Cette soirée du 12 Décembre était une soirée normale à Bordeaux, puisque deux concerts se jouaient simultanément aux deux côtés de la ville (Motorama et Garciaphone d’un côté, Birdy Hunt et ATOM de l’autre) et qu’il fallait donc faire un choix. Mais plutôt que de rejouer une tragédie grecque, Rocknfool s’est dédoublé et a dépêché deux envoyés très spéciaux pour couvrir l’événement : The Jeremies.
Ouais, bon, dit comme ça, c’est clair qu’on se demande si on n’a pas plutôt affaire à un vieux groupe de reprises de Frank Alamo. Mais que nenni, The Jeremies, c’est d’abord Jérémy et puis c’est Jérémie (vous auriez quand même pu vous accorder sur l’orthographe les gars !). L’un béarnais, l’autre médocain. L’un dans la force de l’âge, l’autre vif comme un gardon. L’un rouge, l’autre bleu. Ils ne se connaissent pas, mais leurs esprits se sont joints dans cette communion nouvelle qu’est le tout jeune rendez-vous des Boot’live Sessions. Chaque mois, au Bootleg, deux groupes viendront défendre les couleurs de cette scène pop-rock française, qui se révèle être digne du plus grand intérêt.
Assez de présentations, passons aux choses sérieuses : non pas un mais DEUX live report ! Allez, c’est Noël, c’est cadeau.
Jérémy :
Bootleg, environ 30 personnes malgré un plateau découverte de qualité. Une froide soirée automnale, une soirée planifiée à la hâte, à Bordeaux … Ca ne fait pas bon ménage tout ça ! Pour le coup, le concept des Boot’live Sessions a bien pris, car je ne connaissais pas du tout ni le groupe bordelais ATOM, ni les parisiens survoltés de Birdy Hunt. Soirée dépucelage du Bootleg pour ma part. Et bien je ne regrette pas ! Une ambiance garage (pas de cave donc un son amplement meilleur que les salles troglodytes bordelaises). De face, le son rend bien, pas trop fort, pas de résidus sonores typiques des salles de concerts confinées.
C’est ATOM qui ouvre le bal ce soir là. Quatre jeunes bordelais (je ne leur donne pas plus de 20 ans) qui font leurs gammes à l’IREM, l’école de musique jouxtant le Bootleg. C’est frais, local, simple et efficace. Du noise rock qui fait dodeliner les têtes des membres de la famille et des amis venus voir jouer leurs protégés. Derrière les toms ça tape fort et juste, qui plus est avec une bonne descente (de tom, pas de bière !). La voix du chanteur m’a particulièrement marqué. Un joli timbre, grave et qui s’allierait très bien avec un son plus shoegaze… Le rendu général de ce groupe juvénile me rappelle étrangement les débuts du tout prometteur groupe bordelais Be Quiet, 20 ans de moyenne d’âge également, qui écume actuellement les pages web des Inrocks et les salles de l’Hexagone. Il reste encore du travail à fournir à ATOM pour arriver à un son aussi marqué que celui des Be Quiet, mais il y a cette fraîcheur et cette justesse technique qui fait que l’atome pourrait bien évoluer ces prochaines années …
Birdy Hunt en quelques mots alors qu’ils mériteraient bien plus. Par où commencer ? Cinq parisiens typiquement parisiens. Mais une énergie, quelle énergie. On est loin des clichés sur les groupes parisiens ! Un vrai souffle de bonne humeur. Ça saute partout, le chanteur est en perpétuel mouvement tel un oiseau poursuivi par un prédateur, derrière la batterie ça joue debout, ça cogne sec et ça harangue la "foule". Bref, un concentré d’énergie suivi d’un son tout aussi dynamique. Ils passent sans soucis du surf rock à la pop en passant par l’électro rock, on se retrouve pris dans un tambour de machine à laver à pleine puissance pendant plus d’une heure. Impossible de savoir vraiment quelle est l’influence générale du groupe et ça fait du bien ! Chaque musicien est pris par chaque son de son instrument, qui plus est il semble y avoir une réelle cohésion d’ensemble et une très bonne relation au public qui se retrouve très souvent sollicité. Un petit bémol purement personnel, je n’ai pas trop aimé la reprise du morceau «Hey Ya» d’Outkast malgré l’énergie démontrée, trop brouillonne, mais cela n’enlève rien au fait que Birdy Hunt est un groupe qui fait du bien aux oreilles et au moral. A découvrir absolument dans une plus grande salle, voire en festival d’été pour une vraie claque.
