occasion de la conférence de presse lorenziste.
Pour aller plus loin : sur le voyage du Pape en Argentine en 2016 voir l'article de Página/12 voir l'article de Clarín sur l'audience avec la délégation du CASLA (Club Atlético San Lorenzo de Almagro) voir l'article de Página/12 voir l'article de Clarín Les deux titres continuent donc leur lutte confraternelle, avec croche-patte et marquage à la culotte.
Dans les deux autres titres, les deux informations sont traitées dans un seul article. Voir l'article de La Nación Voir l'article de La Prensa.
(1) Les membres du Club Sportif San Lorenzo ont de nombreux surnoms : los santos, los cuervos sont ceux que j'utilise aujourd'hui. Cette abondance est bien utile pour un rédacteur francophone qui veut éviter les répétitions (interdites en français, mais tout à fait permises en espagnol).