Recrutement : l'utilisation des réseaux sociaux crée des risques pour les entreprises

Publié le 19 décembre 2013 par Pnordey @latelier

La pratique est courante, si ce n'est systématique : les professionnels du recrutement depuis quelques années ont pris l'habitude, dans certains cas, d'utiliser les informations présentes sur les réseaux sociaux. Et cette utilisation se comprend aisément, à travers les informations partagées sur les profils personnels des individus, les recruteurs peuvent mieux cerner le candidat, notamment sur des critères subjectifs comme le savoir vivre ou le respect des institutions. Cependant, si ces informations peuvent en réalité desservir les recruteurs, les profils personnels n'étant en aucun cas des sources d'informations sûres, une récente étude montre que les risques sont aussi plus largement liés à l'image publique de l'entreprise, risques qui pourraient même se transformer en poursuites judiciaires dans certains cas. Une équipe de chercheurs de l'Université de Caroline du Nord, menée par William Stoughton, s'est ainsi intéressée aux réactions des candidats devant ce profilage s'appuyant sur les réseaux sociaux.

Une réaction forte et homogène

Les chercheurs américains ont ainsi séparés les potentiels candidats en deux groupes. Dans le premier, ils ont examiné les réactions devant un processus de recrutement comportant ouvertement une vérification des contenus publiés sur les réseaux sociaux, et de l'autre un groupe notant leur expérience sur une simulation de recrutement impliquant les réseaux sociaux. Les résultats ont ainsi démontré que les individus, confrontés à l'utilisation de leurs informations personnelles, et ce même si celles-ci sont disponibles sur un site public, réagissaient d'une manière extrêmement négative au procédé. L'équipe menée par William Stoughton a ainsi fait émerger une conséquence importante pour l'entreprise. Dans la majorité des cas étudiés, les candidats, qu'on leur ait ou non offert le poste, ressentent l'utilisation de ces informations comme une intrusion dans leur vie privée. Certains des participants admettent même préférer choisir de ne pas candidater si l'entreprise est reconnue comme utilisant le filtrage par réseaux sociaux. Certains d'entre eux considèrent même, si le choix leur était donné, de poursuivre l'entreprise en justice.

Une pratique contre-productive

Plutôt qu'un enjeu d'efficacité du recrutement, c'est ainsi l'image de l'entreprise qui est en jeu dans cette pratique. "Le filtrage par réseau social des candidats pourrait réduire de beaucoup l'attractivité d'une organisation durant les différentes phases de sélection, particulièrement si tous les possibles candidats savent ou suspectent que l'organisation utilise de telles pratiques." explique William Stoughton. De même, au sein de l'entreprise, il apparaît que les candidats ayant été sélectionnés par des méthodes non officielles, s'ils en sont conscients, ont tendance à exprimer des comportements non professionnels au sein de leur travail, notamment par une performance faible. En supprimant ce qui apparaît comme les règles du jeu, la structure de travail semble d'autant fragilisée pour les employés. Pour ce qui est du rapport de l'entreprise au public, les très fortes réactions enregistrées par l'équipe américaine semble indiquer qu'une entreprise reconnue comme utilisant ce type d'outil verrait son image se déliter, aussi bien auprès des clients que des potentiels employés.