Les meilleures choses ont une fin, mon choix de livres au format de poche aussi. Comme il a été publié ici sans hiérarchie, simplement dans l'ordre chronologique des lectures (ce qui correspond à peu près à celui des parutions), tout est bon à mes yeux dans les sept parties de la sélection. Dont voici la dernière.
Haruki Murakami, Les attaques de la boulangerie
La deuxième nouvelle
prolonge la première et lui donne son sens dans un petit livre luxueusement
illustré par Kat Menschik. Dans sa jeunesse, le narrateur a attaqué une
boulangerie mais le maître des lieux a offert le pain contre l’écoute de
Wagner. Plus tard, marié, racontant cette histoire à son épouse, il est
entraîné par celle-ci dans une nouvelle opération destinée à terminer ce qui
avait à moitié échoué. C’est drôle et poétique, digne de Murakami.
Charlotte Rogan, Les accusées
Deux ans après le Titanic, un autre paquebot coule. Une
quarantaine de passagers se retrouvent sur une chaloupe trop petite pour eux.
Sous le commandement avisé mais dictatorial d’un officier, la vie s’organise.
La mort aussi, jusqu’à la révolte des femmes et, après 21 jours de dérive, le
sauvetage des rescapés. Ensuite, il faudra rendre des comptes et peser les
responsabilités, devant un tribunal. Un huis clos saisissant qui brasse des
thèmes multiples.
Maud Tabachnik, Désert barbare
Dans le désert de Sonora,
le pire devrait être la soif, les températures et les bêtes sauvages. Les
hommes sont pourtant capables d’être plus dangereux encore quand ils ont à leur
tête un gourou complètement allumé, calqué sur le « modèle » de Charles
Manson. Maud Tabachnik installe la terreur en grand et dans le détail. Elle
trouve aussi chez quelques personnages plus positifs les moyens de lutter
contre le mal absolu. Et tant pis si les moyens de cette lutte ne sont pas très
orthodoxes.
Guy Vaes, Octobre long dimanche
Paru il y a plus d’un
demi-siècle, en 1956, le premier roman de Guy Vaes a laissé dans la littérature
de Belgique une trace aussi profonde et durable que l’impact d’une météorite.
Laurent Carteras y subit un effacement progressif au fur et à mesure qu’il
rencontre des gens qui ne le reconnaissent pas. Le récit importe moins que les
impressions, posées couche après couche par une langue poétique et déliée, sans
effets superflus et d’autant plus efficace. Chaque phrase « sonne »
juste.
Alice Munro, Amie de ma jeunesse
Couronnée cette année par
le Prix Nobel de littérature, Alice Munro ouvre ce recueil par la nouvelle qui
lui donne son titre. La construction, faite de niveaux de narration emboîtés
naturellement les uns dans les autres, est digne d’un gros roman. Mais la
nouvelliste se contente de quelques dizaines de pages pour montrer le désarroi
de ses personnages souvent féminins. Ainsi que leur manière de le surmonter,
tant bien que mal, avec les moyens du bord.