Encore une histoire nostalgique…
Cette fois-ci, on fait un bond dans le temps, il s’agit de la fin de mon adolescence. Une amie me file une vieille cassette sans étiquette : “tu vas voir, c’est génial, c’est un chanteur russe qui est mort”.
Le premier morceau que j’entends, dans ma chambre bunker, c’est celui-là.
Choc. Le chant, cette voix rugueuse, le rythme désuet, pauvre ou du moins minimaliste, comme celui qu’on entendrait dans un bal de campagne, avec le jeu pourtant subtil des deux guitares et la caresse sucrée du violon, puis la voix encore, le crescendo de la puissance qui devient quasiment cri à la fin du morceau.
Je n’ai aucune idée de ce dont parle la chanson, du titre et longtemps j’ai à peine su prononcer le nom de l’interprète. Mais comme on dit, la musique parle malgré la barrière des langues. On sent bien qu’il ne vous raconte pas la liste de ses dernières courses. Il y a donc le frisson qui vient. Je trouve un Tom Waits soviétique, avec la théâtralité de Brel. Après j’ai connu davantage de choses sur l’homme, dernier mari de Marina Vlady, ça a éclairé deux trois choses, mais rien ne me parle plus que les premières notes de ce morceau, à chaque fois que je les rejoue, sur mon ordinateur sophistiqué aujourd’hui (où est cette cassette ?).
Hier, j’ai quand même retrouvé une traduction des paroles ; croyez-le ou pas, je me doutais du ton, du mélange d’humour et de désespoir.
Sommeillant, je vois la nuit Des crimes lourds où l’on saigne Pauvre moi, pauvre de moi, L’outre est pleine à craquer Au matin comme il est âcre Le goût du vin maudit Va, dépenser tout mon crédit Car j’aurai soif aujourd’hui Rien ne va, plus rien ne va Pour vivre comme un homme, un homme droit Plus rien ne va Pour vivre comme un homme droit Dans tous le cabarets sans fond Où je m’enterre chaque nuit Je suis l’empereur des bouffons Le frère de n’importe qui Je vais vomir mon repentir Au pied des tabernacles Mais comment prier dans la fumée De l’encens des diacres Et comme un vieux loup dans les bois En fuyant le pire Je suis resté tout seul avec moi Près des montagnes où l’on respire C’est là, que je voulais trouver Un air nouveau sur un sommet plus haut... Mais, Qui reconnaît de loin Un sapin d’un autre sapin? Rien ne va, plus rien ne va Pour vivre comme un homme, un homme droit Plus rien ne va Pour vivre comme un homme droit Loin de tout manège je suis ma vie En laissant ma trace dans la neige Pour qu’il me retrouve l’ami qui me suit Loin de tout cortège Ah, venez, levez-vous, venez par ici devant et derrière Nous n’avons que faux amis, Faux amours, faux frères Vois-tu les sorcières ici ou là Dans la forêt qui bouge Vois-tu le bourreau tout là-bas Avec son habit rouge Plus rien ne va ici déjà Sur nos chemins de terre Mais j’ai bien peur que l’au-delà Ressemble à un enfer Rien ne va, plus rien ne va Pour vivre comme un homme, un homme droit Plus rien ne va Pour vivre comme un homme droit
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