La deuxième nouvelle prolonge la première et lui donne son sens dans un petit livre luxueusement illustré par Kat Menschik. Dans sa jeunesse, le narrateur a attaqué une boulangerie mais le maître des lieux a offert le pain contre l’écoute de Wagner. Plus tard, marié, racontant cette histoire à son épouse, il est entraîné par celle-ci dans une nouvelle opération destinée à terminer ce qui avait à moitié échoué. C’est drôle et poétique, digne de Murakami.
Deux ans après le Titanic, un autre paquebot coule. Une quarantaine de passagers se retrouvent sur une chaloupe trop petite pour eux. Sous le commandement avisé mais dictatorial d’un officier, la vie s’organise. La mort aussi, jusqu’à la révolte des femmes et, après 21 jours de dérive, le sauvetage des rescapés. Ensuite, il faudra rendre des comptes et peser les responsabilités, devant un tribunal. Un huis clos saisissant qui brasse des thèmes multiples.
Dans le désert de Sonora, le pire devrait être la soif, les températures et les bêtes sauvages. Les hommes sont pourtant capables d’être plus dangereux encore quand ils ont à leur tête un gourou complètement allumé, calqué sur le « modèle » de Charles Manson. Maud Tabachnik installe la terreur en grand et dans le détail. Elle trouve aussi chez quelques personnages plus positifs les moyens de lutter contre le mal absolu. Et tant pis si les moyens de cette lutte ne sont pas très orthodoxes.
Paru il y a plus d’un demi-siècle, en 1956, le premier roman de Guy Vaes a laissé dans la littérature de Belgique une trace aussi profonde et durable que l’impact d’une météorite. Laurent Carteras y subit un effacement progressif au fur et à mesure qu’il rencontre des gens qui ne le reconnaissent pas. Le récit importe moins que les impressions, posées couche après couche par une langue poétique et déliée, sans effets superflus et d’autant plus efficace. Chaque phrase « sonne » juste.
Couronnée cette année par le Prix Nobel de littérature, Alice Munro ouvre ce recueil par la nouvelle qui lui donne son titre. La construction, faite de niveaux de narration emboîtés naturellement les uns dans les autres, est digne d’un gros roman. Mais la nouvelliste se contente de quelques dizaines de pages pour montrer le désarroi de ses personnages souvent féminins. Ainsi que leur manière de le surmonter, tant bien que mal, avec les moyens du bord.