Dans la saison des prix littéraires, il y a les grands prix. Ils font du bruit comme la formule 1. Connus de tous, ils assurent les tirages joufflus à l’éditeur et une rente de notoriété à l’auteur. Une flopée de petits prix succède entre novembre et janvier aux locomotives des prix d'automne. C'est le cas du Prix Jean Zay. Créé en 2005 à l’occasion de la célébration du centenaire de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat, il est attribué chaque année, le 7 décembre. Il est symboliquement doté d’un chèque de 1905 €, en référence à l’année de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, étape fondatrice dans l’établissement des valeurs républicaines.
Dénoncer la militarisation de la société algérienne et le totalitarisme religieux, c’est se mettre à dos la galaxie des bien-pensants. Le Prix Jean Zay à Boualem Sansal est une double bonne nouvelle. Elle honore un écrivain algérien à la plume vive et à l’inspiration singulière. Elle exprime le besoin de laïcité, comme valeur au caractère universel des sociétés multiculturelles. Son projet est de renvoyer la religion dans la sphère privée. L’ouvrage de Boualem Sansal est dans la même ligne que Sortir de la malédiction. L’Islam entre civilisation et barbarie (2008) d’Abdelwahab Medded qui dénonce les incohérences entre la charia et la tradition juridique européenne. Il n’est pas courant, dans le contexte actuel, de rencontrer des informations qui défendent le modèle de la laïcité à la française.