P.S. : j’irai sans hésiter à la prochaine édition, en espérant que cette fois-ci la communication sur l’évènement sera plus boostée car selon moi ce genre d’artistes méritent beaucoup mieux que 30 personnes.
Jérémie :
En arrivant devant le Boolteg, vers 20h30, heure prévue pour le début du concert, j’ai rapidement senti cette odeur pestilentielle : la Défaite.
Personne, non sans rire, j’aperçois 3 groupes de 5 personnes qui attendent devant la boîte encore fermée. Je me rend vite compte que les gars d’ATOM attendent devant avec nous… La salle risque d’être peu remplie.
Entrée dans la boîte, première bière, vingt-cinq personnes dans le public à tout casser, le chanteur monte sur scène avec le batteur, sans un mot. Des poils, des tatouages, des bottes en cuir, un pull bien large,casquette à l’envers, un vrai groupe de rock. De l’instrumental en guise d’entrée en matière : puissant, la tête bouge toute seule. Et là, le choc : le chanteur ouvre la bouche et je repense à ce que j’ai entendu de leur EP sur internet. Sa voix est beaucoup plus belle en live que sur les versions studio, et même si la salle ressemble à un saloon après une fusillade, l’énergie y est. Fin de la 3ème chanson je suis conquis … « Salut, nous c’est ATOM, mais vous l’avez probablement compris ». La suite du concert se passe, plutôt bien d’ailleurs. De la puissance et de l’énergie jusqu’au bout. Ma tête ne s’est toujours pas arrêtée de bouger. Après une heure de concert et un rappel, je réussis à papoter avec les gars du groupe : « On allait pas arriver en disant salut, passez une bonne soirée, on va jouer 45 minutes et se barrer ». Juste le temps d’acheter leur EP Distance, et le deuxième groupe montait déjà sur scène.
J’ai adoré ATOM, mais maintenant place à Birdy Hunt qui était annoncé sur l’affiche avec une formulation du type « Garage, Surf, Rock, Chépakoi, …». Arrivée sur scène, tatouages, encore tatouages, chemise colorée, bottes, coupe afro de l’espace, là encore un vrai groupe de rock. J’avais peur d’être déçu par le style de musique annoncé sur l’affiche parce qu’on se retrouve pile dans ce que j’aime vraiment. Je me rends rapidement compte que le groupe est au dessus, bien au dessus de mes attentes. Des sonorités qui rappellent La Femme et qui partent à tout moment avec la puissance d’un bon morceau de The Clash. Tout y est, le son pique juste assez les oreilles pour que le corps commence à onduler. A ce moment de la soirée, je suis dedans. « Est-ce qu’ils sont réellement en train de reprendre "Hey Ya !" d’Outkast ?! ». C’est bel et bien ce qu’ils étaient en train de faire et ils le faisaient bien ! (Je vous invite d’ailleurs à aller voir une version live à Rock en Seine qui représente assez bien ce que j’ai vécu Jeudi soir). « I can’t stay away from you », c’est pas le titre de la chanson, c’est juste ce que j’ai compris des paroles de la chanson suivante. Plus de t-shirt pour le chanteur qui est maintenant au milieu du public peu nombreux mais bien motivé. Sa voix est vraiment cool et le style maîtrisé : des sonorités rock 70′s aux sons actuels, tout est juste, tout est précis. Après l’heure intense de concert je ressors, des étoiles dans les oreilles. Cette soirée restera une magnifique surprise, en attendant avec impatience la prochaine Boot’Live Session et le retour sur la scène bordelaise de Birdy Hunt tout comme d’ATOM.