Comprendre le monde aujourd'hui avec Karl Marx : 3 manuscrits de 1844

Par Sergeuleski

  

   Les trois manuscrits de 1844 sont les premiers écrits de Marx qui abordent l’économie politique – cette science du malheur.


A propos de l’économie, Marx ne cessera, en humaniste qu’il était,  de poser la question suivante : « Que fait-elle de l’homme ? » ; et plus encore : « Que fait-elle à l’homme ? » Il sera le premier des économistes à le faire, tout en prenant soin de dénoncer sans relâche une économie politique qui, jusqu’alors, refusait de reconnaître l’aliénation dans le travail, ne voyant dans l’ouvrier, tout comme son employeur qui l’exploite sans vergogne, qu’une bête de somme.

"L’inhumanité" des économistes aussi avérée vient du fait qu’ils travaillent une réalité économique considérée comme un absolu ; or, on ne critique pas un absolu. Aussi, aux yeux des économistes, seul importe l’évidence de ce qui nous est donné, la science économique se condamnant, par voie de conséquence,  à n’être jamais qu’une phénoménologie d’une réalité aliénée.

Pour l’économiste sans conscience,  dans son discours idéologique, l’homme devient ce qu’il est dans la réalité de la société bourgeoise ; et rien d’autre.

Et Marx d’opposer à cette paresse et à cette lâcheté de la pensée un verdict sans appel : « La communauté dont l’ouvrier est isolé est une communauté bien plus considérable que la communauté politique. La communauté dont l’isole son propre travail est sa vie même… la moralité humaine, l’activité humaine, les plaisirs humains, en un mot : tout l’être humain. »

La classe ouvrière, sa condition plus encore, incarnera aux yeux de Marx «la perte totale de l’homme ».

   Plus aucun doute n’est alors permis : le marxisme est bel et bien un humanisme d’une force d’analyse compassionnelle sans précédent.